10e division parachutiste

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10e division parachutiste
Image illustrative de l’article 10e division parachutiste
Insigne de bras de la 10e DP

Création 1956
Dissolution 1961
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de Terre
Type Division parachutiste
Rôle Infanterie
Composée de 1er REP
2e RPC
3e RPC
6e RPC
1er RCP
9e RCP (a/c avril 1960)
13e RDP
20e GAP
Guerres Guerre d'Algérie
Batailles Bataille d'Alger
Commandant historique Général Massu

La 10e division parachutiste (10e DP) est une ancienne unité de l'armée de terre française, à dominante infanterie, composée de troupes aéroportées et spécialisée dans le combat aéroporté et l'assaut par air. Constituée en 1956, elle interviendra principalement lors de l'expédition de Suez en Égypte et lors de la guerre d'Algérie. Elle est dissoute en 1961 à la suite du putsch des généraux.

Création et différentes dénominations[modifier | modifier le code]

  •  : création à partir du GPI (groupement parachutiste d’intervention) de la 10e division parachutiste[1].
  •  : dissolution de l'unité.

À l'issue du putsch des généraux en Algérie () , les 10e et 25e divisions parachutistes sont dissoutes et forment, le , avec la 11e division d'infanterie (11e DI), la 11e division légère d'intervention (11e DLI)[2] qui deviendra plus tard la 11e brigade parachutiste (11e BP).

Historique des garnisons, campagnes et batailles[modifier | modifier le code]

La 10e DP intervient en Afrique du Nord pendant la guerre d'Algérie, notamment durant la bataille d'Alger (1957) et lors de l'expédition sur le canal de Suez (1956) en Égypte.

Constitutions successives[modifier | modifier le code]

Le , la 10e division parachutiste est créée à partir des unités du GPI et ne comprend alors que 4 régiments d'infanterie parachutiste :

Organigramme de la 10e DP le
  • Éléments organiques et de soutien :
    • 60e compagnie de quartier général (60e CGQ)
    • 60e compagnie de transmission (60e CT)
    • Peloton ALAT
    • Groupe de transport 507 (GT 507)
    • 60e compagnie de génie aéroporté (60e CGAP)
    • 60e compagnie de réparation divisionnaire (60e CRD)
    • 405e compagnie médicale (405e CM)
    • 60e SRI
  • Infanterie parachutiste:
    • 1er REP (1er régiment étranger de parachutistes)
    • 1er RCP (1er régiment de chasseurs parachutistes)
    • 2e RPC (2e régiment de parachutistes coloniaux)
    • 3e RPC (3e régiment de parachutistes coloniaux)
  • Artillerie parachutiste

Au cours du temps la division subit des remaniements et de nouvelles unités viennent grossir ses rangs :

Le , les régiments de parachutistes coloniaux (RPC) changent d'appellation et deviennent des régiments parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) tout en conservant leur numéro d’ordre.

Opération Mousquetaire[modifier | modifier le code]

À peine constituée, la 10e DP est désignée pour intervenir lors de l'opération Mousquetaire dans le cadre de la crise du canal de Suez avec la 7e division mécanique rapide.

Pour cette opération, la division est renforcée et atteint un effectif de 8 300 hommes[5] :

L'opération aéroportée débute le avec le largage du 2e RPC[6]. À 7h30, 487 hommes conduits par le colonel Château-Jobert sautent sur Port-Saïd (drop zone no 5) puis, à 15h15, les 503 parachutistes du lieutenant-colonel Fossey-François sont à leur tour largués sur Port-Fouad (drop zone no 6).

Le lendemain, une opération amphibie vient compléter l'attaque et voit le débarquement du 1er REP sur les deux localités[7].

L'intervention militaire est un succès, mais sous la pression internationale, la France et le Royaume-Uni sont contraintes d'évacuer l’Égypte le .

Bataille d'Alger et pratique de la torture[modifier | modifier le code]

À la suite de la vague d'attentats terroristes à Alger qui font de nombreuses victimes civiles[8], Robert Lacoste, le ministre résident en Algérie, confie en au général Massu la totalité des pouvoirs de police dans la zone d'Alger. Les parachutistes perquisitionnent, arrêtent et interrogent. Grâce au renseignement et surtout au recours systématique à la torture, Massu prend l'avantage. En , le FLN d'Alger est moribond et les attentats réduits à néant[9].,

Des officiers de la 10e DP sont mis en cause par Henri Alleg comme étant ceux qui ont pratiqué la torture sur lui et Maurice Audin. Dans La question, Henri Alleg fait dire à l'un de ces officiers : « Tu vas parler ! Tout le monde doit parler ici ! On a fait la guerre en Indochine, ça nous a servi pour vous connaître. Ici, c'est la Gestapo ! Tu connais la Gestapo ? Puis, ironique : Tu as fait des articles sur les tortures, hein, salaud ! Eh bien ! maintenant, c'est la 10e DP qui les fait sur toi[10],[11]. »

Cette affirmation du caractère systématique des actes de torture, largement diffusée par le Parti communiste[12], est combattue par des militaires qui ont combattu en Algérie. Pour le colonel Godard, l'un des acteurs de la bataille d'Alger, « forcer les aveux d'un porteur de bombe ou d'un lanceur de grenades est contraire à la tradition militaire »[13]. De même, Hélie de Saint Marc, déporté et ancien chef de corps par intérim du 1er REP, à la question « peut-on parler d'un usage général de la torture ? » répond : « Certainement pas » et de continuer « Je ne crois pas que l'on puisse dire que ces méthodes aient été institutionnalisées »[14].

Mais le général Massu lui-même, en 2000, lors d'un entretien donné au quotidien Le Monde du , déclare que « le principe de la torture était accepté ; cette action, assurément répréhensible, était couverte, voire ordonnée, par les autorités civiles, qui étaient parfaitement au courant ». Il ajoute : « J'ai dit et reconnu que la torture avait été généralisée en Algérie (...) On aurait dû faire autrement, c'est surtout à cela que je pense. Mais quoi, comment? Je ne sais pas. Il aurait fallu chercher ; tenter de trouver. On n'a malheureusement pas réussi, ni Salan, ni Allard, ni moi, ni personne. ».

Le général Aussaresses dans son ouvrage Services spéciaux : Algérie 1955-1957 paru en 2001 reconnait avoir pratiqué la torture en Algérie, la jugeant même légitime[15],[16]. Dans ce même ouvrage, il précise avoir donné l'ordre à ses hommes de tuer le militant et combattant Larbi Ben M'hidi et l'avocat et militant algérien Ali Boumendjel, leurs morts étant ensuite maquillées en suicide.

La division intervient également dans la disparition de Slimane Asselah[17].

Opération Jumelles[modifier | modifier le code]

L'opération Jumelles est une opération militaire menée par l'armée française durant la guerre d'Algérie contre la wilaya III dans le cadre du plan Challe. Elle se déroule du au . L'armée française mobilise 60 000 hommes dont la demi-brigade de fusiliers marins (DBFM), le 5e régiment étranger d'infanterie (REI), la 10e Division de parachutistes (DP), des avions et des hélicoptères et l'appui des services de renseignements du 2e bureau, afin de ratisser la wilaya et d'éradiquer totalement l'ALN par des combats continus. Un des artisans du succès de cette opération Jumelles fut le capitaine Georges Catala chef du B2 "Opération-Renseignement" de la 10e DP (ancien commandant du 2e escadron du 13 RDP en 1958 basé à Tamda).

Bataille des Frontières[modifier | modifier le code]

Trois des cinq régiments d'infanterie parachutiste de la division (1er RCP, 1er REP et 3e RPC), participent de janvier à , à la bataille des Frontières qui permet d'enrayer l'aide accordée au FLN par la Tunisie qui vient d'accéder à son indépendance.

Pour ce faire, le général Salan, commandant supérieur en Algérie, confie cinq régiments parachutistes au général Vanuxem qui commande la zone est-constantinois (ZEC). Durant 5 mois, ces unités vont intercepter les bandes rebelles qui ont réussi à franchir le barrage électrifié de la ligne Challe. Les pertes de l'ALN sont estimées à 3 320 hommes et 2 240 armes ont été récupérées pendant la bataille[18].

Putsch des généraux[modifier | modifier le code]

Pendant le putsch des généraux, le , des éléments de la 10e DP, unité réputée « très proche de la population algéroise »[19], se rallie aux putschistes (à l'exception du 3e RPIMA du lieutenant-colonel Guy Le Borgne[20]). Comme dans la majorité des unités d'Algérie, le ralliement n'est pas sans ambiguïté, et l'attitude des officiers souvent expectative[21]. La position du chef du corps, le général Saint Hillier est tout en clair-obscur[22] : dans un premier temps arrêté et remplacé à la tête de la division par le colonel Ceccaldi, il est rapidement libéré et cherche à reprendre son commandement sans pour autant approuver les putschistes[23].

À l'issue du putsch, les trois divisions de réserve (10e DP, 25e DP et 11e DI) sont dissoutes, et forment le la 11e DLI et trois brigades de réserve générale, une pour chacun des trois corps d'Algérie[2], qui sont des unités mixtes où coexistent parachutistes et troupes d'infanterie[24].

Le 1er REP, seule unité de la division sanctionnée à l'issue du putch, est dissous le et ses effectifs sont principalement affectés au 1er RE

Chefs de corps[modifier | modifier le code]

  • 1956 - 1959 : général Massu ( au ).
  • 1959 - 1960 : général Gracieux (jusqu'au ).
  • 1960 - 1961 : général Saint-Hillier (jusqu'au ).

Insigne: Rectangle parti de 3 couleurs (les bérets) portant en cœur un aigle plongeant noir.

Faits d'armes[modifier | modifier le code]

Brigadier Claude Berard, de 1958 à 1960, PMAH commandé par le capitaine Jean Gervais, groupement parachutiste d'intervention, équipage "Charly" :

« Notre groupement était rattaché à la division la plus opérationnelle d'Algérie. En seulement cinq ans nos équipages ont gagné 79 situations. Cette efficacité n'était pas due au nombre puisque nous étions environ 60 hommes. Les postes n'étaient donc pas bien définis. Il était pour nous difficile de résister mais je continuais à me porter volontaire pour les missions. Je me rappelle avoir gardé un avion dans les gorges de Palestro à la suite du crash d'un L18. Les gorges étaient un endroit très risqué et nous n'étions que deux. Mais l'opération qui était sûrement la plus risquée est celle d'un transfert d'une citerne d'essence de 2 500 l de la Reghaia jusqu'à Médéa en passant par les gorges de la Chiffa. Nous étions deux : le chauffeur et moi. Nous n'avions pas d'escorte, nous ne pensions pas revenir à notre base en vie, et pourtant nous avons réussi. Ces deux exemples ne sont qu'une infime partie de tout ce que notre peloton a pu faire. »

Personnalités ayant servi au sein de l'unité[modifier | modifier le code]

  • Général Massu, commandant de la division
  • Lieutenant-colonel Bigeard, chef de corps du 3e RPC
  • Lieutenant-colonel Mayer, chef de corps du 1er RCP
  • Lieutenant-colonel Jeanpierre, chef de corps du 1er REP, tué au combat à la tête du régiment le près de Guelma.
  • Commandant Hélie de Saint Marc, commandant en second du 1er REP
  • Colonel Château-Jobert, chef de corps du 2e RPC.
  • Jean-Marie Le Pen, sert quelques mois au 1er REP comme lieutenant de réserve rappelé, pendant l'intervention franco-britannique à Suez, en , et une partie de la bataille d'Alger.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Collectif, Histoire des parachutistes français, Société de Production Littéraire, 1975.
  • Jacques Baltzer et Eric Micheletti, Insignes et brevets parachutistes de l'armée française : des origines à nos jours, Paris, Histoire & collections, , 192 p. (ISBN 978-2-913903-31-9).
  • Michel de Jaeghere, Le livre blanc de l'armée française en Algérie, Paris, Contretemps, , 280 p. (ISBN 978-2-9517809-0-3)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. In Histoire des parachutistes français, page 452, Le GPI, basé en Afrique du Nord, comprenait la 60e CQG (compagnie de quartier général), la 60e CTAP (compagnie de transmission parachutiste), la 60e CGAP (compagnie du génie parachutiste), le 20e GAP (groupe d'artillerie parachutiste), le 1er RCP et le 1er REP.
  2. a et b In Histoire des parachutistes français, page 544
  3. In Histoire des parachutistes français, page 512 et 513
  4. In Histoire des parachutistes français, page 488
  5. In Histoire des parachutistes français, page 462
  6. In Suez pages 210 à 241
  7. In Suez pages 242 à 265
  8. In Le livre blanc de l'armée française en Algérie, page 37, sont dénombrés en algérie entre novembre 1954 et mai 1957, 16 932 attentats contre des civils et 9 134 contre les forces de l'ordre, soit l'assassinat de 6 325 Musulmans et 1 035 Européens
  9. Bernard Droz, Evelyne Lever, Histoire de la guerre d'Algérie, Points Histoire, éd.du Seuil, 1982 p. 129-130
  10. Henri Alleg, La question, Éditions de Minuit, 1965, p. 33.
  11. cité par Alain-Gérard Slama, La guerre d'Algérie. Histoire d'une déchirure, chapitre Terrorisme et torture, Découvertes Gallimard, 1997, p. 150-151.
  12. In Le livre blanc de l'armée française en Algérie, pages 10 et 37
  13. In Le livre blanc de l'armée française en Algérie, page 117
  14. In Le livre blanc de l'armée française en Algérie, pages 22 et 23
  15. Le Monde, 23 novembre 2000, Aussaresses "je me suis résolu a la torture".
  16. « Mort du général Aussaresses, défenseur de la torture en Algérie », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Malika Rahal, Fabrice Riceputi, « J’ai pu apercevoir le docteur Asselah », sur Mediapart (consulté le )
  18. In Histoire des parachutistes français, pages 501 à 508
  19. Maurice Vaïsse, Comment de Gaulle fit échouer le putsch d'Alger, Bruxelles, André Versaille, , 350 p. (ISBN 978-2-87495-131-2), p. 122
  20. Maurice Vaïsse 2011, p. 71.
  21. Maurice Vaïsse 2011, p. 211
  22. Selon une expression de son biographe Jean-Christophe Notin, Le général Saint-Hillier : de Bir-Hakeim au putsch d'Alger, Perrin, , p. 298-300, dont la pertinence est soulignée par Maurice Vaïsse, Maurice Vaïsse 2011, p. 208
  23. Maurice Vaïsse 2011, p. 30 et 208.
  24. Maurice Vaïsse 2011, p. 260.