Ésotérisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Ésotérique)
L'Arbre de Vie représenté symboliquement dans la Kabbale, contenant le Sephiroth.

L'ésotérisme désigne l'ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés. Ce terme, dont le sens diffère de façon notable selon les époques et les auteurs, est parfois utilisé dans la culture populaire pour parler de courants de pensée marginaux à composante secrète ou étrange (sociétés secrètes, occultisme, paranormal, magie, etc.).

Chez les Grecs antiques, les Mystères, comme ceux d'Éleusis, transmettaient un enseignement ésotérique. Le mot « ésotérisme » a aussi été utilisé en Occident, pour désigner des enseignements ainsi que des courants, qui, au sein du christianisme, appartenaient à des milieux fermés, regroupés sous la dénomination générale d'ésotérisme chrétien auquel appartient en particulier l'hermétisme chrétien. On utilise aussi cette dénomination dans ce contexte, à propos des écrits de Jacob Boehme, de Jean de Ruisbroek, auxquels on donne également le nom d'écrits théosophiques. Ce dernier terme doit être distingué de la Société Théosophique, créée en 1875 par Helena Blavatsky et dont le caractère ésotérique est contesté en 1921 par René Guénon[1], mais reconnu en 1990 par Pierre A. Riffard[2]. L'anthroposophie de Rudolf Steiner est un ésotérisme chrétien, que Robert Sumser qualifie d'« occultisme rationaliste »[3].

Le mot « ésotérisme » est également utilisé à propos de l'islam pour désigner le soufisme (tasawwuf en arabe). Dans le judaïsme, les enseignements de nature ésotérique sont regroupés sous le nom de Kabbale. Le taoïsme, par exemple dans son aspect relatif à la quête d'immortalité, est également considéré comme étant de nature ésotérique. Le bouddhisme, comporte certaines branches ésotériques (Vajrayâna tibétain, Shingon japonais) préconisant des initiations pour parvenir au nirvāna.

Aujourd'hui en Occident, le mot « ésotérisme » a été étendu à un nombre considérable de courants, dont, entre autres, la magie, mais l'application de ce terme à ces domaines a été contestée, notamment par René Guénon. Par ailleurs, certains mouvements sectaires s’appuient sur des textes et concepts à teneur ésotérique. La complexité du sujet ainsi que la diversité de ses manifestations conduisent à l'étudier selon plusieurs voies d'accès : étymologie, définitions, origines, images, modèles.

Étymologie[modifier | modifier le code]

L’étymologie fait de l’ésotérisme la doctrine des choses « intérieures ». Ce qui est ésotérique s'oppose à ce qui est exotérique.

L’adjectif grec « ésotérique », έσωτερικóς / ésôteriκós, vient du grec ancien ἐσώτερoς / esôteros, qui signifie « intérieur » (dérivé de l'adverbe ἔσω / ésō, « en dedans »)[4]. D'autre part, le sens est lié aux écoles philosophiques grecques, surtout au pythagorisme qui distinguait entre disciples initiés (les ésotériques) et non initiés, lesquels sont soit de futurs initiés, des novices (les exotériques), soit des gens ordinaires (les profanes). On repère le mot « ésotérique », pour la première fois, chez un rétheur satirique grec, Lucien de Samosate[5] : il veut faire un pendant terminologique à « exotérique », ἐξωτερικός / exōterikós, mot déjà répandu depuis Aristote[6]. Vers 310, le philosophe néoplatonicien Jamblique donne le nom d'« ésotériques », ἐσωτερικοί / esōterikoí aux disciples les plus savants de Pythagore appelés μαθηματικοί / mathēmatikoí[7]. Le nom ἐσωτερισμός / esôterismόs appartient au grec moderne. La croyance et les époques de chacun, sont évidemment à prendre en compte pour une objectivité...

L'adjectif « ésotérique » émerge en français, en 1752, dans le Supplément du Dictionnaire de Trévoux : « Ézotérique, adj. Ce qui est obscur, caché, et peu commun. Les ouvrages ésotériques des Anciens ne pouvaient s'entendre, s'ils n'en donnoient eux-mêmes l'explication[8]. » Le nom « ésotérisme », en français, date de 1828 : il apparaît chez l’historien Jacques Matter, dans son Histoire critique du gnosticisme[9].

Quelques définitions[modifier | modifier le code]

Les diverses définitions entourent l’idée d’ésotérisme de plusieurs notions. On peut privilégier le mystère, le côté occulte du monde, et ce mystère persiste même chez les initiés, ou bien on peut privilégier le secret, le côté réservé d'un enseignement spirituel ou d'une organisation initiatique, mais ce secret n'existe que pour les profanes.

René Guénon (1886-1951), considéré par beaucoup comme une autorité de l’ésotérisme[10],[11],[12], définit les points de vue respectifs de l'ésotérisme et de l'exotérisme ; selon lui, l’ésotérisme est du domaine de l’intérieur pour un public restreint. L’exotérisme est du domaine de l’extérieur pour un public ouvert, et il insiste sur la prédominance, à l'origine, de l'enseignement oral dans l'ésotérisme : « Nous avons signalé la distinction […] entre deux aspects d’une même doctrine, l’un plus intérieur et l’autre plus extérieur […]. L’exotérisme, comprenant ce qui était élémentaire, plus facilement compréhensible, et par conséquent susceptible d’être mis plus largement à la portée de tous, s’exprime seul dans l’enseignement écrit ; l’ésotérisme, plus approfondi et d’un ordre plus élevé, et s’adressant comme tel aux seuls disciples réguliers de l’école, préparés tout spécialement à le comprendre, n’était l’objet que d’un enseignement purement oral »[13]. Le livre principal de Guénon sur l'ésotérisme est Aperçus sur l'Initiation.

Robert Amadou (1924-2006) n'opère pas de distinction entre les mots « ésotérisme », « occultisme », « gnose », il s’arrête à l’idée, à une doctrine, celle de l’unité universelle. Il définit l'occultisme de cette manière : « L’occultisme est l’ensemble des théories et des pratiques fondées sur la théorie des correspondances selon laquelle tout objet appartient à l’ensemble unique et possède avec tout autre élément de cet ensemble des rapports nécessaires, intentionnels, non temporels et non spatiaux »[14]. Plus tard, Amadou déclare : « La gnose dont je parle et à laquelle je me voue et à laquelle j’invite est une connaissance, nullement exclusive de l’amour, bien au contraire, qui possède dans sa perfection — la gnose est une connaissance parfaite — quatre traits principaux pour la spécifier : elle est religieuse, traditionnelle, initiatique et universelle »[15].

Antoine Faivre ancre l’étude de l’ésotérisme dans une recherche universitaire académique, internationale[16]. Il propose ceci : « Le mot « ésotérisme » revêt quatre significations différentes. […] 1. Pour les libraires ou les éditeurs, « ésotérisme » sert de mot générique pour tout type de littérature relevant du paranormal, des sciences occultes, de diverses traditions de sagesse exotique, etc. 2. Le mot « ésotérisme » évoque l’idée d’enseignements secrets […]. 3. Le mot « ésotérisme » renvoie aussi au « centre » de l’Être, celui de l’Homme, de la Nature ou de Dieu ; par exemple le « Dieu ésotérique » de Franz von Baader est le Dieu caché […]. 4. Enfin, dans notre champ de recherches, le mot « ésotérisme » renvoie à un ensemble de courants spirituels [hermétisme, kabbale chrétienne…], qui ont un certain air de famille »[17].

Pierre A. Riffard : « 1. L’ésotérisme d’un élément désigne le caractère ésotérique de cet élément. Mais à quelle acception d’ésotérique renvoie-t-on ? interne ? réservé ? gnostique ? hermétique ? occulte ? restreint ? technique ? abstrus ? Parlant de L'Ésotérisme de Dante (1925), Guénon vise principalement les procédés hermétiques d’occultation des initiés du Moyen Âge et de la Renaissance. On devrait parler d’ésotéricité. 2. Un ésotérisme est un enseignement occulte, doctrine ou théorie, technique ou procédé, d’ordre méta-physique, d’intention initiatique. Le druidisme, le Compagnonnage, l’alchimie sont des ésotérismes. 3. L’Ésotérisme constituerait la totalité des connaissances et pratiques ésotériques regardées comme un ensemble un, comme une Tradition unique, universelle. 4. Enfin, on entend par ' ésotérisme ' [ou ' ésotéricisme '] la doctrine qui rejette la vulgarisation des enseignements ésotériques, la théorie de la discipline de l’arcane, le principe d’après lequel il convient de ne pas communiquer à n’importe qui et n’importe comment les mystères »[18].

Origines occidentales[modifier | modifier le code]

Lascaux : scène du Puits
Lascaux : scène du Puits

Les débuts de l’ésotérisme se perdent dans la nuit des temps et dans l’obscurité des interprétations. L'utilisation d'hématite ou d'ocre, attestée à partir de 100 000 ans avant J.-C., a peut-être une valeur symbolique. Il semble que, dès le paléolithique, l’homme s’intéresse à la vie après la mort (90 000 av. J.-C.)[19], aux amulettes (35 000 av. J.-C.), peut-être au chamanisme (32 000-10 000 av. J.-C.)[20]. [1] Les premières grottes-sanctuaires (grottes de Lascaux, de Niaux, des Trois-Frères, du Portel…) datent d'au moins 16 000 av. J.-C. ; des esprits audacieux, dont Chantal Jègues-Wolkiewiez, en ont relevé et révélé les orientations solsticiales. [2]

Mais la notion d'ésotérisme ne prend corps qu'en Grèce avec les orphiques à partir de 560 av. J.-C.[21]. On attribue à Orphée cette parole : « Je vais chanter pour les initiés. Mettez des portes devant vos oreilles, profanes »[22]. Cette exclusion des profanes s'accompagne d'une révélation pour les initiés, donnée sous forme de mythes : « Zeus fut le premier à venir à l'être, Zeus à la foudre éclatante est le dernier, Zeus est la tête, Zeus est le milieu, Zeus est la destinée puissante… ». Les orphiques se structurent en organisations initiatiques, qui pratiquent « le culte secret de Dionysos »[23] et, au quotidien, adoptent un « mode de vie orphique », avec régime végétarien, vêtements blancs…

Peu après l'orphisme arrive le pythagorisme, vers 530 av. J.-C., qui lui aussi est un ésotérisme.

Images[modifier | modifier le code]

Les métaphores, les comparaisons, comme les dessins, les peintures parlent de l'ésotérisme comme d'un œuf originel et plein, d'un château, d'un labyrinthe, d'une perle...

Noix (Juglans regia)
Noix (Juglans regia)

Guénon a son image préférée : « L’écorce et le noyau (El-Qishr wa el-Lobb). Ce titre, qui est celui d'un des nombreux traités de Mohyiddîn Ibn 'Arabî, exprime sous une forme symbolique les rapports de l'exotérisme et de l'ésotérisme, comparés respectivement à l'enveloppe d'un fruit et à sa partie intérieure, pulpe ou amande. L'enveloppe ou l'écorce (el-qishr) c'est la sharî'a, c'est-à-dire la loi religieuse extérieure, qui s'adresse à tous et qui est faite pour être suivie par tous. Le noyau (el-lobb), c'est la haqîqa, c'est-à-dire la vérité ou la réalité essentielle. Dans un autre symbolisme, sharî'a et haqîqa sont aussi désignées respectivement comme le 'corps' (el jism) et la ' cervelle ' (el-mukh), dont les rapports sont exactement les mêmes que ceux de l'écorce et du noyau ; et sans doute trouverait-on encore d'autres symboles équivalents à ceux-là. Ce dont il s'agit, sous quelque désignation que ce soit, c'est toujours l' 'extérieur' (ed-dâhir) et l' 'intérieur' (el-bâtin), c'est-à-dire l'apparent et le caché »[24].

Ésotérisme et exotérisme, ésotérisme ou occultisme[modifier | modifier le code]

À l'origine, l'ésotérisme désigne un enseignement professé soit à l'intérieur d'une organisation initiatique (comme les Mystères d'Éleusis) soit auprès d'un maître spirituel (comme Pythagore).

Communément, le terme « ésotérisme », connaissance occulte réservée à des initiés, se comprend par rapport à son contraire, l'« exotérisme ». L'exotérisme correspond aux croyances, rites et enseignements véhiculés par les religions et traditions qui s'adressent indifféremment à tous les membres d'une communauté, qu'il s'agisse des exotéristes novices (pas encore prêts, mais favorables à l'ésotérisme) ou des exotéristes profanes (indifférents voire hostiles à l'ésotérisme). Jamblique dit ceci des disciples ésotériques ou exotériques de Pythagore : « S'ils paraissaient dignes d'avoir accès à ses enseignements, en en jugeant d'après leur mode de vie et l'ensemble de leur comportement, ils devenaient, après avoir observé le silence de cinq ans, des ésotériques (ἐσωτερικοί), et ils écoutaient Pythagore du côté intérieur du rideau, en étant admis à le voir en personne. […] Il n'est pas permis de mettre à la disposition du premier venu ce qui a été obtenu après tant de combats et d'efforts, pas plus qu'il n'est permis de divulguer aux profanes les Mystères des deux déesses d'Éleusis [Déméter, Perséphone] »[25]. Les ésotériques (ἐσωτερικοί / esōterikoí) sont des initiés, en tant que « sachants » (μαθηματικοί / mathēmatikoí) ; les exotériques (ἐξωτερικοί / exōterikoí) sont des candidats à l'initiation, comme « auditeurs » (ἀκουσματικοί / akousmatikoí) ; les profanes sont gens du dehors (οἱ ἐξω / oi exō).

En résumé, tout enseignement ésotérique comporte une partie exotérique (pour le profane) et une partie ésotérique (pour l'initié). En principe, la partie de l'enseignement « cachée » au profane ne contredit pas l'enseignement donné au public. Il apporte en général un « deuxième sens » aux aspects de l'enseignement exotérique. Il l'ouvre sur des états de conscience supérieurs, sur des perspectives métaphysiques.

L'ésotérisme ne se confond ni avec la parapsychologie ni avec l'occultisme, bien que l'usage commun rassemble souvent ces divers domaines sous la seule dénomination d'ésotérisme, et du pantatisme.

Des auteurs des XIXe et XXe siècles tels Éliphas Lévi, Papus et, plus tard, des spécialistes comme le sociologue Edward A. Tiryakan ou le philosophe Pierre A. Riffard[26] ont tenté de rationaliser la différence entre ésotérisme et occultisme, étymologiquement si proches (« intérieur »/« caché »). Selon d'autres[Qui ?] il n'y a pas d'opposition, juste une différence de priorités, ou d'attitudes. Jean Pic de La Mirandole est ésotériste, Papus occultiste, mais on[Qui ?] hésite pour Paracelse, Crowley. Le tarot est ésotériste aussi bien qu'occultiste. L'occultisme est souvent ésotérique, réservé aux initiés, et l'ésotérisme est souvent occulte, centré sur les forces secrètes. Éliphas Lévi écrit ceci, qui montre un lien entre les idées occultes de l'occultisme et le public restreint de l'ésotérisme : « Les lois occultes sont souvent diamétralement opposées aux idées communes. Ainsi, le vulgaire croit à la sympathie des semblables et à la guerre des contraires ; c'est la loi opposée qui est la vraie [les contraires s'assemblent] »[27]. Pierre Riffard distingue ésotérisme et occultisme : 1) L'ésotérisme est élitiste, sélectif, tandis que l'occultisme est plus populaire, moins savant, plus proche des superstitions, des traditions folkloriques, de l'astrologie de masse, de la croyance aux « ondes », aux « fées ». 2) L'ésotérisme a pour notion centrale le soi, l'esprit, alors que l'occultisme a pour notion centrale les vertus occultes, les pouvoirs cachés[28].

Sciences traditionnelles
Occultisme Ésotérisme
arts occultes, sciences occultes gnose, initiation, herméneutique, folklore…
pour les masses (des curieux ou des superstitieux) pour l'élite (savante ou populaire)

Traits de l'ésotérisme[modifier | modifier le code]

L'enseignement ésotérique s'assied avant tout sur une cosmologie, une anthropologie ou une théosophie. Par « cosmologie » on entend la connaissance des phénomènes et causes du Monde : principes, lois, Éléments, etc. Par « anthropologie » on entend l'étude de l'Humain, de son origine, de son rôle et de sa destination dans le Monde. Par « théosophie » on entend la perception de la sagesse et du plan - sans doute divin, sacré - qui est derrière tout cela, le désir de participer à son achèvement. L'ésotérisme, surtout à la Renaissance, défend « l’idée d’un univers vivant, fait de correspondances secrètes, de sympathies occultes, où partout souffle l’esprit, où s’entrecroisent de toutes parts des signes ayant une signification cachée »[29].

Dans le cadre occidental, Antoine Faivre, dès 1972, relève les « caractères » permettant d'identifier un ésotérisme. Finalement, il en retient six[30] :

  1. Les correspondances entre toutes les parties de l'univers ;
  2. La Nature conçue comme un être vivant fait de réseaux de sympathies et d'antipathies. Ces deux premiers points doivent être distingués de la philosophie ; une lecture superficielle de l’Éthique de Spinoza peut confondre l'appareil conceptuel de sa théorie de l’Être (substance, attributs, modes) avec un ésotérisme. Ce qui n'est pas le cas : il s'agit de l'un des grands courants de la philosophie occidentale de l'époque moderne ;
  3. Le rôle essentiel de l'imagination et des médiations (rituels, nombres, symboles, images, visions… ; anges, esprits, idées) ;
  4. L’expérience de la transmutation intérieure (illumination, sagesse) ;
  5. La pratique de la concordance (les diverses traditions s'accordent) ;
  6. La transmission de connaissances de maître spirituel à disciple.

En d'autres termes, l'ésotérisme est « une forme de pensée » qui se développe en courants, sciences, notions :

  • « courants ésotériques » : hermétisme alexandrin, kabbale juive, kabbale chrétienne (Jean Pic de la Mirandole, Guillaume Postel), paracelsisme, illuminisme (Böhme), rose-croix, théosophie (Swedenborg…), franc-maçonnerie des hauts grades (« Stricte Observance »…), martinisme, Société théosophique (Helena Blavatsky), anthroposophie (Rudolf Steiner), pérennialisme (Guénon, Schuon) ;
  • « sciences traditionnelles » : alchimie, astrologie, magie, mais aussi théosophie (doctrine allant de Dieu à la nature concrète), pansophie (doctrine allant des choses vers Dieu) ;
  • « notions » : secret, Église intérieure, Sagesse divine, « esprits intermédiaires entre l'homme et Dieu (sephirot, Idées platoniciennes, Élohim…) », androgynéité, « réintégration des êtres dans leur première propriété ».

Pour sa part, Pierre A. Riffard met en avant « neuf invariants qui recoupent souvent ceux de Faivre »[31] :

  1. La discipline de l'arcane (garder le secret) ;
  2. L'impersonnalité de l'auteur (marquer l'aspect surhumain du message) ;
  3. L'opposition entre l'ésotérique et l'exotérique (distinguer l'initié du non-initié, l'occulte du manifeste) ;
  4. Le subtil (admettre des plans de réalité invisibles, supérieurs : l'aura, le corps éthérique, les influences astrales) ;
  5. Les analogies et correspondances (mettre en résonance toutes les parties de l'univers) ;
  6. Le nombre formel (choisir l'arithmétique symbolique comme clef par excellence) ;
  7. Les arts occultes (utiliser astrologie, magie, alchimie) ;
  8. Les sciences occultes (admettre l'interprétation spirituelle des textes, la symbologie, les cycles cosmiques, la vie après la mort) ;
  9. L'initiation (chercher le perfectionnement spirituel pour soi ou les autres).

Ainsi, « un ésotérisme est un enseignement qui prend la forme d'une doctrine secrète ou d'une organisation initiatique, d'une pratique spirituelle ou d'un art occulte »[32] :

Malgré ces convergences générales entre les ésotérismes d'époques, de lieux, de cultures, d'orientations différents, il n'existe pas d'unanimité sur les contenus d'enseignement, les voies d'initiation, les rites, les exercices.

Tableau de correspondances selon Papus (ABC illustré d'occultisme, posthume, 1922, Dangles, p. 247)
Planètes Éléments Signes Pierres Vertus Couleurs
Mars Feu Bélier améthyste hardi rouge
Vénus Terre Taureau hyacinthe ingénieux sombre
Mercure Air Gémeaux chrysoprase ami des jeux jaune
Lune Eau Cancer topaze vagabond noirâtre
Soleil Feu Lion béryl grande âme doré
Mercure Terre Vierge chrysolithe pieux vert
Vénus Air Balance sardoine ami de la justice pourpre
Mars Eau Scorpion sardonyx tyran noir
Jupiter Feu Sagittaire émeraude colère flamme
Saturne Terre Capricorne calcédoine ambitieux blanc
Saturne Air Verseau saphir marchand bleu
Jupiter Eau Poissons jaspe fécond cendré

L'utilisation des symboles dans l'ésotérisme[modifier | modifier le code]

L'ésotérisme fait usage de symboles. Ces derniers peuvent être empruntés à la culture aussi bien qu'à la nature. La fonction du symbole dans l'ésotérisme est de signifier autre chose que le sens terre à terre, en montrant soit un sens profond soit une représentation approximative d'une expérience spirituelle.

On peut citer, comme symboles fréquemment utilisés dans diverses traditions ésotériques : le pentagramme ou l'hexagramme, empruntés à la géométrie, le nombre d'or aux vertus magiques et mystérieuses ou le nombre Pi, emprunté aux mathématiques, mais aussi des animaux à forte charge symbolique, comme le serpent, la tortue, le crapaud ou le bouc, des fleurs puissamment évocatrices, comme le lotus ou la rose.

Points de vue[modifier | modifier le code]

Critiques de l'ésotérisme[modifier | modifier le code]

Descartes est le plus célèbre des adversaires de l'ésotérisme. Son rationalisme résume les attaques antérieures (dont celles de l'Église catholique) et les hostilités postérieures (dont celles du scientisme). « Le bon sens [la raison] est la chose du monde la mieux partagée […]. Ne m'étant pas contenté des sciences qu'on nous enseignait, j'avais parcouru tous les livres traitant de celles qu'on estime les plus curieuses et les plus rares [Raymond Lulle, Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Paracelse, Giambattista Della Porta, les rose-croix, Jacques Gaffarel]. Pour les mauvaises doctrines, je pensais déjà connaître assez ce qu'elles valaient, pour n'être plus sujet à être trompé ni par les promesses d'un alchimiste, ni par les prédictions d'un astrologue, ni par les impostures d'un magicien, ni par les artifices ou la vanterie d'aucun de ceux qui font profession de savoir plus qu'ils ne savent »[33].

Jorge Luis Borges, dans sa nouvelle « La secte du Phénix » (incluse dans Fictions, 1956), entreprend une lecture ironique et intellectuelle du secret ésotérique en mettant en scène une secte qui protège un secret comme un trésor. Or ce secret est une trivialité bien connue de tous. Plus que de ridiculiser la mécanique des sociétés secrètes et de leurs soi-disant secrets, Borges nous convie à une histoire elle-même symbolique d'un autre message.

Dans Le Pendule de Foucault (1988), Umberto Eco, s'inspirant de Borges, présente et raille un modèle de l'occultisme reposant sur la notion de secret. Le plus grand secret est celui qui ne cache que lui-même, un peu comme un oignon qui, au fil des peaux qu'on lui ôte, ne révèle rien d'autre qu'un oignon ; cependant, plus on l'épluche, plus cela fait pleurer les yeux.

Ésotérisme et spiritualité[modifier | modifier le code]

Les lectures ésotériques du monde ou des textes sacrés sont nées de la nécessité d'interpréter des phénomènes d'ordre spirituel avec des mots. La lecture ésotérique fait appel à des paraboles, à des images ou à des symboles, plus qu'à la culture religieuse, cela par nécessité plus que par volonté de cacher les choses. Il résulte de ce langage une impression de mystère chez les non-initiés, alors que l'usage du symbolisme est inévitable, et consubstantiel avec l'expression parlée ou écrite de la spiritualité.

Le langage « ésotérique » est aussi né pour échapper à la censure des institutions ecclésiastiques et dans certains cas, à l'inquisition. Mais il perdure sous maintes formes à travers les âges et les continents, avec un tronc commun.

Ainsi, l'alchimie n'aurait pas pour but de changer le plomb en or mais d'afficher une recherche symbolique, indirecte, de la richesse spirituelle, à travers les métaux[34]. Le plomb et l'or sont alors respectivement les symboles de l'homme brut et de l'homme régénéré. Le fait que ces symboles soient liés à la sphère matérielle et bassement pécuniaire du monde était un moyen pour les alchimistes de juger les personnes qui venaient les voir uniquement pour faire de l'or, du profit. Une personne attirée par le seul appât du gain ne pouvait prétendre au savoir spirituel, tandis qu'une autre, à qui l'image symbolique parlait, pouvait entrer dans l'enseignement du maître. La lecture, et le niveau de compréhension des symboles détermine alors la maturité spirituelle d'une personne, et, par suite, sa capacité à comprendre la tradition ésotérique dans laquelle elle s'inscrit.

Cependant, une autre partie des alchimistes usait de cette même prétention pour s'attirer les bonnes grâces du Prince, s'ouvrant ainsi leur cour.

L'ésotérisme et ses influences politiques[modifier | modifier le code]

Les groupes pratiquant l'ésotérisme ont souvent été accusés d'influencer la politique d'un pays ou d'une région du monde. Ces accusations, volontiers renforcées par les multiples théories du complot, sont souvent émises par les adversaires de l'ésotérisme.

Toutefois, de nombreux groupes ésotériques ont eu une influence politique dans l'histoire. Plus ou moins occultes (mais pas forcément ésotériques), ils se constituaient pour exprimer des opinions politiques. Par ailleurs, certaines organisations, comme la franc-maçonnerie, encouragent l'action publique de leurs membres, sans que le savoir ésotérique ait, en lui-même, une influence politique.

Plusieurs ésotéristes soutiennent activement le tsar et son féodalisme ou sa théocratie : Madame de Krüdener conseille Alexandre Ier en 1815, Papus rencontre Nicolas II en 1905. Des historiens ont montré des liens entre nazisme et occultisme[35]. Goebbels, dans son journal, à la date du 19 mai 1942, mentionne un plan : « Nous pourrions utiliser les occultistes dans notre propagande… Une fois de plus, nous allons citer Nostradamus ».

Certains occultistes ont aussi développé des concepts de « politique ésotérique »[36]. Il existe un « occulto-socialisme[37] », socialisme farouchement défendu par des occultistes, qui attendent l'Âge de l'Esprit, par exemple Pierre Leroux[38], le jeune Éliphas Lévi, ou, aux États-Unis, Andrew Jackson Davis (The Principles of Nature, 1847). Autre école politique : le synarchisme, défendu par Vivian du Mas, Alexandre Saint-Yves d'Alveydre. La synarchie serait un régime politique reposant sur la tripartition des fonctions sociales (par exemple économie, justice, enseignement ; politique, économie, spiritualité). Rudolf Steiner a quant à lui défendu la « tripartition de la question sociale » (1919)[39]. Autre école de politique ésotérique : l'anarchisme mystique, défendu par Georges Tchoulkov (1906), Apollon Kareline et la jeune Alexandra David-Néel[40].

L'ésotérisme comme pratique et expérience[modifier | modifier le code]

L'essentiel de l'ésotérisme réside certainement dans une expérience, de type mystique, très souvent cachée, secrète. Ce vécu ésotérique, quand même exceptionnel, prend diverses formes : extase mystique, possession par les esprits, remontée vers l'Un, vision, béatitude, illumination, conscience cosmique, sentiment océanique... Sans aller si loin, l'ésotérisme peut se présenter comme mode de vie. Platon présentait l'orphisme comme un mode de vie (« la vie orphique » Ὀρφικός βίος / Orphikós bíos), le pythagorisme comme un mode de vie (« la vie pythagorique »). Comme le souligne Jean-Paul Corsetti, « il convient de distinguer radicalement l'expérience ésotérique de son étude érudite »[41].

Histoire de l'ésotérisme occidental[modifier | modifier le code]

Cette histoire est immense[42]. Il faut (?) se contenter, ici, de mentionner quelques courants, auteurs, disciplines, organisations, dans l'ordre chronologique et en Occident.

Bibliographie (Occident)[modifier | modifier le code]

Études en français[modifier | modifier le code]

(par ordre alphabétique)

  • Sarane Alexandrian, Histoire de la philosophie occulte (1982), Paris, Payot, 1994, 390 p.
  • Luc Benoist, L'ésotérisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1975 (épuisé).
  • Jack Chaboud, L'ésotérisme pour les Nuls. Paris. First. 2015. 386 p.
  • Jean-Paul Corsetti, Histoire de l'ésotérisme et des sciences occultes (1992), Paris, Larousse, « Références », 2003, 344 p.
  • Emmanuel Dufour-Kowalski, Abrégé de Science Occulte. Contribution à l'histoire des doctrines ésotériques (2019), Genève, Slatkine, 434 p. (ISBN 9782051028400)
  • Antoine Faivre, Accès à l’ésotérisme occidental, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1986-1996, 2 t[43].
  • Antoine Faivre, L'ésotérisme (1992), Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2007, 127 p.
  • Jean-Marc Font, Les grands textes de l'ésotérisme depuis l'Antiquité, Paris, Trajectoire, 2007, 559 p.
  • Emilie Granjon, Giuseppe Balzano, Baudouin Decharneux, Fabien Nobilio (éds), Ésotérisme et initiation. Études d'épistémologie et d'histoire des religions, Bruxelles-Fernelmont, E.M.E., « Divin & Sacré », 2010.
  • Pierre Lagrange, Claudie Voisenat, L'ésotérisme contemporain et ses lecteurs. Entre savoirs, croyances et fictions, Paris, Bpi-Centre Pompidou, « Études et recherche », 2005, 411 p.
  • Jean-Pierre Laurant, L'Ésotérisme chrétien en France au XIXe siècle, Lausanne, L'Âge homme, « Politica Hermetica », 1992, 244 p.
  • Jean-Pierre Laurant, L'Ésotérisme, Paris, Les Éditions du Cerf, , 128 p. (ISBN 220404850X)
  • Alain Mercier, Les sources ésotériques et occultes de la poésie symboliste (1870-1914), t. 1 : Le symbolisme français, t. 2 : Le symbolisme européen, Saint-Genouph, A.-G. Nizet, 1969-1974.
  • Gerald Messadié, Quarante siècles d'ésotérisme, Paris, Presses du Châtelet, 2006.
  • Joan-Pere Pujol, Mémento des sciences traditionnelles, Mennecy, Édiru, 1992.
  • Pierre A. Riffard, L'ésotérisme. Qu'est-ce que l'ésotérisme ?, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1990, 1016 p.
  • Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Paris, Payot, 2008, 331 p.
  • Jérôme Rousse-Lacordaire, Ésotérisme et Christianisme, Paris, Cerf, 2007, 366 p.
  • Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l'ésotérisme, Paris, PUF, 1998, 1449 p.
  • Abbé Henri Stéphane, Introduction à l'ésotérisme chrétien (1979-1983), Paris, Dervy, 2006, 500 p.

Revues :

Traités ésotériques[modifier | modifier le code]

(par ordre chronologique)

  • Pythagore (vers 530 av. J-C) : extraits des témoignages (Porphyre, Jamblique...) dans Pythagore. Un dieu parmi les hommes, Paris, Les Belles Lettres, « Aux sources de la tradition », 2002, 220 p. Pour les Vers d'or de Pythagore (IIe s. ? IVe s. ?), texte en ligne : [4]
  • Evangiles apocryphes
  • Hermès Trismégiste, Corpus Hermeticum (vers 100-300), trad. du grec et du latin André-Jean Festugière, Paris, Les Belles Lettres, 1946-1954, rééd. 2002, 4 t. Extraits : Hermès Trismégiste, Les trois révélations, Paris, Les Belles Lettres, « Aux sources de la tradition », 1998, 169 p. Textes en ligne dans la traduction de Louis Ménard (1867) : [5][6] [7] [8]
  • La Table d'émeraude (IVe s. en grec ?, texte canonique en latin vers 1140), trad., Paris, Les Belles Lettres, « Aux sources de la tradition », 1994, p. 10-12 (version arabe et trad.), 22 (version latine), 43-44 (traduction française). Versions en ligne : [9]
  • Le Bardo Thödol, Livre tibétain des morts (VIIIe s.)
  • Le Zohar (vers 1280, écrit par Moïse de León), trad. de l'araméen par Charles Mopsik, Paris, Verdier, 1990-1998, 6 t. Extraits par Gershom Scholem : Le Zohar. Le Livre de la Splendeur, Paris, Seuil, « Points Sagesses », 1980, 113 p. Extraits en ligne : [10]
  • Premiers écrits rosicruciens (Fama Fraternitatis, 1614 ; Confessio Fraternitatis ; Noces chymiques, 1616), trad. de l'all. : Bernard Gorceix, La Bible des rose-croix, Paris, PUF, « Quadrige », 1998, 192 p. Textes en ligne : [11] [12] [13]
  • Helena Blavatsky, La Doctrine Secrète (2 vol. en 4 t. en 1888 + un 3° vol. en 2 t. de Miscellanées arrangées par Annie Besant en 1897), trad. de l'an., Paris, Éditions Adyar, 1991-1996, 6 t. En ligne : [14] [15]
  • Édouard Schuré, Les Grands Initiés. Esquisse de l'histoire secrète des religions. Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, Jésus. (1889). [16]
  • Aleister Crowley, Le Livre de la Loi (1904)
  • Mircea Eliade, initiation, rites, sociétés secrètes (1959)
  • Rudolf Steiner, La science de l'occulte (1910), trad. de l'all., Paris, Triades, 1995, 495 p. Extraits en ligne de Rudolf Steiner : [17]
  • Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (1934), L’Âge d’Homme, 1991, L'Âge d'Homme-Guy Trédaniel, 2009 (rééd.)
  • René Guénon, Aperçus sur l'Initiation (1946), Paris, Éditions traditionnelles, 2004, 303 p. Extraits en ligne de René Guénon : [18]
  • Louis Cattiaux, Le Message Retrouvé (1948), Grez-Doiceau, Beya, 206, 435 p.
  • P.D. Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu (1949), trad. de l'an., Paris, Stock, 2003, 539 p. Sur GURDJIEFF, extraits en ligne : [19]
  • Boris Mouravieff, Gnôsis, Étude et commentaires sur la tradition ésotérique de l’Orthodoxie orientale, 3 vol., La Colombe, Paris, 1961-1963-19665 / à la Baconnière, Neuchâtel, 1972 (Prix Victor-Emile Michelet de Littérature ésotérique, 1962).

Œuvres d'art ésotériques (Occident)[modifier | modifier le code]

Architectures ésotériques[modifier | modifier le code]

Ésotérisme et littérature[modifier | modifier le code]

Musiques ésotériques[modifier | modifier le code]

  • Musiques des troubadours proches du catharisme (Peire Cardenal, etc.) : Anne Azéma, « Provence mystique. Chants sacrés médiévaux », CD album
  • Le chant des templiers, Harmonia mundi, Organum Marcel Pérès, Art roman
  • Michael Maier, « Atala fugiens[44] », fugues (1618) : Caesar vive ! Prague 1609, Supraphon, 2007
  • Mozart, La flûte enchantée (1791), opéra maçonnique
  • Richard Wagner, Parsifal (1882)
  • Scriabine, Poème de l'extase (1907), Wagner Classics France, 2006
  • Edmond Bailly, Le chant des voyelles (1912) : Le Chant des voyelles comme invocation aux dieux planétaires, suivi d'une restitution vocale avec accompagnement, Nice, Boumendil, 2000. [20]
  • Peter Deunov, Chants mystiques (1923-1924), Fréjus, Éditions Prosveta, 1988
  • Ferrucio Busoni, Faust (1924, opéra achevé en 1925 par un disciple)
  • Gurdjieff, « Œuvres pour piano » (1925-1927) : L'intégrale des œuvres pour piano, Wargo, 2006
  • Giacinto Scelsi, Aion (1961), Konx-Om-Pax (1969), Pfhat (1974)
  • Edgar Varèse, Arcana (1926-1927), Scl, 1993
  • le New Age (1970 ss.) : The Best New Age, Priority, 1996.
  • Snatam Kaur (XXIe siècle) To Heaven and Beyond (2000), Shanti (2003), Anand (2006), Le Souffle d'Or.

Quelques peintures ou illustrations ésotériques[modifier | modifier le code]

Vierge alchimique à Reims.
  1. la scène du Puits dans la grotte de Lascaux, 17000 av. J.-C. ? [21]
  2. les fresques de la villa des Mystères à Pompéi, 140 av. J.-C. ? [22]
  3. les fresques du palais Schifanoia, par Pellegrino Prisciani, 1469-1518. Salone dei Mesi di Palazzo Schifanoia (Ferrara) (it)
  4. Le Jardin des délices, par Jérôme Bosch, 1510. [23]
  5. Les Bergers d'Arcadie, par Nicolas Poussin, 1630 et 1640.
  6. Matin (1808 et 1809), par Philipp Otto Runge, peintre romantique allemand (1777-1810) (influencé par Böhme, Goethe)
  7. Le phare des Casquets, par Victor Hugo, 1866
  8. L'Île des morts, par Arnold Böcklin, 1886
  9. Le rêve, par František Kupka, 1906
  10. Compositions, par Piet Mondrian (théosophiste dès 1909) [24]
  11. Évolution, par Piet Mondrian
  12. Le premier pas, par František Kupka, 1910-1913
  13. Toiles de Augustin Lesage, peintre médium depuis 1911 [25]
  14. Toiles de Nicolas Roerich, peintre, voyageur et mystique, proposé pour le Prix Nobel de la paix en 1929 et 1935
  15. The Secret Teachings of All Ages, 54 planches en couleurs d'Augustus Knapp pour le livre de Manly P. Hall, 1928. [26]
  16. La Toilette de la mariée, par Max Ernst, 1939-1940 [27]
  17. All Things are One Thing (Toutes les choses ne font qu'une), par Isaac Abrams, 1967
  18. Piss Christ (Immersions), par Andres Serrano, 1987.

Une exposition au Centre Pompidou à Paris, du 7 mai au 11 août 2008, a regroupé sous le vocable « Traces du Sacré » un ensemble de peintures, de sculptures, de vidéos, à vocation ésotérique et révélant l'influence de l'ésotérisme sur bon nombre d'artistes.

Cinéma ésotérique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. R. Guénon, Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion (1921), Éditions Traditionnelles.
  2. Pierre A. Riffard, L'ésotérisme - Qu'est-ce que l'ésotérisme ? - Anthologie de l'ésotérisme occidental, Ed. Robert Laffont, p. 814-819, « Helena Petrovna Blavatsky et le théosophisme »
  3. (en) Robert Sumser, « Rational occultism in fin de siécle Germany: Rudolf Steiner's modernism », History of European Ideas, vol. 18, no 4,‎ , p. 497–511 (ISSN 0191-6599 et 1873-541X, DOI 10.1016/0191-6599(94)90082-5, lire en ligne, consulté le )
  4. Pierre A. Riffard, L’Ésotérisme. Qu’est-ce que l’ésotérisme ?, Paris, Robert Laffont, Bouquins, 1990, p. 83-88 ; Émile Boisacq, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, 1970, t. 2, p. 326. Dictionary.com.
  5. Lucien de Samosate, Sectes à l'encan, 26, trad. du grec, Les Belles Lettres, 1967, t. 1, p. 54. ; Sectes à l'encan, traduit aussi Philosophes à vendre, vers 166.
  6. Aristote déclare être l'auteur de « discours exotériques » (ἐξωτερικοὶ λόγοι / exoterikoì lógoi), des dialogues de jeunesse destinés à un large public. Discours exotériques, Aristote, Politique, III, 6, 1278 b 31 ; VII, 1, 1323 a 22 ; Métaphysique, M, 1, 1076 a 26. H. Bonitz, Index Aristotelicus (t. V des Aristotelis opera, 1870, de l'édition I. Bekker), 104 b 44-105 a 49 ; W. D. Ross, Aristotle's Metaphysics, Oxford, Clarendon Press, 1924, t. 2, p. 408-410.
  7. Jamblique, Vie de Pythagore, XXVII, § 72, trad. Luc Brisson et A. Ph. Segonds, Les Belles Lettres, 1996, p. 41.
  8. Supplément du Dictionnaire universel françois et latin, Trévoux, 1752, p. 1066.
  9. Jean-Pierre Laurant, L’ésotérisme chrétien en France au XIXe siècle, Lausanne, L’Âge d’homme, 1992, p. 13-48 ; Histoire critique du gnosticisme, p. 83 ; L’Ésotérisme, Cerf, 1993, p. 40-41 ; « Ésotérisme (Histoire du mot) », in Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l’ésotérisme, Paris, PUF, 1998, p. 481.
  10. Marie-France James, Ésotérisme et christianisme. Autour de René Guénon (1981), Paris, Nouvelles Éditions Latines, 2008, 479 p.
  11. Jean-Pierre Laurant et Paul Barbanegra, René Guénon, Paris, Cahiers de l’Herne, 1985, 457 p.
  12. William W. Quinn, The Only Tradition, Albany, SUNY Press (State University of New York), 1997, 384 p.
  13. René Guénon, Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues (1921), Véga, p. 133.
  14. Robert Amadou, L’Occultisme : esquisse d’un monde vivant (1950), Chanteloup, 1987, p. 19.
  15. Robert Amadou http://www.moncelon.fr/amadou1.htm. Voir Robert Amadou, « Thèses pour la gnose », Bulletin martiniste, n° 5, Cariscript, juil. 1984, p. 3.
  16. Antoine Faivre, « Une discipline nouvelle : l’ésotérisme », apud Jean-Baptiste Plantin (éd.), Le défi magique, t. 1 : Ésotérisme, Occultisme, Spiritisme, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1994, p. 35-43 ; Accès de l’ésotérisme occidental, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1996, t. 2, avant-propos : « L’ésotérisme et la recherche universitaire ». en ligne.
  17. Antoine Faivre, « Questions of Terminology proper to the Study of Esoteric Currents in Modern and Contemporary Europe », apud Antoine Faivre et Wouter J. Hanegraaff (dir.), Western Esotericism and the Science of Religion, Louvain, Peeters, « Gnostica », 1998, p. 1-10 ; Accès de l’ésotérisme occidental (1986), Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1996, t. 1 ; « Occident moderne », apud Jean Servier, Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, p. 961.
  18. Pierre A. Riffard, Dictionnaire de l’ésotérisme, Paris, Payot, 1983, p. 125-126.
  19. Pascale Binant, La préhistoire de la mort, Errance, 1991, 168 p. ; [Maureille et al. 2004] Bruno Maureille et al. (préf. Roland Schaer), Les premières sépultures (série « Les origines de la culture »), éd. Le Pommier / Cité des sciences et de l'industrie, coll. « Le Collège De La Cité » (no 11), (réimpr. 2013), 144 p. (ISBN 2-7465-0203-8, 2-7465-0203-8 et 2746506742, présentation en ligne).
  20. Jean Clottes et David Lewis-Williams, Les chamanes de la préhistoire : transe et magie dans les grottes ornées, Paris, Éditions du Seuil, , 118 p. (ISBN 2-02-028902-4). Thèse controversée.
  21. Reynal Sorel, Orphée et l'orphisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1995, p. 9 : « Le poète Ibycos [deuxième moitié du VIe s. av. J-C.] évoque un 'Orphée au nom fameux', tandis qu'une métope en tuf du monoptère de Sicyone à Delphes, sculptée aux environs de 560 [av. J.-C.], le représente debout sur la nef Argô, en train de jouer de la lyre. André Bernand, « Orphisme. Grèce ancienne », apud Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l'ésotérisme, Paris, PUF, 1998, p. 987-989. »
  22. Papyrus de Derveni (fin du IVe s. av. J.-C.), trad. in Orphée, Poèmes magiques et cosmologiques, Paris, Les Belles Lettres, « Aux sources de la tradition », 1993, p. 57. Autre formulation : « J'adresserai mes paroles à ceux qui ont droit à cette révélation. Et vous, les non-initiés, fermez vos oreilles et fuyez » (Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, XIII).
  23. William K. Guthrie, Orphée et la religion grecque (1952), trad., Payot, 1956, p. 20.
  24. René Guénon, Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le taoïsme, chap. 2 : « L’écorce et le noyau » (El-Qishr wa el-Lobb), Gallimard, 1973.
  25. Jamblique, Vie de Pythagore (vers 310), § 72 et 75, trad., Les Belles Lettres, 1996.
  26. Edward A. Tiryakan, « Toward the Sociology of Esoteric Culture », in On the Margin of the Visible. Sociology, the Esoteric and the Occult, New York, Wiley Publishing, 1974, p. 265 : opposition ésotérisme = théorie, occultisme = pratique ; Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Paris, Payot, 2008, p. 214 : opposition ésotérisme = métaphysique, occultisme = concret et superstition.
  27. Éliphas Lévi, Dogme et Rituel de la haute magie : Secrets de la magie, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2000, p. 84.
  28. Pierre Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, (ISBN 978-2-228-90274-8).
  29. Eugenio Garin, Moyen Âge et Renaissance, trad., Gallimard, 1969, p. 213.
  30. Antoine Faivre, L'ésotérisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1992, p. 13-21. Voir le chapitre « Aspects de l'ésotérisme au XVIIIe siècle », apud Marie-Madeleine Davy (éd.), Encyclopédie des mystiques, Paris, Seghers, 1972, t. 2, p. 306-367 ; l'article « Théosophie » de l'Encyclopaedia Universalis, t. XV, 1973, p. 1095-1096 ; Accès de l'ésotérisme, l.c., t. 1, introduction : « Réflexions sur la notion d'ésotérisme ».
  31. Pierre A. Riffard, L'ésotérisme. Qu'est-ce que l'ésotérisme ?, 1990, p. 245-371.
  32. Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 2008, p. 96.
  33. Descartes, Discours de la méthode (1637), I, in Œuvres et Lettres, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1953, p. 126, 128, 131.
  34. Ethan Allen Hitchcock, Remarks upon Alchemy and the Alchemists (1855), New York, 1865. Hermann Silberer, Probleme der Mystik und ihrer Symbolik, 1914. Carl-Gustav Jung, Psychologie et Alchimie (1944), trad., Buchet-Chastel, 2004, 706 p.
  35. Nicholas Goodrick-Clarke, Les racines occultes du nazisme (1985), trad., Puiseaux, Pardès, 1989.
  36. Jean-Pierre Laurant, « Politique », apud Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, 1998, p. 1060-1063 ; « Politics and Esotericism », apud Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Brill, 2005, t. 2, p. 964-966.
  37. Philippe Muray, Le XIXe siècle à travers les âges (1984), Gallimard, « Tel », 1999.
  38. Pierre Leroux, L'humanité, Perrotin, 1840, t. 2, p. 397 (mention du mot « ésotérisme »).
  39. Rudolf Steiner, Le triple aspect de la question sociale (1919), trad., Fischbacher, 135 p.
  40. Alexandra David-Néel, Pour la vie et autres textes libertaires inédits. 1899-1907, Paris, Les Nuits rouges, 1998, 156 p.
  41. Jean-Pierre Corsetti, Histoire de l'ésotérisme et des sciences occultes, Paris, Larousse, "Références", p. 327.
  42. Sur l'histoire des courants ésotériques : Antoine Faivre, « L'ésotérisme chrétien du XVIe au XXe siècle », apud Henri-Charles Puech (éd.), Histoire des religions, Paris, Gallimard, « Pléiade », t. 2, 1972, p. 1304-1362 ; L'ésotérisme, PUF, p. 33-112. P. A. Riffard, L'ésotérisme (1990), p. 399-918. Wouter J. Hanegraaff et Roelof van den Broek, Gnosis and Hermeticism from Antiquity to Modern Times, State University of New York Press, Albany 1998. Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde (Pays-Bas), Brill, 2005, 2 t., 1228 p. Kocku von Stuckrad, Western Esotericism. A Brief History of Secret Knowledge, Londres, Equinox, 2005.
  43. FAIVRE Antoine, Accès à l’ésotérisme occidental : chacune des trois séries d'études aborde un aspect particulièrement représentatif du domaine : histoire de la théosophie, les divers modes d'application de la notion d'imagination créatrice, la Tradition (Valentin Tomberg, Abellio) dans l'ésotérisme occidental. Précédé d'une réflexion sur la recherche universitaire sur l'ésotérisme et suivi d'un guide bibliographique avec références commentées.
  44. Jacques Rebotier, « La musique cachée de l' Atalanta fugiens », Chrysopoeia, Archè, n° I, 1987.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Individus[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]