Épopée du roi Gesar

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La tradition épique du roi Guésar *
Image illustrative de l’article Épopée du roi Gesar
Fresque représentant Gesar.
Pays * Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2009
* Descriptif officiel UNESCO

L'épopée du roi Guésar — dit aussi Gesar Khan ou Gesar de Ling — est le poème épique le plus célèbre des populations tibétaines[1], et mongoles.

Elle comporterait plusieurs millions de vers, ce qui en ferait l'œuvre littéraire la plus longue actuellement connue dans le monde. Composée il y a plus de huit siècles à partir de récits beaucoup plus anciens, elle est encore interprétée de nos jours par plusieurs dizaines de bardes dans les régions de populations tibétaines et mongoles.

L'épopée est inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité depuis 2009 par l'UNESCO[2].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom Gesar aurait pour origine le titre romain de caesar ou le turc[3] kaisar, qui signifie « roi », « empereur », « souverain ». Si cette étymologie est exacte, ce titre ne lui aurait été attribué qu'après un certain nombre de conquêtes sur des territoires turcs et perses[4][réf. incomplète].

Selon Sogyal Rinpoché, Guésar est un mot tibétain qui signifie « indomptable »[réf. à confirmer][5].

Origine[modifier | modifier le code]

Selon Chogyam Trungpa, le roi Guésar de Ling aurait vécu au XIe siècle et régné sur la principauté de Ling, dans le Kham[6], ce qui pourrait correspondre au royaume de Lingtsang (Lingtshang). La famille Mukpo descend du roi Guésar de Ling[7].

Relations avec Shambhala[modifier | modifier le code]

L'ouvrage Shambhala : la voie sacrée du guerrier de Chogyam Trungpa s'inspire de la sagesse du roi tibétain Guésar de Ling[8].

Dimension religieuse[modifier | modifier le code]

L'épopée du roi Gesar a, au fil des siècles, incorporé des éléments bouddhiques, mais n'en comprend pas moins de nombreux dieux et mythes antérieurs d'origine chamanique. Au fil des récits, on y découvre de puissantes divinités des montagnes et de nombreux esprits tutélaires des lieux où se déroulent les aventures de Gesar[réf. nécessaire].

Comme le note Geoffrey Samuel :

« Les attitudes face à l'épopée de Gesar varient considérablement d'un moine ou d'un lama tibétain à un autre. Nombre de gelugpa la désapprouvent fortement, tandis que les lamas kagyupa et nyingmapa y sont généralement favorables et la voient comme une expression de l'activité de Guru Rinpoche, et comme un véhicule des enseignements bouddhiques, en particulier ceux de l'école dzogchen. En conséquence, savoir si les babdrungs (bardes de l'épopée de Gesar) doivent être considérés comme des chopas (pratiquants du dharma) est une chose à laquelle il sera répondu différemment par ceux qui sont en faveur de l'épopée et ceux qui s'y opposent. Les babdrungs eux-mêmes insistent généralement, cependant, sur le lien entre l'épopée et le cho (le dharma, le bouddhisme) et se voient comme des sortes de chopas[9]. »

Récupération politique[modifier | modifier le code]

Selon l'universitaire tibétologue et bouddhologue Georges B.J. Dreyfus, les autorités de la République populaire de Chine ont tenté d'utiliser l'épopée pour affaiblir le sentiment d'identité national tibétain mais, contrairement à leurs attentes, cette initiative a eu pour effet de le renforcer[10].

Dans la tradition mongole[modifier | modifier le code]

Dans la tradition mongole, Guésar de Ling serait une incarnation de Begtse, dieu protecteurs des Mongols[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. The Princeton Dictionary of Buddhism par Robart E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux éditions Princeton University Press (ISBN 0-691-15786-3), page 318.
  2. « UNESCO - La tradition épique du Gesar », sur unesco.org (consulté le ).
  3. (en) Rohit Vohra, Early History of Ladakh: Mythic Lore and Fabulation, Recent Research on Ladakh 4 & 5: Proceedings of the Fourth and Fifth International Colloquia on Ladakh Volumes 4 à 5 de Recent research on Ladakh, eds. Henry Osmaston, Philip Denwood, Motilal Banarsidass Publ., 1995, (ISBN 8120814045 et 9788120814042), p. 216
  4. Douglas J. Penick, Gesar de Ling, l'épopée du guerrier de Shambhala, Guy Trédaniel éditeur, 2003.
  5. Sogyal Rinpoché, Le Livre tibétain de la vie et de la mort, p. 64-65
  6. Chogyam Trungpa, Shambhala : la voie sacrée du guerrier Paris : Seuil, 1990, p. 28
  7. (en) Ira Rifkin, 75 People Who Changed The World, p. 21
  8. Chogyam Trungpa, op. cit. p. 21
  9. Geoffrey Samuel, Civilized Shamans: Buddhism in Tibetan Societies. (ISBN 1560982314) pg 293
  10. Georges B.J. Dreyfus, Le nationalisme. Entre mémoires glorifiées et identité collective , in Tibétains, 1959-1999 : 40 ans de colonisation, Paris, Éditions Autrement, 1998, p. 46
  11. Elisabetta Chiodo, The Mongolian Manuscripts on Birch Bark from Xarbuxyn Balgas in the Collection of the Mongolian Academy of Sciences, Volume 137 of Asiatische Forschungen, ISSN 0571-320X, 2000, p. 149, n. 11.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Blondeau, Anne-Marie, et Chayet, Anne, L’Épopée tibétaine de Gesar. Une version bon po inédite par dBang chen nyi ma. Manuscrit Alexandra David-Néel, musée Guimet BG 54805, Suilly-la-Tour, Éditions Findakly, 2013
  • Patrice Lajoye, Fils de l'orage. Un modèle eurasiatique de héros? Essai de mythologie comparée, lulu.com, 2013 (Comparaison de Gesar de Ling avec d'autres héros eurasiatiques).
  • Douglas J. Penick, Gesar de Ling, l'épopée du guerrier de Shambhala, Guy Trédaniel éditeur, 2003
  • Alexandra David-Néel et Lama Yongden, La vie surhumaine de Guésar de Ling, le héros tibétain, Pocket, 1999
  • Nathalie Gauthard, L’Épopée tibétaine de Gesar de Ling. Adaptation, patrimonialisation et mondialisation, Cahiers d’ethnomusicologie, 24, 2011, p. 173-189, https://journals.openedition.org/ethnomusicologie/1756
  • Helffer Mireille, Les Chants dans l’épopée tibétaine de Ge-sar d’après le livre de la Course de cheval, Paris-Genève, Droz, 1977.
  • Stein Rolf A., L’Épopée tibétaine de Gesar, dans sa version lamaïque de Ling, Paris, Annales du musée Guimet, 1956.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]