Élections législatives pakistanaises de 1977

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Élections législatives pakistanaises de 1977
200 sièges à l'Assemblée nationale
Membres des Assemblées provinciales
Corps électoral et résultats
Votants 16 889 183
Zulfikar Ali Bhutto – Parti du peuple pakistanais
Voix 10 148 040
60,1 %
Sièges obtenus 155
Khan Abdul Wali Khan – Alliance nationale pakistanaise
Voix 6 032 062
35,7 %
Sièges obtenus 37
Diagramme

Les élections législatives pakistanaises de 1977 ont eu lieu le . Elles ont mené à la victoire du Parti du peuple pakistanais mais les résultats sont contestés par l’opposition et le scrutin annulé à la suite du coup d'État du 5 juillet 1977.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les élections législatives de 1970, les premières élections libres et ouvertes de l'histoire du Pakistan, avaient abouti à la victoire de la Ligue Awami grâce à sa performance dans le Pakistan oriental. Face au refus des militaires qui étaient alors aux commandes de transférer le pouvoir, l'ancienne province se révolte et est durement réprimé par l'armée pakistanaise. Les rebelles sont néanmoins victorieux après l'intervention de l'armée indienne et le Bangladesh proclame son indépendance. Totalement humilié, le pouvoir militaire finit par céder et transfert le pouvoir au Parti du peuple pakistanais (PPP) qui était arrivé largement en tête au Pakistan occidental et dispose donc désormais d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale après l'indépendance du Bangladesh[a 1].

Le dirigeant et fondateur du PPP Zulfikar Ali Bhutto devient dès le président de la République, et commence à appliquer son programme prévu durant la campagne électorale. Il tente de socialiser l'économie en nationalisant les grandes industries et les principales banques du pays. En 1973, le président fait adopter une nouvelle Constitution qui prévoit un régime parlementaire et la prédominance du poste de Premier ministre. Ali Bhutto devient lui-même Premier ministre le . Bien que cette Constitution soit plus démocratique que les deux textes suprêmes appliqués jusqu'ici, Ali Bhutto est de plus en plus critiqué pour son autoritarisme. Son pouvoir est de plus en plus contesté à partir de 1975. À la suite d’accusation de meurtres, plusieurs opposants sont arrêtés et emprisonnés à la suite du « tribunal d'Hyderabad » dont Khan Abdul Wali Khan et son fils Asfandyar Wali Khan[a 2]. Alors que les prochaines élections sont prévues pour la seconde moitié de l'année 1977, Ali Bhutto prend la parole lors d'une allocution télévisée le et annonce l'avancement de l'élection[1].

Campagne et partis en lice[modifier | modifier le code]

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Résultats[modifier | modifier le code]

Partis Voix % Sièges
Parti du peuple pakistanais 10 148 040 60,1 155
Alliance nationale pakistanaise 6 032 062 35,7 37
Autres et indépendants 709 081 4,1 8
Total 16 889 183 100 200

Suites[modifier | modifier le code]

À la suite du scrutin, les différents partis de l'opposition lancent rapidement un vaste mouvement de contestations au sein du pays afin de dénoncer les résultats. Alors que le gouvernement de Zulfikar Ali Bhutto, affaibli, accepte de négocier avec l'opposition, un accord est conclu le pour organiser un nouveau scrutin en octobre. Dans la soirée du , le Premier ministre annonce lors d'une conférence de presse qu'il invite l'opposition à négocier les modalités du scrutin. Cependant, l'armée mène, sous le commandement de son chef Muhammad Zia-ul-Haq, un coup d’État dans la nuit du 4 au [2].

Le coup est mené sans difficulté ni violence. Le général Zia se pose alors comme arbitre et seul à même de résoudre la crise politique[a 3], dénonçant l’incompétence des hommes politiques dans leur ensemble. Il n'affiche alors aucune ambition politique claire et promet même des élections sous trois mois[a 4]. Le , la Cour suprême juge le coup légal en s'appuyant sur la « doctrine de la nécessité », mais demande un retour rapide à la démocratie[3].

Alors que le général Zia promet une transition militaire temporaire, il annonce le retour à un pouvoir civil à la suite d'élections prévues en octobre. Zulfikar Ali Bhutto se lance immédiatement dans une tournée de campagne et reçoit un bon accueil avec de nombreux partisans dans les provinces du Sind et du Pendjab. L'ancien Premier ministre critique l'opposition et le pouvoir militaire, promettant « justice » pour Zia-ul-Haq. Le , il est arrêté par les militaires, sous le coup de l'accusation d'un meurtre remontant à 1974 et d'une enquête sur les fraudes électorales de 1977[a 5]. Zia déclare de plus qu'un nouveau scrutin ne pourra être tenu avant que la justice ne se soit prononcée sur les charges criminelles pesant sur Bhutto et ses anciens lieutenants, mettant un terme à la transition politique promise[4].

Le , les élections sont définitivement annulées et le , les activités politiques sont interdites. Entre-temps, Zia nomme un gouvernement de technocrates durant l'été 1978 puis devient officiellement président le alors que Fazal Elahi Chaudhry, le précédent chef de l’État, démissionne[5].

Références[modifier | modifier le code]

  • Autres références
  1. (en) « General Elections 1977 », sur storyofpakistan.com, (consulté le )
  2. (en) Ahsan Chaudhary, « Pakistan's Black Day », sur The Diplomat, (consulté le )
  3. (en) « A leaf from history: Zia’s martial law validated », sur Dawn.com, (consulté le )
  4. « 5 juillet 1977 : Renversement du gouvernement de Zulfikar Ali Bhutto au Pakistan », sur Perspective Monde (consulté le )
  5. (en) Annalisa Henderson et Isabel Miller, A Political Chronology of Central, South and East Asia, Ian Preston, , 320 p. (ISBN 978-1-85743-114-8, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]