Élections législatives libanaises de 2018

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Élections législatives libanaises de 2018
Corps électoral et résultats
Inscrits 3 746 746
Votants 1 861 203
49,68 %
Votes blancs 15 029
Hezbollah – Hassan Nasrallah
Voix 296 090
16,83 %
Sièges obtenus 13 en augmentation 1
Courant patriotique libre et alliés – Gebran Bassil
Voix 276 610
15,72 %
Sièges obtenus 29 en augmentation 11
Courant du futur et alliés – Saad Hariri
Voix 256 092
14,56 %
Sièges obtenus 20 en diminution 13
Mouvement Amal et alliés – Nabih Berri
Voix 204 205
11,61 %
Sièges obtenus 16 en augmentation 3
Forces libanaises et alliés – Samir Geagea
Voix 162 078
9,21 %
Sièges obtenus 15 en augmentation 7
Président du Conseil
Sortant Élu
Saad Hariri
Courant du futur
Saad Hariri
Courant du futur

Les élections législatives libanaises de 2018 se déroulent le au Liban afin de renouveler les 128 membres de la Chambre des députés pour un mandat de quatre ans.

Contexte[modifier | modifier le code]

Ces élections interviennent après cinq ans de report du scrutin dans un contexte de conflit entre les deux principaux bords politiques quant au soutien à assurer à Bachar el-Assad au cours de la guerre civile syrienne, aggravé, de 2011 à 2017, par son extension à une partie du territoire libanais. Le scrutin a également lieu six mois après la démission forcée du président du Conseil des ministres sortant, Saad Hariri, sous la pression de l'Arabie saoudite, crise finalement résolue après une médiation du président français Emmanuel Macron.

Système électoral[modifier | modifier le code]

Répartition des sièges par circonscription

La Chambre des députés est l'unique chambre du parlement libanais. À la suite d'un changement de la loi électorale en , ses 128 députés sont élus pour quatre ans au scrutin proportionnel dans quinze circonscriptions de cinq à treize sièges, dont sept circonscriptions subdivisées en districts électoraux. Les électeurs ont également la possibilité d'utiliser un vote préférentiel pour un candidat au sein de la liste qu'ils choisissent. L'ensemble des candidats doivent se regrouper dans ces dernières, composées d'un minimum de trois candidats, ce qui rend impossible les candidatures sans étiquette[1].

En accord avec la pratique libanaise du confessionnalisme politique, les communautés religieuses libanaises se répartissent des sièges réservés dans les différentes circonscription suivant leur poids démographique. La répartition des voix se fait à la proportionnelle. Une fois l'ensemble des bulletins de vote dépouillés, le total des votes valides dans chaque circonscription est divisé par le nombre de sièges à pourvoir, ce qui donne en voix le seuil électoral nécessaire pour qu'une liste obtienne un siège. La répartition des sièges se fait entre les listes ayant atteint ce quorum de manière proportionnelle selon le pourcentage de voix obtenu, puis au sein des listes en accord avec les quotas confessionnels et le nombre de votes préférentiels obtenus par les candidats[1].

Pour la première fois, les Libanais vivant à l'étranger sont autorisés à participer aux législatives. Bien que la diaspora libanaise soit évaluée à douze millions d’individus, soit le double de la population du Liban même, la plupart ne possèdent plus la nationalité, plusieurs décennies après les vagues d'émigrations ayant touché le pays, et seuls 82 000 s'inscrivent en 2017. En attendant la mise en application, lors des prochaines législatives en 2022, de la section de la nouvelle loi électorale devant leur attribuer six sièges à part, le vote de ces Libanais est comptabilisé dans leurs circonscription d'origine[1].

Campagne[modifier | modifier le code]

77 listes totalisant 976 candidats dont 111 femmes se présentent face aux électeurs[1],[2].

Analyses[modifier | modifier le code]

Pour le politologue Ali Mourad, « avant novembre 2017, on entendait parler de la fin du haririsme. Saad Hariri était vu comme un mou, ses rivaux se préparaient à prendre sa suite. Mais l'épisode saoudien, qui s'apparente à une tentative d'assassinat politique, lui a donné la légitimité qui lui manquait. Même s'il recueille moins de voix que lors des précédentes législatives, en 2009, on sait qu'il n'y a pas d'alternative. Ce sera lui le prochain chef de gouvernement. Le Hezbollah a besoin d'Hariri pour assurer la stabilité économique du pays et faire venir les investisseurs, estime Bassam Chabb. Le premier ministre a su se positionner comme la plaque tournante, le tampon entre les Occidentaux et le camp pro-Téhéran. » « Hariri arrange le Hezbollah, il lui permet de jouer son rôle régional sans être dérangé »[3].

Pour le journaliste Sami Kleib, « Le Hezbollah se considère comme le vainqueur de la guerre en Syrie. Il pourrait être tenté d'obtenir les dividendes politiques de cette victoire, en exigeant un accord de gouvernement encore plus à son avantage »[3].

Le , le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, appelle à constituer un « gouvernement d'union nationale »[4].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats des législatives libanaises de 2018[5]
Parti Votes % Sièges +/–
Hezbollah 296 090 16,83 13 en augmentation 1
Courant patriotique libre 142 002 8,07 18 en augmentation 8
Indépendants pro-CPL 98 488 5,60 6 en augmentation 2
Fédération révolutionnaire arménienne 13 726 0,78 3 en augmentation 1
Parti démocratique libanais 13 714 0,78 1 en diminution 1
Mouvement d'indépendance 8 680 0,49 1 en augmentation 1
Total Courant patriotique libre et alliés 276 610 15,72 29 en augmentation 11
Courant du futur 176 490 10,03 13 en diminution 11
Indépendants pro-CF 79 602 4,53 7 en diminution 2
Total Courant du futur et alliés 256 092 14,56 20 en diminution 13
Mouvement Amal 165 556 9,41 10 en augmentation 1
Indépendants pro-Mouvement Amal 38 643 2,20 6 en augmentation 2
Total Mouvement Amal et alliés 204 205 11,61 16 en augmentation 3
Forces libanaises 128 712 7,32 12 en augmentation 7
Indépendants pro-FL 33 366 1,90 3 en stagnation
Total Forces libanaises et alliés 162 078 9,21 15 en augmentation 7
Parti socialiste progressiste 88 268 5,02 9 en diminution 2
Indépendants pro- 47 130 2,68 2 en augmentation 2
Parti saaba 45 104 2,55 1 Nv.
Mouvement Azm 39 586 2,25 4 en augmentation 2
Phalanges libanaises 34 147 1,94 3 en diminution 2
Mouvement marada 31 206 1,77 3 en stagnation
Parti social nationaliste syrien 23 881 1,36 3 en augmentation 1
Parti de libération arabe 22 752 1,29 2 en augmentation 2
Association des projets de bienfaisance islamiques 18 759 1,07 1 en augmentation 1
Parti de l'union 15 111 0,86 1 en augmentation 1
Parti du dialogue national 14 777 0,84 1 en augmentation 1
Bloc Murr 12 866 0,73 1 en stagnation
Bloc El Khazen 10 029 0,57 2 Nv
Association nasseriste populaire 9 916 0,56 1 en augmentation 1
Parti socialiste arabe Baath 7 171 0,41 1 en stagnation
Autres partis 62 072 3,54 0 -
Listes indépendantes 81 224 4,62 0 -
Votes valides 1 759 068 96,53
Votes blancs et invalides 15 029 0,82
Votes sans préférences 48 197 2,65
Total des votes pris en compte 1 822 294 100 128 en stagnation
Bulletins non comptés 38 909 -
Total des votants / Participation 1 861 203 49,68
Abstention 1 885 543 50,32
Inscrits 3 746 746 100,00

Suites[modifier | modifier le code]

Le , après huit mois de tractations, Saad Hariri forme un nouveau gouvernement de coalition[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Législatives au Liban : proportionnelle, équilibre confessionnel... un système électoral complexe France24
  2. (en) Record Number of Women Register to Run in Parliamentary Elections naharnet
  3. a et b Benjamin Barthe, « Liban : le premier ministre Saad Hariri, revenant et favori des législatives », sur Le Monde, (consulté le )
  4. « Le Hezbollah appelle à la formation d'un gouvernement d'union nationale », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Ministère de l'intérieur
  6. « A bout de souffle, le Liban se dote d’un nouveau gouvernement », sur Le Monde.fr (consulté le )