Élection présidentielle française de 1913

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Élection présidentielle française de 1913
(réunion plénière)
(1er et 2e tours)
Corps électoral et résultats
Votants au 1er tour 873
Votants au 2d tour 874
Raymond Poincaré – PRD
Voix au 1er tour 429
49,42 %
Voix au 2e tour 483
55,97 %
Jules Pams – PRRRS
Voix au 1er tour 327
37,67 %
Voix au 2e tour 296
34,30 %
Édouard Vaillant – SFIO
Voix au 1er tour 63
7,26 %
Voix au 2e tour 69
7,99 %
Répartition des votes au second tour
Diagramme
  • Vaillant : 69
  • Pams : 296
  • Poincaré : 483
  • Ribot : 11
Président de la République
Sortant Élu
Armand Fallières
PRD
Raymond Poincaré
PRD

L'élection présidentielle française du vise à choisir le successeur d'Armand Fallières. Le président du Conseil Raymond Poincaré est élu au second tour de scrutin.

Contexte[modifier | modifier le code]

La présidence d'Armand Fallières, élu en 1906, est une ère politique marquée par des progrès importants : un ouvrier gagne en moyenne 1 100 francs net annuels ; les savoirs fondamentaux — lecture, écriture, calcul — constituent le bagage du plus grand nombre. En 1902, une réforme adapte l’enseignement secondaire aux nécessités de la vie moderne en attribuant une plus grande place aux sciences et aux langues étrangères ; après le certificat d’études, plus de la moitié des enfants entrent dans la vie active dès treize ou quatorze ans.

Ceci étant, c'est sous la présidence de Fallières que le gouvernement de Georges Clemenceau, « le briseur de grèves », réprime durement certains mouvements, comme la révolte des vignerons du Languedoc. C'est également sous la présidence d'Armand Fallières et sous le gouvernement du même Clemenceau que les forces de police sont modernisées, notamment par la création des « Brigades du Tigre ».

Le mandat présidentiel de Fallières se termine en 1913. Après réflexion, le chef de l'État sortant choisit de ne pas se représenter pour un second mandat de sept ans, justifiant sa décision par la phrase : « la place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement »[1].

Candidatures potentielles[modifier | modifier le code]

Parti républicain démocratique (PRD)[modifier | modifier le code]

Alors que le septennat de Fallières touche à sa fin, Poincaré se présente comme candidat à la présidentielle. Le président du Conseil est en lice face au président de la Chambre des députés, Paul Deschanel, qui est du même parti que Poincaré, et au président du Sénat, Antonin Dubost.

Les candidats potentiels pour le parti sont au nombre de quatre :

C'est finalement Poincaré qui est désigné comme candidat officiel après le renoncement de ses trois concurrents.

Radicaux[modifier | modifier le code]

Avec Clemenceau et Joseph Caillaux, les radicaux soutiennent Jules Pams, le ministre de l'Agriculture, une personnalité considérée comme effacée et dont la candidature vise essentiellement à contrer Poincaré[2]. Dans le camp radical, seul Théophile Delcassé, radical indépendant, conteste le choix de Pams mais renonce finalement à se présenter.

Autres[modifier | modifier le code]

Du côté de la droite conservatrice, le favori et candidat naturel est Alexandre Ribot, membre de la Fédération républicaine, sénateur du Pas-de-Calais, membre de l’Académie française et ancien président du Conseil. À gauche, les socialistes se trouvent un candidat en la personne d'Édouard Vaillant, membre du SFIO. Quelques candidatures « fantaisistes » extraparlementaires sont évoquées dans la presse à titre d'anecdotes. Pour la première fois, une femme se porte ainsi candidate à la présidence de la République : il s'agit de Marie Denizard, engagée depuis plusieurs années en faveur du droit de vote des femmes ; cette candidature de témoignage, médiatisée par le journaliste Fernand Hauser[3], reste toutefois en marge des mouvements féministes de l'époque.

Scrutin préparatoire[modifier | modifier le code]

Selon la tradition républicaine, un scrutin préparatoire a lieu entre le 15 et le 16 janvier 1913 pour choisir le candidat du « camp républicain ». La plupart des républicains modérés de centre droit et de droite, ainsi que les socialistes, comme Vaillant (alors classés à l'extrême gauche), refusent toutefois d'y participer[2].

Résultats du scrutin préparatoire[4],[5]
Candidats Partis Premier tour Second tour Troisième tour
Voix % Voix % Voix %
Raymond Poincaré PRD 180 28,89 274 44,19 309 48,13
Jules Pams PR 176 28,25 283 45,64 322 50,16
Antonin Dubost[a] PRD 107 17,17 10 1,61 0 0,00
Paul Deschanel[a] PRD 83 13,32 22 3,55 1 0,16
Alexandre Ribot[a] FR 52 8,35 25 4,03 11 1,71
Jean Dupuy[b] PRD 19 3,05 7 1,13 0 0,00
Théophile Delcassé [b] RI 6 0,96 3 0,48 1 0,16
Votes valides 623 98,89 620 98,73 642 98,77
Votes blancs et nuls 7 1,11 8 1,27 5 1,23
Total 630 100 628 100 650 100
Abstention 108 14,64 110 14,91 88 11,92
Inscrits / participation 738 85,36 738 85,09 738 88,08

Au troisième tour, Jules Pams l'emporte de 13 voix face à Raymond Poincaré[2]. La discipline républicaine aurait alors voulu que ce dernier se retirât : c'est d’ailleurs ce que lui demandait une délégation conduite par les radicaux Émile Combes et Clemenceau. Mais le président du Conseil refuse, sachant que lors du vote de l’Assemblée nationale, il serait soutenu par les modérés de centre droit et de la droite.

Élection présidentielle[modifier | modifier le code]

Résultats de l'élection présidentielle[6]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Raymond Poincaré PRD 429 49,42 483 55,97
Jules Pams PR 327 37,67 296 34,30
Édouard Vaillant SFIO 63 7,26 69 7,99
Paul Deschanel ARD 18 2,07
Alexandre Ribot FR 16 1,84
Autres candidats 13 1,50
Votes valides 868 99,43 863 98,74
Votes blancs et nuls 5 0,57 11 1,26
Total 873 100 874 100
Abstention ? ?
Inscrits / participation ? ?

Analyse[modifier | modifier le code]

À Versailles, Raymond Poincaré est élu président de la République au second tour face à Pams. Clemenceau conservera une rancune tenace contre Poincaré pour n'avoir pas s’être plié à la « discipline républicaine », que lui-même respectera lors de l'élection présidentielle de 1920. Poincaré prend ses fonctions le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Retire sa candidature après le premier tour
  2. a et b Ne dépose pas de candidature

Référence[modifier | modifier le code]

  1. Bertrand Meyer-Stabley, Les dames de l'Élysée - Celles d'hier et de demain, Paris, Librairie Académique Perrin.
  2. a b et c Michel Winock, Clemenceau, éd. Perrin, 2007, p. 388
  3. Le Journal, 4 janvier 1913, p. 1.
  4. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le ).
  5. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le ).
  6. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (ISSN 0182-5852, consulté le ).