Église Saint-Majan de Villemagne-l'Argentière

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Église Saint-Majan de Villemagne-l'Argentière
Présentation
Type
Diocèse
Paroisse
Paroisse Notre-Dame-des-Lumières (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dédicataire
Saint Majan
Religion
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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L'église Saint-Majan de Villemagne-l'Argentière est une église catholique située à Villemagne-l'Argentière, en France[1].

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église est située sur la commune de Villemagne-l'Argentière dans le département français de l'Hérault et la région Languedoc-Roussillon.

Historique[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Villemagne a été fondée dans un lieu-dit qui se nommait à l'origine Cogne ou Cognense.

L'abbaye de Villemagne apparaît dans la liste des monastères impériaux dressée en 817 au cours du concile d'Aix-la-Chapelle. Son origine est inconnue. Le mauriste dom Claude Estiennot a donné, sans preuves, pour fondateurs les abbés Clarinus Lubila dont Théodulf parle dans ses poèmes. Cette fondation par Clarinus daterait de la fin du VIIe siècle. Le monastère a été détruit par les Sarrasins quand ils ont envahi la Septimanie et rétabli par Charlemagne L'abbaye a d'abord été dédiée à saint Martin.

L'abbaye a ajouté la dédicace à saint Majan, confesseur et martyr, en 893, après le vol par deux moines du monastère de Cogne (Cognense monasterium), Sulsani et Centulle, des reliques du saint à Lombez. Ce vol a été fait au cours de l'épiscopat de Théodard de Narbonne, évêque de Narbonne, et Agilbert de Béziers, probablement en 892[2]. La relation de ce transfert donne le nom du premier abbé connu, Vénérand.

Au Xe siècle, les vicomtes de Narbonne ont donné plusieurs reliques à l'abbaye. Celle-ci se trouvant à proximité de la Via Tolosana du chemin de Saint-Jacques, l'abbaye a attiré des pèlerins venus vénérer les reliques de saint Majan.

En 1156, le roi Louis VII a autorisé l'abbé à mettre en défense l'abbaye et ses dépendances[3]. Philippe II Auguste renouvelle cette autorisation en 1212. Au XIIe siècle, l'abbaye dépend de Roger II Trencavel, vicomtes de Carcassonne et de Béziers, et d'Ermengarde de Narbonne. Ils signent un accord en 1164 pour se partager les revenus des mines de plomb argentifère[4].

Une église est construite au XIIe siècle avec une tour-clocher défensive. Au XIIIe siècle, l'église est reconstruite plus au sud, côté est du cloître, en élargissant le nef unique. L'abside à 7 pans du chœur avec cinq chapelles entre les contreforts a été construite un siècle plus tard.

Le chevet et la façade sud de l'église
(Médiathèque du patrimoine)

Les grandes compagnies et les troupes du prince Noir ravagent le Languedoc dans la seconde moitié du XIVe siècle nécessitant de fortifier l'église. Une lettre du pape Grégoire XI indique qu'en 1373, l'abbé de Villemagne, Pons, demandait une aide contre les routiers qui assiégeaient la ville. Pour se défendre, les religieux ont bouché les fenêtres de la base jusqu'au larmier médian et en construisant des arcs brisés portant un parapet crénelé en avant d'un chemin de ronde entre les contreforts permettant de protéger la base des murs.

Grâce aux mines d'argent, l'abbaye a prospéré jusqu'en 1560. En 1562, Claude de Narbonne-Caylus, baron de Faugères et de Lunas, à la tête des huguenots du Languedoc, s'empare de l'abbaye. Les protestants la pillent, brûlent les archives et détruisent des bâtiments. Les désordres internes et les guerres de Religion ont entraîné la ruine et la désertion de l'abbaye. Les moines se sont réfugiés à Saint-Maur, près de Paris.

Les religieux reviennent en 1661. Entre-temps, ils ont demandé un devis pour la restauration de l'abbaye, en 1638, à un architecte de Toulouse, frère Denis Louvier. Jules Renouvier donne le texte de ce devis qui commence par une citation du premier livre des Macchabées (I. Machab.4.37-38) « vederunt sanctificationem desertam altare profanatum, et portas exustas, et in atriis virgulta nata sicut in saltu vel in montibus » (En voyant le sanctuaire désert, l'autel profané, les portes brûlées, des arbrisseaux croissant dans le parvis comme dans un bois ou sur les montagnes) pour décrire l'état de l'abbaye quand il l'a visité pour établir son devis. L'église n'a plus de voûte. La nef est en ruine. Il propose de ne pas reconstruire la nef car son coût serait trop important et de se contenter de construire un mur pignon pour fermer l'église au droit du clocher et d'utiliser la pierre plutôt que le bois pour refaire la couverture car elle est en abondance dans le pays[5].

L'abbaye est restée indépendante jusqu'à ce qu'elle rejoigne la congrégation de Saint-Maur en 1663. Ce qu'il reste de l'église, deux travées de la nef et l'abside, est restaurée. L'église est fermée à l'ouest par une nouvelle façade. Les bâtiments monastiques ont été reconstruits dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.

Il reste six moines dans l'abbaye quand ils doivent la quitter, le . Elle est vendue comme bien national le . L'église Saint-Majan a été vendue au verrier Giral qui y installe un four à verre.

Pour protéger l'église contre les crues de la Mare, le sol de l'église est rehaussé pendant le Premier Empire. Les fouilles ont montré que le sol initial se trouvait à 2,06 m au-dessous du sol actuel. Après la crue de la Mare du , l'église Saint-Grégoire est inondée et dégradée. Elle est abandonnée. La commune a racheté l'église Saint-Méjan, en 1820, pour en faire l'église paroissiale.

Protection[modifier | modifier le code]

L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1921[1].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Eglise paroissiale Saint-Majan », notice no PA00103752, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Claude Devic, Joseph Vaissète, « Livre XI. LIV. Translation des reliques de S. Majan à l'abbaye de Villemagne », dans Histoire générale de Languedoc, 1872, tome 3, p. 53 (lire en ligne)
  3. Claude Devic, Joseph Vaissète, « Livre XVIII. XXXII. Naissance de Raymond VI, comte de Toulouse. Diplôme du roi Louis le Jeune en faveur des églises de Maguelonne et d'Uzès », dans Histoire générale de Languedoc, 1872, tome 3, p. 804 (lire en ligne)
  4. Claude Devic, Joseph Vaissète, « Livre XVIII. LXVIII. Accord entre Trencavel & la vicomtesse de Narbonne au sujet des mines d'argent de leur domaine. Diffrens actes de ce dernier », dans Histoire générale de Languedoc, 1872, tome 3, p. 850-851 (lire en ligne)
  5. Jules Renouvier, Villemagne, p. 16-18 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Par ordre chronologique :

  • [Renouvier 1840] Jules Renouvier, « Histoire, antiquité et architectonique de l'abbaye de Villemagne et du prieuré de Saint-Pierre-de-Rèdes », dans Monumens de quelques anciens diocèses de Bas-Languedoc, expliqués, dans leur histoire et leur architecture, Montpellier, typographie Vve Picot, , 1-18 p. (lire en ligne) et 5 planches.
  • [Fisquet 1864] Honoré Fisquet, « Abbaye de Villemagne-l'Argentière », dans La France pontificale, histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 18 provinces ecclésiastique. Métropole d'Avignon. Montpellier, 2e partie contenant Béziers, Lodève, Saint-Pons de Tomières, Paris, Étienne Repos libraire-éditeur, (lire en ligne), p. 253-269
  • [Devic 1872] Claude Devic et Joseph Vaissète, « Notre CXIV : Abbaye de Villemagne l'Argentière », dans Histoire générale de Languedoc, t. 4, Toulouse, Édouard Privat libraire-éditeur, (lire en ligne), p. 575-580 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Rey 1950] Raymond Rey, « Villemagne-L'Argentière :Église Saint-Majan », dans Congrès archéologique de France. 108e session. Montpellier. 1950, Paris, Société française d'archéologie, , 357 p. (lire en ligne), p. 253-255
  • [Pérouse 1996] Jean-Marie Pérouse de Montclos (sous la direction), « Villemagne : Abbaye et église Saint-Majan », dans Le guide du patrimoine Languedoc Roussillon, Paris, Hachette, , 606 p. (ISBN 978-2-01-242333-6), p. 564-565 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Robin 1999] Françoise Robin, Midi gothique : de Béziers à Avignon, Paris, Picard éditeur, , 389 p. (ISBN 2-7084-0549-7), p. 48, 49, 56-59, 71, 73, 284
  • [Dumont 1999] Étienne Dumont, « Histoire de l’abbaye Saint-Martin-et-Majan et des églises de Villemagne-l’Argentière », Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, 9e série, vol. 4,‎ , p. 7-20 (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Dumont 2003] Étienne Dumont, « Nouvelles découvertes à l'abbaye de Villemagne-l'Argentière », Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, 9e série, vol. 8,‎ , p. 13-15 (lire en ligne)
  • [Journot 2013] Florence Journot, Le bourg abbatial de Villemagne-l'Argentière (Hérault) : dynamique économique et commande monumentale XIe – XIVe siècles, Oxford, BAR Publishing, , 257 p. (ISBN 978-1-4073-1182-1)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]