Âge d'or de l'alpinisme

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Les frères Bisson en 1862.

L’âge d'or de l'alpinisme, ou âge d'or de la conquête des Alpes est une expression qui désigne généralement la seconde moitié du XIXe siècle, période pendant laquelle la plupart des grands sommets des Alpes ont été gravis. Cette expression est due à l'alpiniste et historien de la montagne américain W. A. B. Coolidge, pour qui elle recouvre plus précisément les onze années entre l'ascension du Wetterhorn par Alfred Wills le , et celle du Cervin par Edward Whymper le .

Pour Sylvain Jouty, cette « expression, anglocentrée, perd cependant beaucoup de sa pertinence dès que l'on considère les premières ascensions effectuées par les Suisses (Studer), les Autrichiens (Stanig, Thurwieser), voire les Français (Puiseux)[1] ». Mais par ailleurs, s'il est difficile de dater la naissance de l'alpinisme dans l'absolu, « [en] tant que sport et en tant que phénomène social, l'alpinisme naît incontestablement vers 1860, lors de ce qu'on appela son âge d'or : fondation des clubs alpins, naissance en différents pays de groupes sociaux intéressés par l'alpinisme pour lui-même sans justification scientifique, invention du concept de première, accomplie pour elle-même, sans qu'aucun autre intérêt particulier ne la nécessite ; apparition du métier de guide de haute montagne, apparition, aussi, d'une véritable idéologie alpine : recherche du « jamais fait » et de la difficulté, équipement de la haute montagne (refuges, sentiers […]), éclosion d'une littérature spécifique (livres et revues)[2] ».

Trevor Braham dénombre durant cette période trente-six premières ascensions de sommets de plus de 4 000 m (parmi lesquels trente de la liste officielle des 82 sommets principaux établie par l'UIAA en 1994), dont trente-et-une par des équipes britanniques (menées généralement par des guides suisses ou chamoniards), largement impliquées dans l'ascension de cent vingt sommets moins élevés — il n'y avait eu auparavant que 134 sommets gravis, dont seulement huit de plus de 4 000 mètres (la liste UIAA en recense quatorze, dont six sommets du mont Rose)[3].

L'alpiniste et historien anglais Arnold Lunn, dans son ouvrage A Century of Mountaineering (1957) reprend l'idée d'un âge d'argent pour la période qui va de 1865 à 1888, de la conquête du Cervin à celle de la dent du Géant[4].

Chronologie des premières ascensions[modifier | modifier le code]

Avant le Wetterhorn de Wills[modifier | modifier le code]

  •  : Strahlhorn (4 190 m), par Christopher, Edmund et James Grenville Smyth avec Ulrich Lauener et Franz-Josef Andenmatten ;
  •  : Ostspitze, (4 634 m) par Christopher, Edmund et James Grenville Smyth.

Âge d'or[modifier | modifier le code]

Cet âge d'or est également marqué par l'accroissement des premières, quinze en 1861, dix-sept en 1863, quarante-trois en 1865[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Omnibus, 2009, « Âge d'or ».
  2. Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Omnibus, 2009, « Alpinisme ».
  3. Braham 2004.
  4. Arnold Lunn A century of mountaineering, 1857-1957, Allen & Unwin, 1957, p. 82-85.
  5. Imaginaires de la haute montagne, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, , p. 100.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) C. D. Cunningham et W. de Wiveleslie Abney The Pioneers of the Alps, S. Low, 1887
  • (en) Ronald W. Clark, The Early Alpine Guides, Scribner, 1949
  • (en) Claire Éliane Engel, A History of Mountaineering in the Alps, Greenwood Press, 1950
  • (en) Ronald W. Clark, The Victorian Mountaineers, B.T. Batsford, 1953 [1]
  • (en) Arnold Lunn, A century of mountaineering, 1857-1957, Allen & Unwin, 1957
  • (en) Ronald W. Clark, The Alps, Knopf, 1973 [2]
  • Michel Tailland, Les alpinistes victoriens, Presses Universitaires du Septentrion, 1997
  • (en) Fergus Fleming, Killing Dragons : The Conquest of the Alps, Atlantic Monthly Press, 2002
  • (en) Trevor Braham, When The Alps Cast Their Spell : Mountaineers Of The Alpine Golden Age, Neil Wilson Publishing,
  • Peter H. Hansen, « Albert Smith, l'Alpine Club, et l'invention de l'alpinisme au milieu de l'ère Victorienne », STAPS, 2000, no 51 (120 p.) (2 p.1/2), p. 7-27 pdf

Autres âges d'or[modifier | modifier le code]

  • Henri Isselin, L'âge d'or de l'alpinisme : 1919-1950, Arthaud, 1983 (critique, Montagne et Alpinisme no 2 - 1984