Pierre Pascal

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Pierre Pascal
Pierre Pascal dans L'Humanité du 21 juillet 1922.
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Charles Pascal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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La Contemporaine (F delta res 0883, F delta res 0935)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Pierre Pascal, né le à Issoire et mort le à Neuilly-sur-Seine[2], est un essayiste et historien français, slaviste et spécialiste de la Russie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pierre Pascal est né le à Issoire de parents laïcs d'ascendance Auvergnate[3]. Son père est professeur de latin au lycée Janson-de-Sailly, après une carrière en province. Sa mère provient d'une famille plus aisée issue de la bourgeoisie issoirienne.

Pierre est élève au lycée Hoche de Versailles, puis aux lycées Janson-de-Sailly et Louis-le-Grand à Paris[4]. Au lycée Janson-de-Sailly, il suit des cours de russe et il se rend dans ce cadre à plusieurs reprises en voyage d'étude en Russie[5].

Il passe ensuite à l'École normale supérieure de Paris (1910), où il découvre la foi par ses lectures de Bossuet et devient un fervent catholique[5]. Il tombe amoureux de la langue russe après avoir reçu comme prix scolaire le livre « Au pays russe » de Jules Legras. Voulant défendre l'alliance franco-russe, il est nommé lieutenant en 1916 à la mission militaire française en Russie après avoir été blessé deux fois au front pendant la Première Guerre mondiale. Il est proche de l'orthodoxie et partisan de l'union des deux Églises, une position rare à l'époque [6].

Fasciné par l'austérité et le caractère vertueux des militants anarchistes et bolchéviques, il se lie avec eux en Russie. Dès les débuts de la Révolution russe de 1917, il se rapproche de Lénine et devient l'un de ses collaborateurs. Il fonde en 1918 le groupe communiste français qui rassemble quelques dizaines de personnes tout au plus, avec des degrés d'engagement variables, tel que Jacques Sadoul ou Jeanne Labourbe. Il se veut « bolchévique catholique[7] ». Il désobéit aux ordres qui mettent fin à sa mission et lui imposent de rentrer en France après le Traité de Brest-Litovsk[6]. Il subit aussi, en URSS, un certain nombre d'ennuis pour son catholicisme[6]. Ainsi, en 1920, un tribunal du parti dirigé par Nikolaï Boukharine se penche sur sa volonté de concilier communisme et christianisme[5].

En 1921, il se lie avec une secrétaire-dactylo de l'Internationale, Evgenia Roussakova, dont la sœur Liouba est la compagne de Victor Serge. Travaillant dans l'administration du régime, il se rend rapidement compte de sa brutalité. Il rédige de nombreuses notes qu'il envoie en France. Au début des années 1930, la répression stalinienne se resserre autour de ses amis et de la famille de sa femme, ce qui l'incite à revenir en France[8]. Il a pu rapporter ses archives.

Rentré à Paris avec sa femme Evgenia en mars 1933 et réhabilité, il devient traducteur d'ouvrages russes, notamment de Dostoïevski, au sujet duquel il publie aussi des analyses d'œuvres. Devenu professeur à l'École nationale des langues orientales vivantes puis à la Sorbonne, il quitte publiquement la mouvance communiste au moment des purges staliniennes (1936-1937). Il se consacre alors à ses traductions et à l'écriture de livres sur l'histoire de la Russie, notamment sur les aspects religieux. Il revient aussi sur son parcours aux côtés des bolchéviques dans ses Mémoires.

Dans les années 1950-1970, il soutient plusieurs dissidents (Pasternak, Soljenitsyne...). Il joue ainsi, selon l'historienne Sophie Cœuré, "un rôle important dans l'antitotalitarisme français"[5].

Il meurt le (à 92 ans) à Neuilly-sur-Seine, sans être jamais retourné en Union soviétique depuis 1933[5],[9].

Œuvre (liste non exhaustive)[modifier | modifier le code]

Œuvres de Pierre Pascal[modifier | modifier le code]

Traductions d'œuvres russes[modifier | modifier le code]

Prix Langlois de l’Académie française en 1964.

À propos de Dostoïevski[modifier | modifier le code]

Sur le communisme en Russie[modifier | modifier le code]

  • En Russie rouge, Librairie de L'Humanité, 1921.
  • Mon journal de Russie, Éditions L'Âge d'Homme, 1975-1977 (4 volumes : I 1916-1918, II En communisme, III Mon État d'âme, IV Russie 1927)[10].
  • Pages choisies de Lénine, Traduction, introduction et notes de Pierre Pascal, Éditions Les bons caractères, 2017 (3 volumes : I 1893-1904 La campagne pour le programme, la tactique et l'organisation du parti, II 1904-1914 Le parti bolchévik en action, III 1914-octobre 1917 Pendant la guerre).
  • Journal de Russie, 1928-1929, Édité par Jacques Catteau, Sophie Cœuré et Julie Bouvard, Éditions Noir sur Blanc, 784 pages.

Sur l'histoire de la Russie[modifier | modifier le code]

  • Avvakum et les débuts du raskol : la crise religieuse au XVIIe siècle en Russie, 1938.
  • Histoire de la Russie des origines à 1917, PUF, 1946.
  • La Religion du peuple russe, L'Âge d'Homme, 1969-1973.
  • Civilisation paysanne en Russie, L'Âge d'Homme, 1969.
  • La Révolte de Pougatchëv, Gallimard, 1973.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-681 » (consulté le )
  2. Archives départementales du Puy-de-Dôme, commune d'Issoire, année 1890, acte de naissance no 70 (avec mention marginale de décès).
  3. Pascal a assemblé lui-même une archive sur sa famille, conservée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), archives Pascal, F delta res 883. Ses souvenirs sur son père furent publiés dans Mon père Pierre Pascal, in Revue des études slaves t. 54, no. 1-2, 1982, p. 11-17. Ces références citées in Sophie Coeuré, Pierre Pascal : La Russie entre christianisme et communisme (Lausanne, éditions noir et blanc, 2014).
  4. Avant-propos , André Mazon Revue des études slaves, 1961.
  5. a b c d et e Sophie Coeuré, « Pierre Pascal. Le "catho" qui a rencontré Lénine », L'Histoire, no 417,‎ , p. 36-37.
  6. a b et c François Furet, Le passé d'une illusion, Paris, Robert Laffont, 2003.
  7. Georges Nivat, Vivre en Russe, p. 12.
  8. Pierre Pachet, Aux aguets. Essais sur la conscience et l'histoire, Maurice Nadeau, , p. 136.
  9. Russie-Europe: la fin du schisme : études littéraires et politiques p. 263, Georges Michel Nivat.
  10. Émile Poulat, « Pascal (Pierre) Mon Journal de Russie. T. II: En communisme (1918-1921); T.III: Mon état d'âme (1922-1926) T.IV: Russie 1927 (1927) [compte-rendu] », Archives de sciences sociales des religions, nos 56-2,‎ , p. 291 (lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sophie Cœuré, Pierre Pascal. La Russie entre christianisme et communisme, éditions Noir sur Blanc, 2014.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Archives[modifier | modifier le code]