Pierre Bousquet

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Pierre Bousquet
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Pierre Émile BousquetVoir et modifier les données sur Wikidata
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Pierre Émile Bousquet, né le à Tours (Indre-et-Loire) et mort le à Paris, est un homme politique et journaliste français.

Waffen-SS au sein de la Division Charlemagne devenu une personnalité de l’extrême droite française, il est le premier trésorier du Front national dont il dépose les statuts avec Jean-Marie Le Pen en 1972, avant de quitter le parti à la fin de l’année 1980.

Il participe enfin à la fondation du Parti nationaliste français en 1983.

Biographie[modifier | modifier le code]

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Pierre Bousquet est le fils d'Émile Georges Bousquet, capitaine du Génie et de Simone Olga Dufresne, sans profession à la naissance. Il grandit en Alsace, où il est éduqué en alsacien par sa grand-mère jusqu'à ses 5 ans. Il a ensuite du mal à s'adapter au français[1],[2].

Il a exercé les professions d'encaisseur, puis de directeur commercial aux halles de Rungis[1].

Avant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Membre du Parti franciste à partir de 1935[2], il devient délégué général du bureau de commandement de la Jeunesse franciste en 1941.

En 1939, il participe aux dernières heures de la guerre d'Espagne. La même année, il est emprisonné pour avoir distribué à Orléans des tracts s'opposant à la guerre contre l'Allemagne. Il s'engage dans les Forces armées françaises afin de sortir de prison[2].

SS et emprisonnement[modifier | modifier le code]

Il intègre la Waffen-SS le 31 août 1943[2].

Caporal (Rottenführer) de la 33e division de grenadiers SS Charlemagne[3], membre de la Kampfschule de Wilhelm Weber (en), il fait partie des 300 Français qui combattront les Russes en avril 1945 dans la capitale allemande. Pierre Bousquet est présenté dans l'ouvrage de Jean Mabire La Division Frankreich sous le pseudonyme de Pierre Mousquet.

Il se fait passer à la chute de l'Allemagne nazie pour un travailleur du STO auprès des troupes américaines, et réussit à se faire affecter à l’arrestation et au renvoi vers la France des collaborateurs[4].

À la Libération, il est condamné à mort, mais sa peine est commuée en 3 ans de prison par un juge ami de sa famille, et il n'effectue que deux ans et demi de prison[1],[2].

Militantisme à l'extrême droite après guerre[modifier | modifier le code]

En 1946, il tente, avec d'autres anciens Waffen-SS français, d'intégrer des organisations anti-communistes[4]. Il intègre le groupe Freddy mené par Alfred Douroux, constitué d'anciens nazis rêvant de continuer l'action. Leur cache d'armes révélée, Bousquet se rend à la police et écope d'une forte amende pour reconstitution de ligue dissoute. Il abandonne ensuite momentanément le militantisme et n'est plus que membre de la HIAG[2].

Cadre de Jeune Nation de 1956 à 1958, il est écroué en 1960 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l'État » et « reconstitution de ligue dissoute », aux côtés notamment de François Duprat[5].

Lors de l'élection présidentielle de 1965, il participe à la direction de la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour[2].

Il rejoint l'équipe d'Europe-Action en 1963, et devient à ce titre un des principaux animateurs du Mouvement nationaliste du progrès — créé en 1966 à cause de désaccords avec Jean-Louis Tixier-Vignancour[6] —, puis de son émanation le Rassemblement européen de la liberté (REL), dont il est exclu en [7].

Après la dispersion de ce dernier il participe l'année suivante à la création du journal Militant, puis en 1970 à celle du Parti national populaire (PNP), dont il est secrétaire général et Roger Holeindre président[8]. Le PNP fusionne l’année suivante dans le Parti de l'unité française (PUF)[9].

Membre fondateur du Front national[modifier | modifier le code]

Proche de Georges Bidault[10], Pierre Bousquet dépose les statuts du Front national avec son premier président, Jean-Marie Le Pen, à sa fondation en 1972[4]. Il est membre du premier bureau politique du parti, et son premier trésorier pendant neuf ans[3]. Au sein du FN, il ne soutient pas Jean-Marie Le Pen mais François Duprat[2].

Il est candidat aux élections législatives de 1978 dans la 9e circonscription de Paris[11].

Il quitte le FN en 1980, estimant que depuis l'assassinat de Duprat, Israël tiendrait Le Pen[4].

À son sujet, Jean-Marie Le Pen déclare en 1984 : « M. Bousquet a peut-être eu les responsabilités que vous dites, il a peut-être été un ancien SS mais moi je suis de ceux qui sont pour la réconciliation des Français... »[12].

Après son départ du FN[modifier | modifier le code]

Dissident du FN lepéniste, Pierre Bousquet est en 1983 l'un des fondateurs du Parti nationaliste français (PNF).

En 1986, il déclare « ne pas » considérer son passé SS « comme une erreur de jeunesse », précisant toutefois : « en admettant — je dis bien en admettant — qu'il y ait eu des chambres à gaz et des tortures, je les condamne[1]. » Il affirme continuer à militer « pour l'Europe blanche, de Brest à Vladivostok[1] ».

Serge Ayoub a été proche de lui à partir de 1987[13].

Il meurt le . Sont présents à ses obsèques Roland Gaucher et Roger Holeindre[14].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est paganiste[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « "Jean-Marie Le Pen est un réformiste qui se trompe car la démocratie n'est pas amendable..." », sur lemonde.fr, .
  2. a b c d e f g et h Nicolas Lebourg, « 50 ans du FN-RN : l’histoire secrète du Waffen-SS qui déposa les premiers statuts du parti » Accès payant, sur Mediapart, (consulté le )
  3. a et b « Le Pen et ses fantômes », dans Le Point, no 1546, 3 mai 2002
  4. a b c et d « Les anciens SS ont reconstruit l'extrême droite française après 1945 », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Six membres de Jeune Nation parmi lesquels les incendiaires de la rue Racine sont écroués à la Sante », sur lemonde.fr, .
  6. « Nouvelle scission au sein du mouvement animé par M. Tixier-Vignancour », sur lemonde.fr, .
  7. « Rassemblement Européen de la Liberté (REL) », sur france-politique.fr (consulté le ).
  8. Laurent de Boissieu, « Parti national populaire (PNP) 1970 », sur france-politique.fr (consulté le ).
  9. Laurent de Boissieu, « Parti de l'unité française (PUF) », sur france-politique.fr (consulté le ).
  10. Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg, « Les numéros deux du FN (4/4) : Louis Aliot, le mariniste », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  11. « Mme Scrivener ne se présentera pas », sur lemonde.fr, .
  12. Jean-Marie Le Pen, février 1984, Heure de vérité à Antenne 2. Cité par Pierre Milza, « Le Front national crée-t-il une culture politique? », dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, No. 44, Numéro spécial: « La culture politique. En France depuis de Gaulle » (oct.-déc., 1994), p. 41, note 2.
  13. Frédéric Haziza, Vol au-dessus d'un nid de fachos : Dieudonné, Soral, Ayoub et les autres, Paris, Fayard, , 180 p. (ISBN 978-2-213-68105-4, lire en ligne).
  14. « Front national : François Brigneau, un mort encombrant », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Entre mouvements ultras et partis traditionnels, des frontières parfois floues », sur lemonde.fr, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Isabelle Ziegler et Roland Lewin (dir.), Pierre Bousquet et le Parti nationaliste français : du francisme à nos jours, mémoire et histoire d'un apparatchik fasciste français (mémoire pour le diplôme de l'Institut d'études politiques de Grenoble), Grenoble, Institut d'études politiques de Grenoble, , 217 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]