Felix Rohatyn

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Felix Rohatyn
Fonction
Ambassadeur des États-Unis en France
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 91 ans)
New YorkVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Middlebury College
McBurney School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Distinctions
Freedom Award ()
Commandeur de la Légion d'honneur‎ ()
Great Immigrants Award (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Felix George Rohatyn, né le à Vienne (Autriche) et mort le à New York (États-Unis), est un banquier et diplomate américain.

Il a travaillé dans plusieurs groupes bancaires et a été ambassadeur des États-Unis en France de 1997 à 2000.

Biographie[modifier | modifier le code]

Felix Rohatyn naît à Vienne, fils unique d'Alexander Rohatyn, brasseur d'origine juive polonaise et d'Edith Knoll, fille d'un banquier autrichien[1]. Pour échapper à la montée du nazisme et de l'antisémitisme à Vienne, la famille s'exile en Roumanie[2], revient à Vienne puis part pour la France en 1934, après l'assassinat du chancelier Dollfuss. Résidant d'abord à Orléans, où son père devient gérant de brasserie, puis à Paris en 1937, à la suite du divorce de ses parents, il est élève au lycée Janson-de-Sailly[2], où il obtient un prix d'excellence en 1938[3]. En 1942, sous l'Occupation, il s'exile à nouveau, grâce à l'ambassadeur Luiz Martins de Souza Dantas qui permet à 400 juifs de quitter la France[3]. D'abord réfugié au Brésil, à Rio de Janeiro, il obtient un visa pour les États-Unis, pays où il est naturalisé en 1948[3]. Après ses études au Middlebury College (Vermont) et au Middlebury College où il obtient son diplôme de physique en 1949[3], il effectue son service militaire comme sergent dans l'infanterie américaine en Allemagne de 1951 à 1953[1].

Un banquier d'affaires[modifier | modifier le code]

Parlant anglais, allemand, portugais et français, il rejoint comme stagiaire à 20 ans la banque Lazard Frères et travaille sous la direction du banquier français André Meyer. Il devient associé en 1961, puis Managing Director (directeur de la branche américaine de Lazard) jusqu'en 1997, date à laquelle il est nommé ambassadeur à Paris.

Felix Rohatyn a appartenu à la Conférence des gouverneurs du New York Stock Exchange de 1968 à 1972. Néanmoins, il critique « la vision à courte vue » des banquiers d'affaires et se déclare partisan d'un intervention active de l'État dans l'économie. Rohatyn siège par ailleurs au conseil d'administration de la firme ITT lorsque celle-ci s'implique activement, avec la CIA, contre Salvador Allende pour déstabiliser l'économie chilienne, prélude au coup d'Etat du 11 septembre 1973 [3]; cela lui sera reproché par la suite [3].

Outre son activité professionnelle, il a dirigé pendant dix-huit ans le bureau d'aide sociale de New York (1975-1993)[réf. nécessaire]. De plus, il a acquis une notoriété nationale dans les années 1970 pour avoir restructuré la dette de cette ville en tant que président, à partir de 1975, du Municipal Assistance Corporation (en) [3], organisme qu'il contribue à fonder, et jugulé la crise budgétaire de New York.

Une entrée en politique par la diplomatie[modifier | modifier le code]

Bien que proche de Bill Clinton, élu président en 1992, Felix Rohatyn n'est pas nommé secrétaire au Trésor, Robert Rubin lui étant préféré; Rohatyn avait soutenu la candidature indépendante de Ross Perot [3]. Après lui avoir proposé la vice-présidence de la FED[4], où sa candidature est refusée par les sénateurs républicains qui le jugent trop social, Bill Clinton nomme Felix Rohatyn ambassadeur des États-Unis en France en , après qu'ait été évoquée sa nomination au Royaume-Uni. Felix Rohatyn avait déjà eu des contacts avec François Mitterrand (qui l'avait nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1983), et où la banque Lazard est implantée. Vu comme «de gauche» aux Etats-Unis, Rohatyn se définit alors comme un «capitaliste cérébral» et un «social-démocrate émotionnel» [2].

Il est en poste en France du au , travaillant notamment sur les questions de croissance, l'Afrique et l'OTAN. Son séjour en France lui permet de prendre conscience de la perception négative, en Europe, vis-à-vis de l'usage de la peine de mort aux États-Unis: cela le conduit à devenir un adversaire de celle-ci [3],[5].

Après la France, le retour aux affaires[modifier | modifier le code]

Ancien président de la Banque Lazard, il est ou a été administrateur du groupe Lagardère, LVMH, Rothschild Continuation Holding AG, Comcast, MCA, Pfizer et Suez ainsi que membre du conseil de surveillance de Publicis depuis 2001.

Il est également le PDG de Rohatyn Associates LLC, entreprise qu'il a créée en 2001 et spécialisée dans les fusions-acquisitions. En 2006, il devient président et haut conseiller des comités de conseil internationaux de Lehman Brothers, dont la faillite précipite la crise de 2008. Après l'ouragan Sandy de 2012, il est nommé co-président de la commission créée par le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, pour moderniser les infrastructures publiques [3].

Un important personnage public américain[modifier | modifier le code]

Après sa carrière diplomatique, il est entré au Council on Foreign Relations, à l'American Academy of Arts and Sciences et est l'un des administrateurs du Center for Strategic and International Studies (CSIS). Il est également vice-président du Carnegie Hall de New York et membre de la direction du Middlebury College, membre de la French American Foundation et membre du comité de parrainage du Collège des Bernardins[6].

Famille[modifier | modifier le code]

Felix Rohatyn est père de trois enfants d'un premier mariage. Sa seconde épouse, Elizabeth Fly Rohatyn, active dans le soutien à des œuvres éducatives et culturelles, notamment la New York Public Library, meurt en 2016[7].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Ces hommes qui ont fait l'Amérique [« Bold Endeavors: How Our Government Built America, and Why It Must Rebuild Now »] (trad. de l'anglais par Hélène Demazure), Paris, Éditions Saint-Simon, , 194 p. (ISBN 978-2-915134-46-9)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Sewell Chan, « Felix G. Rohatyn, Financier Who Piloted New York’s Rescue, Dies at 91 », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b et c Sylvie Kauffmann, Felix Rohatyn, de la finance à la diplomatie, Le Monde, 13 septembre 1997
  3. a b c d e f g h i et j Corinne Lesnes, « Carnet — Felix Rohatyn. Banquier et diplomate », Le Monde,‎ , p. 29
  4. « Actualité, 'A ceux qui doutent de la gauche...' », sur hebdo.nouvelobs.com
  5. Interview de F. Rohatyn dans Newsweek: "The Shadow over America", Newsweek, 28 mai 2000
  6. Collège des Bernardins
  7. (en-US) Anita Gates, « Elizabeth F. Rohatyn, Supporter of Education and the Arts, Dies at 86 », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Richard A. Cook Gold Medal Award », sur 100yearassociation.com (consulté le ).
  9. « Mort de Félix Rohatyn, ancien ambassadeur des Etats-Unis en France et légende de la finance », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]