Centrale nucléaire de Chinon

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Centrale nucléaire de Chinon
La centrale nucléaire de Chinon (à gauche: les trois réacteurs définitivement arrêtés, à droite: deux des quatre réacteurs à eau pressurisée en exploitation et le panache des aéroréfrigérants)
Administration
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
Opérateur
Construction
Mise en service
Mise à l’arrêt définitif
1973 (réacteur A1), 1985 (réacteur A2), 1990 (réacteur A3)
Statut
en service (réacteurs B1, B2, B3, B4)
Direction
Stéphane RIVAS
Réacteurs
Fournisseurs
Type
Réacteurs actifs
4 × 905 MW
Puissance nominale
3 620 MW
Production d’électricité
Production annuelle
22,22 TWh (2021)[1],[2],[3],[4]
Facteur de charge
73,1 % (en 2019)
Production moyenne
23,77 TWh (2015 à 2019)
Production totale
844 TWh (en 2021)

Source froide
Site web
Carte

La centrale nucléaire de Chinon est située sur la commune d'Avoine (Indre-et-Loire), à environ 8 km au nord-ouest de Chinon, sur la rive gauche de la Loire, à 4 km du confluent avec la VienneCandes-Saint-Martin), entre Saumur (25 km en aval) et Tours (50 km en amont).

Environ 1 500 personnes travaillent dans cette centrale qui produit, en moyenne, 24 milliards de kilowattheures par an, soit, environ, 6 % de la production électrique nationale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les réacteurs graphite-gaz[modifier | modifier le code]

Dès juillet 1955, Électricité de France (EDF) commande un avant-projet de réacteur nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique, qui expérimente à Marcoule un nouveau réacteur de type uranium naturel graphite gaz (UNGG) pour la fabrication du plutonium nécessaire à la bombe atomique française, et accessoirement la production de courant électrique[5].

En 1957 débute la construction d'EDF1, le premier réacteur électronucléaire à usage civil en France[6].

En 1959 et 1961 sont lancés les chantiers de deux autres réacteurs EDF2 et EDF3 sur le même site.

Le 16 septembre 1962, le réacteur EDF1, protégé par une boule métallique de 55 mètres de diamètre, diverge devant une foule d'ingénieurs et de techniciens qui se pressent dans la salle de commandes. Puis le 14 juin 1963, EDF1 délivre ses premiers kilowattheures d'électricité d'origine nucléaire. Ce réacteur est arrêté définitivement le 16 avril 1973 après avoir produit un total de 2,5 TWh. Il est ensuite démantelé partiellement et transformé en musée appelé « La Boule »[6].

Les réacteurs EDF2 et EDF3 sont respectivement mis en service en 1965 et 1966[7], puis arrêtés en 1985 et 1990.

Les réacteurs à eau pressurisée[modifier | modifier le code]

À la suite de la décision d'abandonner la filière des réacteurs nucléaires uranium naturel graphite gaz (UNGG), quatre nouveaux réacteurs de la filière américaine des réacteurs à eau pressurisée ont été construits à partir de 1977 sur le site d'Avoine, puis mis en service, en 1984 pour les deux premiers d'entre eux, puis en 1987 et 1988.

Arrêt de réacteurs[modifier | modifier le code]

En janvier 2020, l'électricien EDF propose au gouvernement français d’étudier la mise à l’arrêt de deux réacteurs de la centrale de Chinon[8].

En février 2022, Emmanuel Macron indique une modification importante de la loi sur la transition énergétique, puisque plus aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[9].

Liste des installations de la centrale[modifier | modifier le code]

Vue panoramique du site nucléaire de Chinon.

Réacteurs en service[modifier | modifier le code]

Vue générale de la centrale depuis Candes-Saint-Martin.

Les réacteurs sont refroidis par l'eau de la Loire. Une des spécificités de la centrale de Chinon réside dans la taille modeste de ses tours de réfrigération (circuit tertiaire). La hauteur de celles-ci fut limitée à 28 m, tandis qu'elles atteignent 178 m à la centrale nucléaire de Civaux[10]. Cette contrainte architecturale fut dictée par des raisons esthétiques. En effet, la centrale de Chinon se trouve à proximité des châteaux de la Loire. Néanmoins, afin d'avoir un refroidissement efficace, des ventilateurs fonctionnent en permanence au sein des tours. Cela consomme en tout 1 % de l'électricité produite in situ.

Les caractéristiques détaillées de chaque réacteur en service, tous de la filière des réacteurs à eau pressurisée, sont les suivantes :

Nom du réacteur Modèle Capacité [MW] Exploitant Constructeur Début construction Raccordement au réseau Mise en service commerciale 3e visite décennale 4e visite décennale
Thermique (MWt) brute (MWe) Nette (MWe)
Chinon-B-1[1] CP2 2785 954 905 EDF Framatome 01 mars 1977 30 novembre 1982 01 février 1984 31 mai 2013 au 07 novembre 2013[11] 07 février 2023 au 18 décembre 2023
Chinon-B-2[2] CP2 2785 954 905 EDF Framatome 01 mars 1977 29 novembre 1983 01 août 1984 19 mars 2016 au 19 octobre 2016 18 Juillet 2026 au 09 janvier 2027
Chinon-B-3[3] CP2 2785 954 905 EDF Framatome 01 octobre 1980 20 octobre 1986 04 mars 1987 24 août 2019 au 02 avril 2020 2029
Chinon-B-4[4] CP2 2785 954 905 EDF Framatome 01 février 1981 14 novembre 1987 01 avril 1988 30 mai 2020 au 01 janvier 2021 2030

Les 4 réacteurs de la centrale nucléaire de Chinon peuvent être alimentés par du combustible MOX depuis l'autorisation délivrée en 1998[12].

Réacteurs hors service[modifier | modifier le code]

  • Chinon A1/EDF1 : réacteur de type graphite-gaz (filière UNGG), arrêté en 1973 (1re centrale nucléaire française)
  • Chinon A2/EDF2 : réacteur de type graphite-gaz (filière UNGG), arrêté en 1985
  • Chinon A3/EDF3 : réacteur de type graphite-gaz (filière UNGG), arrêté en 1990. La fin des opérations de démantèlement nucléaire de ce réacteur est fixée par décret d’ici fin 2027[13].

Autres installations[modifier | modifier le code]

  • Chinon A1 est depuis 1986 le musée de l'Atome.
  • Atelier des matériaux irradiés (AMI) : mis en service en 1964 et mise à l’arrêt définitif prévu à partir de 2016[14].
  • LIDEC : Laboratoire destiné au remplacement de l'AMI, mis en service en 2014.
  • Groupe INTRA (Intervention robotique sur accidents)

Sûreté nucléaire[modifier | modifier le code]

Risque en cas d'étiage sévère[modifier | modifier le code]

La canicule de 2003 suivi d'un automne sec a montré le risque de perte de source froide de la centrale en cas d'étiage de la Loire. Par conséquent, et sur la base d'études produites par EDF et après instruction par les services compétents, EDF est autorisé en derniers recours à barrer un bras de la Loire par la mise en place d'un seuil temporaire « aux fins d’assurer une alimentation minimale en eau brute du canal de Chinon B, en cas d’étiage sévère. » Cette installation devant être temporaire, l'autorisation sera déclenchée sans enquête publique.

L'arrêté préfectoral pris en 2005 est prolongé en 2015, pour 10 ans supplémentaires[15].

Risque sismique[modifier | modifier le code]

La centrale nucléaire de Chinon est située à proximité de la faille sud-armoricaine du Massif armoricain. En effet, le massif armoricain est traversé par une faille de 500 kilomètres de long tout au long de la Bretagne sud, de la Pointe du Raz jusqu'à Nantes, qui se poursuit en direction de Cholet et Poitiers[16].

En octobre 2002, l'Autorité de sûreté nucléaire publie un rapport selon lequel certaines fonctions de sauvegarde assurant le refroidissement des réacteurs pourraient ne plus être assurées en cas de séisme[17].

Le à 1h37 se produit un séisme de magnitude 4 dont l'épicentre se situe à près de 10 kilomètres de la centrale de Chinon. Il est ressenti jusqu'à Angers et Beaupréau[18],[19]. Toutefois, d’après les informations recueillies par l’IRSN auprès d’EDF, le séisme ne déclenche pas les accéléromètres du système de détection sismique de la centrale[20].

En décembre 2007, on enregistre une amplitude de 3,4 aux alentours de Pouzauges à 100 km au sud-ouest de Chinon. En juin 2009, un tremblement de 3,4 à 3,7 degrés sur l'échelle de Richter est ressenti de Cholet à Angers, à 70 km à l'ouest de Chinon[21].

Risque incendie[modifier | modifier le code]

De décembre 2003 à septembre 2004, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) organise trois inspections qui révèlent des lacunes organisationnelles dans la lutte contre l'incendie. La troisième inspection ne met pas en évidence de progrès significatif sur l'efficacité de la lutte contre un incendie. En particulier, l'équipe de deuxième intervention est parvenue en retard sur les lieux du sinistre simulé car la porte d'accès matériel du bâtiment des auxiliaires nucléaires ne s'est pas ouverte[22].

En mars 2005, l'ASN organise à nouveau une inspection du centre et constate que les équipes locales d'intervention doivent, à Chinon comme sur la plupart des autres centrales nucléaires, améliorer leurs pratiques compte tenu des enjeux liés au risque incendie[23].

Incidents[modifier | modifier le code]

L'hiver 1986-87 ayant été très froid, plusieurs matériels et systèmes importants pour la sûreté du réacteur Chinon-B3 ont gelé, en particulier au niveau de l'arrivée d'eau de la Loire[24].

Le , un bouchon de sable s'est formé à l'intérieur du canal d'amenée servant à acheminer l'eau de la Loire servant au refroidissement de la centrale (3ème circuit). Des travaux de dragage ont été menés dans le canal pour éliminer ce sable. Des unités de pompage ont été acheminées sur le site afin de sécuriser les travaux, pour prévenir les conséquences éventuelles liées à des mouvements importants de sable pendant les travaux. Cet événement a fait l'objet d'une déclaration à l'Autorité de sûreté, au niveau 1 de l'échelle INES[25].

À la suite d'une opération de maintenance réalisée le , de l'huile industrielle provenant d'un réservoir situé dans la partie non-nucléaire des installations de l'unité de production 3 a été rejetée dans la Loire[26],[27].

Le , 198 personnes sont évacuées de la centrale qui est investie dans le même temps par la gendarmerie, l'Armée et des spécialistes du GIGN à la suite d'une alerte à la bombe. Cependant, aucun explosif n'a été retrouvé dans l'enceinte de la centrale[28],[29].

Dans son bilan de l'année 2010, l'autorité de sûreté nucléaire dénonce une rigueur d'exploitation "insuffisante" à la centrale de Chinon[30].

Le 25 octobre 2013, un salarié de Mediaco, entreprise prestataire d’EDF, est mort accidentellement, happé par le système d'entraînement d'une grue de 700 tonnes à proximité de la tour aéroréfrigérante du réacteur no 3, celui-ci étant à l'arrêt pour maintenance[31].

En 2014, en raison de résultats insuffisants en matière de sûreté depuis 2010, l'Autorité de sûreté nucléaire maintient la centrale de Chinon sous surveillance renforcée[32].

Le 12 avril 2014, un rassemblement antinucléaire intitulé Fukuchinon a rassemblé près de 900 personnes selon la Nouvelle République du Centre-Ouest[33], 1 500 selon Ouest-France[34].

En mai 2019, une perte de confinement du réacteur 4, durant 7 heures, est classée au niveau 1 (sur une échelle de 0 à 7) de l'Échelle internationale des événements nucléaires[35].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « IAEA - Power Reactor Information System - Chinon B-1 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  2. a et b (en) « IAEA - Power Reactor Information System - Chinon B-2 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  3. a et b (en) « IAEA - Power Reactor Information System - Chinon B-3 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  4. a et b (en) « IAEA - Power Reactor Information System - Chinon B-4 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  5. Histoire de la sureté de l'énergie nucléaire civile en France (1945-2000) - Thèse de Cyrille Foasso - 2003 - Université Lumière Lyon 2
  6. a et b 14 juin 1963 : Chinon appuie sur le bouton nucléaire - La Tribune, 22 juillet 2013
  7. A Chinon, « EDF 3 » est mis en route - Institut National de l'Audiovisuel, 10 août 1966
  8. CARTE. EDF envisage l'arrêt de réacteurs dans huit centrales nucléaires, La Dépêche, 21/01/2020
  9. La nouvelle stratégie énergétique de la France
  10. [PDF] Document Afsset, 10 octobre 2007
  11. Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour troisième visite décennale du réacteur n° B1 », sur www.asn.fr (consulté le )
  12. Décret du 21 juillet 1998 autorisant Électricité de France à introduire du combustible MOX dans les réacteurs B1, B2, B3 et B4 de la centrale nucléaire de Chinon - Journal Officiel du 26/07/1998 - Page : 11444/11445
  13. Réacteurs à l'arrêt A1, A2 et A3 de Chinon - site de l'Autorité de sûreté nucléaire, visité le 17 octobre 2014
  14. Atelier des matériaux irradiés - Site de l'Autorité de sûreté nucléaire, visité le 17 octobre 2014
  15. page 14, ARRÊTÉ 15.E.11 autorisant électricité de France centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Chinon à réaliser un seuil temporaire en Loire sur les communes d’avoine et de la Chapelle-sur-Loire en cas d’étiage sévère, gouv.fr, 07 décembre 2015
  16. Gautier Marcel. Les tremblements de terre du Massif Armoricain. In: Norois. no 86, 1975. Avril -Juin 1975. p. 189-205.
  17. Erreur de conception affectant la résistance au séisme de réservoirs d'eau de plusieurs réacteurs de 900 MWe - Autorité de sûreté nucléaire
  18. Angers.maville.com -
  19. Le Bureau central sismologique français - BCSF
  20. [PDF] Séisme de Chinon - dimanche 5 novembre 2006 - IRSN
  21. Secousse sismique dans les Mauges - Ouest France, mardi 30 juin 2009
  22. [PDF] Compte-rendu d'inspection de l'ASN no 43-2004
  23. [PDF] Compte-rendu d'inspection de l'ASN no 21-2005
  24. Residual Risk, mai 2007 (.pdf)
  25. Ensablement partiel du canal d'amenée, ASN, 12 janvier 2006
  26. Le figaro.fr. Fuite à la centrale nucléaire de Chinon. Source : AFP. 25/09/2008.
  27. Journal TV Tours : interview du directeur de cabinet de la préfecture 37
  28. Aucune bombe dans la centrale, source Europe 1
  29. Fausse alerte à la bombe, RMC
  30. L'ASN épingle la centrale nucléaire de Chinon - Le Point, 12 avril 2011
  31. Accident de travail mortel à la centrale de Chinon - La Nouvellee République du Centre-Ouest, 26 octobre 2013
  32. Nucléaire: l'ASN dresse un bilan 2013 mitigé pour les centrales de la région - France 3 Centre, 6 mai 2014
  33. Chinon : 900 manifestants pour Fukuchinon - La Nouvelle République du Centre-Ouest, 12 avril 2014
  34. Chinon. Manifestation contre le nucléaire - Ouest-France, 12 avril 2014
  35. « France : Chinon : Perte de confinement du réacteur 4 durant 7 heures : erreur de procédure et détection tardive », sur Réseau Sortir du nucléaire (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]