Bertrand Blier

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Bertrand Blier
Bertrand Blier à la Mostra de Venise 1993.
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Gisèle Brunet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Bertrand Blier, né le à Boulogne-Billancourt (Seine), est un réalisateur, scénariste et écrivain français.

Il est connu pour avoir écrit et réalisé plusieurs classiques du cinéma français : Les Valseuses (1974), Buffet froid (1979), Tenue de soirée (1986) ou encore Préparez vos mouchoirs, qui lui vaut même de recevoir l'Oscar du meilleur film étranger en 1979.

Il dirige Gérard Depardieu à huit reprises, le révélant au grand public et participant à la montée en puissance de sa carrière d'acteur jusqu'à la fin des années 1980. Il a aussi dirigé plusieurs membres de la bande du Splendid : Gérard Jugnot (dans Calmos, en 1976), Thierry Lhermitte (La Femme de mon pote, en 1983), Michel Blanc (Tenue de soirée en 1986, Merci la vie en 1991), Josiane Balasko (Trop belle pour toi, en 1989, Les Acteurs, en 2000) et enfin Christian Clavier (pour Convoi exceptionnel, en 2019).

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Bertrand Blier est le fils de l'acteur Bernard Blier (1916-1989)[1] et de Giselle Brunet[2](1917-1991).

Carrière[modifier | modifier le code]

Révélation et consécration (années 1970-1980)[modifier | modifier le code]

Bertrand Blier se fait d'abord connaître en réalisant en 1963 le documentaire Hitler, connais pas[3].

Pour son premier long-métrage, il dirige son propre père, Bernard Blier, dans Si j'étais un espion, sorti en 1967. Mais c'est sept ans plus tard qu'il connait un grand succès critique et commercial avec Les Valseuses, une comédie satirique à l'humour cru qui révèle Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou comme comédiens de premier plan.

Ce succès lui permet d'enchaîner les projets : en 1976 sort Calmos, où on retrouve un tandem de protagonistes masculins, ici interprété par Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Bernard Blier tient le troisième rôle du film. Lors de sa sortie en salles, Calmos est largement mal reçu par la critique spécialisée de droite et de gauche[4], les journaux progressistes l'accusent d'être un brûlot réactionnaire, tandis que les journaux conservateurs le jugent pornographique. De plus, le film n'a réuni que près de 740 000 entrées, loin des 5,7 millions d'entrées des Valseuses[5]. Blier lui-même considère Calmos comme une erreur : « Calmos est la grosse connerie de ma vie. Le scénario était bon, mais je n'avais, pour le tourner, ni le fric, ni les acteurs. »[6].

En 1978, il retrouve le couple Gérard Depardieu - Patrick Dewaere, à qui il adjoint cette fois Carole Laure. Préparez vos mouchoirs est plébiscité par la critique et reçoit même l'Oscar du meilleur film étranger. Il enchaîne avec un autre futur classique du cinéma, la comédie noire Buffet froid, sortie en 1979. Cette fois, Gérard Depardieu fait équipe avec Bernard Blier, mais aussi Jean Carmet.

Les années 1980 sont marquées par la sortie de cinq films : en 1981 sort Beau-père. Il y dirige pour une troisième fois Patrick Dewaere. Cette fois, le couple central du film est mixte, la jeune Ariel Besse jouant le personnage de la belle-fille du protagoniste. Le film est plébiscité par la critique.

En 1983, il sort la comédie noire La Femme de mon pote : le tandem est inédit. À la cérébrale Isabelle Huppert, il adjoint Coluche et Thierry Lhermitte. Originellement, Coluche devait avoir pour partenaires Miou-Miou et Patrick Dewaere. Le scénario coécrit par Bertrand Blier s'inspire sensiblement de faits réels car depuis 1982, Coluche vit en Guadeloupe avec Elsa, l'ex-compagne de Patrick Dewaere. Quand ce dernier met fin à ses jours, Miou-Miou refuse d'assumer le rôle, trop douloureux pour elle[7],[8].

En 1984, Alain Delon et Nathalie Baye partagent l'affiche du drame Notre histoire. Mais en 1986, retour à la comédie noire avec Tenue de soirée, où le trio central est incarné par Michel Blanc, Gérard Depardieu et Miou-Miou.

En 1989, il conclut la décennie avec la comédie noire Trop belle pour toi, qui le voit diriger pour une cinquième fois Gérard Depardieu, mais aussi pour la première fois une Josiane Balasko à contre-emploi, mais aussi Carole Bouquet. Le film reçoit le grand prix du Jury au festival de Cannes, et cinq César lors de la cérémonie des César du cinéma 1990.

Scission avec la critique (années 1990-2000)[modifier | modifier le code]

Bertrand Blier au festival de Cannes 1990, pour la présentation de Merci la vie.

En 1991, Bertrand Blier sort la comédie dramatique Merci la vie, pour laquelle il dirige pour la première fois un tandem féminin, joué par Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg. Michel Blanc joue le troisième rôle du film.

Globalement apprécié par la critique, la cassure avec la critique se produit avec ce onzième long-métrage que Blier considère comme son meilleur film. Pour la suite, il se fait éreinter[9],[10]. Même chose pour ses pièces de théâtre et son roman Existe en Blanc, « irrespirable » pour L'Express[11].

Au cours de cette décennie, c'est Anouk Grinberg qui devient la nouvelle muse du cinéaste, après des années 1980 portées par Gérard Depardieu. En 1993, il sort le drame Un, deux, trois, soleil, puis en 1996, Mon homme. Ces longs-métrages s'intéressent à des couches très populaires de la population.

Il ouvre la décennie 2000 avec Les Acteurs, grande fresque sur sa passion des acteurs, invitant une distribution de prestige et une mise en abyme sur un métier qui le fascine. Le film se termine par un hommage rendu à Pierre Brasseur et Bernard Blier. Cependant, le long-métrage est un nouvel échec critique et commercial.

Les Côtelettes est une adaptation de sa propre pièce de théâtre, l'accueil au festival de Cannes 2003 est cinglant. Il y dirige deux monstres sacrés, Philippe Noiret et Michel Bouquet. Farida Rahouadj joue le premier rôle féminin[9].

En 2005, il retrouve Gérard Depardieu pour la comédie noire Combien tu m'aimes ? Il y a pour partenaires Monica Bellucci et Bernard Campan. La réception est là encore tiède[12].

Regain critique (années 2010)[modifier | modifier le code]

Bertrand Blier à la cérémonie des Étoiles d'or du cinéma français 2011.

Il faut attendre 2010 pour voir sa réalisation suivante, la comédie noire Le Bruit des glaçons. Elle a pour têtes d'affiche Jean Dujardin et Albert Dupontel et connaît un score correct au box-office (plus de 743 000 entrées)[13].

Le long-métrage lui permet de renouer avec la critique[14] et les Césars, avec deux nominations : dans les catégories meilleur réalisateur et meilleur scénario original.

Il faut pourtant attendre (entre-temps de nombreux projets n'ont pas abouti, avec Benoît Poelvoorde par exemple) pour découvrir la satire Convoi exceptionnel, portée par un tandem mythique du cinéma français, Gérard Depardieu (pour une huitième collaboration) / Christian Clavier (première collaboration avec le cinéaste). Il tourne ce film à Bruxelles entre février et [15],[16]. Toutefois, le film est un échec critique et commercial avec moins de 200 000 entrées en France.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Marié une première fois à l'âge de vingt ans, Bertrand Blier a eu une fille, Béatrice, avec Catherine Florin[2], sa seconde épouse, un fils avec l'actrice Anouk Grinberg qui était sa compagne dans les années 1990, puis une fille avec sa compagne[17], l'actrice Farida Rahouadj[18].

Style et thématiques[modifier | modifier le code]

Ses films se distinguent par un style résolument anticonformiste et iconoclaste, qui se rapproche parfois de celui de Jean-Pierre Mocky dans la critique des mœurs bourgeoises et la réhabilitation des plaisirs du corps, mais son modèle dans le domaine reste avant tout Luis Buñuel. On trouve dans ses œuvres de grands moments de provocation (Les Valseuses) et d'humour noir (Buffet froid et Les Acteurs), mêlés à un goût prononcé du dialogue grossier et décalé ainsi qu'à un intérêt certain pour l'absurde. Néanmoins, ses films atteignent souvent un large public, comme Notre histoire et Tenue de soirée. Marginaux, prostitués, voyous, flics, travestis, sont ses thèmes de prédilection. C'est un réalisateur qui fait la part belle aux acteurs.

Plusieurs publications voient comme principale référence de Blier Michel Audiard et ses dialogues truculents[19],[9]. D'autant plus qu'il cite Jacques Audiard comme étant son réalisateur vivant préféré[20]. Son père joua dans dix-neuf films écrits par Michel Audiard[21].

Collaborations récurrentes[modifier | modifier le code]

Il a fait de Jean-Pierre Marielle (quatre collaborations), Patrick Dewaere (trois collaborations) et Gérard Depardieu (huit collaborations) ses acteurs fétiches. Bertrand Blier met également en scène son père Bernard, (trois collaborations) dans Si j'étais un espion (1967), Calmos (1976) et Buffet froid (1979).

Engagements[modifier | modifier le code]

En , il est signataire de la tribune controversée N'effacez pas Gérard  Depardieu visant notamment à défendre la présomption d'innocence de Gérard Depardieu, alors accusé de viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel[22].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Bertrand Blier en dédicace à la librairie Publicisdrugstore en 2022.

Réalisateur et scénariste[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Assistant réalisateur[modifier | modifier le code]

Apparitions à l'écran[modifier | modifier le code]

Box-office[modifier | modifier le code]

Films Années Drapeau de la France France[24] (nombre d'entrées)
Hitler, connais pas 1963 39 535
Si j'étais un espion 1967 77 290
Les Valseuses 1974 5 726 031
Calmos 1976 739 646
Préparez vos mouchoirs 1978 1 321 087
Buffet froid 1979 777 127
Beau-père 1981 1 197 816
La Femme de mon pote 1983 1 485 746
Notre histoire 1984 881 592
Tenue de soirée 1986 3 144 799
Trop belle pour toi 1989 2 031 131
Merci la vie 1991 1 088 777
Un, deux, trois soleil 1993 417 948
Mon homme 1996 469 305
Les Acteurs 2000 415 427
Les Côtelettes 2003 95 611
Combien tu m'aimes ? 2005 536 523
Le Bruit des glaçons 2010 743 201
Convoi exceptionnel 2019 122 801
Total 21 311 393

Distinctions[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Prisma Média, « Bertrand Blier - La biographie de Bertrand Blier avec Gala.fr », sur Gala.fr (consulté le )
  2. a et b Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
  3. « Hitler, connais pas ! de Bertrand Blier - (1963) - Film - Documentaire - L'essentiel - Télérama.fr » (consulté le ).
  4. Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Jean Rochefort à propos du film "Calmos" », sur Ina.fr, (consulté le ).
  5. Bertrand Blier, Jp's Box-office.
  6. Pierre Murat, « Bertrand Blier : "pour moi il n'y a plus de cinéma" », sur Télérama, .
  7. site du Festival Lumière 2014, La Femme de mon pote de Bertrand Blier, France, 1983, consulté le .
  8. Comiques du rire au drame, la consécration. Site leparisien.fr, Lucas Bretonnier, , consulté le .
  9. a b et c « Les Côtelettes sont cuites », sur Libération, .
  10. « pantalonnades rances » pour Les Inrocks
  11. « Roman: Existe en blanc par Bertrand Blier », sur L'Express, .
  12. « Gérard Depardieu, acteur le mieux payé », sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  13. Louis Guichard, « Le box-office de Jean “Brice” Dujardin surfe sur la vague… et boit parfois la tasse », sur Télérama, 18 octobre 2016 (m-à-j le 1er février 2018 (consulté le ).
  14. Le Bruit des glaçons, AlloCiné.
  15. « Bertrand Blier : "Dans ma vie, j'ai écouté trop de musiques" », sur Le Figaro, .
  16. « Gérard Depardieu et Christian Clavier tournent depuis huit jours dans un petit quartier calme d'Etterbeek », sur DH.be, (consulté le ).
  17. Bertrand Blier, VSD, .
  18. Bertrand Blier et sa femme Farida Rahouadj - Générale de la pièce de théâtre "Tout ce que vous voulez" au Théâtre Edouard VII, Pure People, .
  19. « Entretien avec Bertrand Blier », sur Regards, .
  20. « Bertrand Blier : "Pour moi, il n'y a plus de cinéma" », sur Télérama,
  21. Philippe Durant, Michel Audiard, « Acteurs ». La liste n'inclut pas Les Misérables, avec Gabin et Blier, souvent attribué par erreur à Michel Audiard.
  22. « Accusé de violences sexuelles: Une tribune de soutien à Gérard Depardieu qui crée le  malaise », sur L'indépendant, (consulté le )
  23. « Papa, Alexandre, Maxime et Eduardo (2015) », sur www.unifrance.org (consulté le ).
  24. (fr) Bertrand Blier - Box-office France sur JP Box-office. Consulté le .
  25. « Fragile des bronches, de Bertrand Blier : artiste du vocabulaire », sur Le Figaro,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sue Harris, Bertrand Blier, Manchester, Manchester University Press, 2001, 176 p. (ISBN 0-7190-5297-1).
  • Vincent Roussel, Bertrand Blier, cruelle beauté, Paris, Marest Editeur, 2021, 352 p. (ISBN 979-10-96535-33-0).

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Liens externes[modifier | modifier le code]