Bernard Cazes

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Bernard Cazes
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Bernard Jean Auguste CazesVoir et modifier les données sur Wikidata
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Georgette Beros-Cazes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Jérôme Cazes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Bernard Cazes, né le à Hanoï et mort le à Paris[1], est un fonctionnaire, chroniqueur, essayiste et économiste français. Il est notamment l’auteur d'Histoire des futurs : les figures de l'avenir, de saint Augustin au XXIe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Bernard Cazes étudie à l’ENA (promotion Albert-Thomas), dont il sort en 1955[2]. Il choisit de travailler au Ministère de l'Économie et des Finances[3].

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Il est ensuite rattaché au Commissariat général du Plan de 1960 à 1992, année de sa retraite[4]. Il continuera à y travailler bénévolement après sa retraite, jusqu’en 2003, avec Jean-Michel Charpin, 14e commissaire au Plan. Il y est notamment le spécialiste des études à long terme et de la prospective, et cela dès 1962 en participant au « groupe 1985 » qui devait éclairer à long terme le 5e plan[5].

Il participe à la création du cercle de réflexion Futuribles avec Bertrand de Jouvenel en 1960[6], puis collabora aux revues Analyse et Prévision et Futuribles, dirigée par Hugues de Jouvenel, principale revue prospective française[7].

En 1968, il représente la France au symposium organisé à Bellagio, en Italie, par l'OCDE à propos des « problèmes de la société moderne » et d'une « crise planétaire » naissante. Cette conférence forme la matrice du Club de Rome et émet la « Déclaration de Bellagio », qui appelle à la planification mondiale à long terme[8].

Il participe à la création de La Quinzaine littéraire en mars 1966 aux côtés de Maurice Nadeau et François Erval[9] (après avoir collaboré aux Lettres nouvelles de Maurice Nadeau[10]) ; il est membre jusqu’en 2013 du comité de rédaction[11].

Il participe de 1971 à la fin de la revue en 1976 au comité de rédaction de Contrepoint, revue inspirée par Raymond Aron et créée par Georges Liebert ; il y est responsable de la critique des livres[12] ; puis il participe à la revue Commentaire, qui prend la suite de Contrepoint en 1978, dirigée par Jean-Claude Casanova.

Il participe de 1977 à 1996 au bimestriel Analyses de la Sedeis, puis à la création de Sociétal (qui en prenait le relais) avec Albert Merlin puis Jean Daniel, y tenant jusqu’à 2013 la rubrique « Livres et idées dans le monde », comprenant son éditorial et des recensions de livres étrangers de sciences humaines, surtout anglo-saxons, non traduits en français[13].

Membre du comité de rédaction de la revue Politique étrangère, il y a tenu la rubrique « Passé/Présent ».

Le livre qu’il a muri puis retravaillé pendant la seconde moitié de sa vie est Histoire des futurs : les figures de l'avenir, de saint Augustin au XXIe siècle ; un musée des différentes façons dont les hommes ont imaginé le futur depuis l’Antiquité, appuyé sur plusieurs centaines d’auteurs et penseurs de tous les siècles, « l’érudition au service de l’avenir »[14].

Prises de positions[modifier | modifier le code]

Profondément marqué par un long voyage aux États-Unis en 1963 où il visita la RAND Corporation et participa avec son épouse le 28 août à la marche sur Washington pour l'emploi et la liberté. Au fil des voyages qu’il y fit ensuite régulièrement, il fut pendant toute sa vie un passeur en France des penseurs anglo-saxons des sciences sociales, à travers d’innombrables recensions d’ouvrages qu’il écrivait ou faisait écrire, ses traductions (Herbert Marcuse, Andrew Shonfield), ses préfaces (David Riesman, Peter Drucker), ou des émissions de télévision[15].

Économiste et essayiste, il fut difficilement classable : à la fois proche du PSU, libertaire et anti-stalinien admirateur d’Orwell, libéral au sens anglo-saxon et admirateur de Raymond Aron[16]. Il fit partie de l’équipe qui animait les réunions économiques et sociales du club Jean-Moulin[17]. Il coopéra à la revue Arguments avec Edgar Morin, revue inspirée par un marxisme anti-stalinien ; aux Cahiers Reconstruction de Paul Vignaux et de la CFTC ; aux Cahiers de la République de Pierre Mendès France (il est au comité de rédaction en 1958[18]) ; à la revue Critique.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Bernard Cazes et son épouse depuis 60 ans, Georgette Béros-Cazes, professeur de lettres classiques[19], habitaient à Issy-les-Moulineaux. Ils sont retrouvés morts le 22 novembre 2013[20] dans une chambre de l'Hôtel Lutetia[3] qu'ils avaient réservée une semaine avant, un sac plastique sur leurs têtes et se tenant par la main. Ils laissent près d'eux deux lettres[21], une adressée à leurs proches et l'autre au procureur de Paris, où ils expliquent qu'ils craignent la déchéance physique, préfèrent la devancer et revendiquent le droit de mourir dans la dignité[22].

Il est le père de Vincent Cazes, élève de l'École normale supérieure (lettres), mort accidentellement à 21 ans en 1976, et de Jérôme Cazes, fonctionnaire puis dirigeant d'entreprise[23].

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages personnels[modifier | modifier le code]

  • La planification en France et le IVe plan, Paris, les Editions de l'épargne,
  • La Vie économique, Paris, Armand Colin,
  • Turgot, écrits économiques, Calmann-Lévy,
  • Histoire des futurs : les figures de l'avenir, de saint Augustin au XXIe siècle, Seghers, Nouvelle édition revue et augmentée, avec une préface d'Emmanuel Le Roy Ladurie, L'Harmattan, 2008.

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • Alain Touraine (dir.), Histoire générale du travail, tome IV : la civilisation industrielle (de 1914 à nos jours), Paris, Nouvelle librairie de France,
  • Guy Palmade (dir.), L’Économique et les sciences humaines, Dunod,
  • Bernard Cazes (anthologie préparée avec Georgette Cazes), D’Holbach portatif, Jean-Jacques Pauvert éditeur,
  • Voies nouvelles pour la croissance, Hachette,
    Rapport collectif du Commissariat général du Plan.
  • André-Clément Decouflé (dir.), Traité élémentaire de prévision et de prospective, PUF,
  • Vittorio Mathieu (dir.), Le Public et le privé, la crise du modèle occidental de l’Etat, Rome, Istituto di Studi Filosofici,
  • Vers l'an 2000... et après ?, Paris, La Documentation française,
  • Modernisation ou décadence : études, témoignages et documents sur la planification française, Publications de l'université de Provence,
  • Maurice Levy-Leboyer et Jean-Claude Casanova (dir.), Entre l’État et le marché, l’économie française des années 1880 à nos jours, Gallimard,
  • Entrer dans le XXIe siècle. Essai sur l’avenir de l’identité française, La Découverte/La Documentation française,
    Rapport au secrétariat d’État au Plan ; introduction d'Emmanuel Le Roy Ladurie.
  • Développement, de l'aide au partenariat, La Documentation française,
    Rapport de l'atelier Développement du groupe Monde-Europe, XIe plan (1993-1997).
  • La Prospective : pratiques et méthodes, Economica,
  • (en) Jack Hayward et Michael Watson (dir.), Planning, Politics and Public Policy. The British, French and Italian Experience, Cambridge University Press,

Traductions[modifier | modifier le code]

  • David Morris Potter, Les Fils de l'abondance ou le Caractère national américain, Paris, Seghers,
  • Herbert Marcuse, Le Marxisme soviétique : essai d'analyse critique, Gallimard,
  • Andrew Shonfield, Le Capitalisme aujourd'hui, Gallimard,
  • (en) David Riesman, L’Abondance à quoi bon, Robert Laffont,
  • (en) Peter F. Drucker, La Formation des dirigeants d'entreprise, Éditions d'Organisation,

Préfaces[modifier | modifier le code]

  • Jean-Marc Alby, Theodor Reik, le trajet d'un psychanalyste de Vienne "fin de siècle" aux États-Unis, Clancier-Guénaud,
  • Julien Damon, Questions sociales : analyses anglo-saxonnes : socialement incorrect ?, Presses universitaires de France,

Références[modifier | modifier le code]

  1. Politique Etrangère, « Bernard Cazes (1927-2013) », (consulté le )
  2. Voir sur lesbiographies.com.
  3. a et b Léa Rochford, « Contrepoint - Bernard Cazes, pionnier de la prospective moderne », Informations sociales, vol. n° 193, no 2,‎ , p. 34 (ISSN 0046-9459 et 2101-0374, DOI 10.3917/inso.193.0034, lire en ligne, consulté le )
  4. « Hommage à Bernard Cazes », sur www.strategie.gouv.fr (consulté le )
  5. « Hommage à Bernard Cazes », sur www.strategie.gouv.fr, .
  6. « Hommage à Bernard Cazes de la revue Futuribles », sur futuribles.com (consulté le )
  7. « Articles publiés par Bernard Cazes pour la revue Futuribles », sur futuribles.com (consulté le ).
  8. (en) Perspectives on Planning: Proceedings of the OECD Working Symposium on Long-Range Forecasting and Planning, Bellagio, Italie, le 27 octobre au 2 novembre 1968, Organisation de coopération et de développement économiques, 1969.
  9. « Bernard Cazes, l’économie dans la Quinzaine », sur Vimeo.com (consulté le ).
  10. « Les Lettres Nouvelles, 1959 », sur revues-littéraires.com (consulté le ).
  11. « Quelques articles publiés par Bernard Cazes dans La Quinzaine littéraire », sur nouvelle-quinzaine-litteraire.fr, .
  12. Rémy Rieffel, La tribu des clercs : les intellectuels sous la Ve République, 1958-1990, Calman-Lévy, , 690 p..
  13. « Les principaux éditoriaux de Bernard Cazes pour la revue Sociétal », sur institut-entreprise (consulté le ).
  14. Julien Damon, 100 penseurs de la société, Presses universitaires de France, , 220 p. (lire en ligne).
  15. « Apostrophe 1977, Ruses et pouvoirs de l’argent », sur ina.fr.
  16. Thierry Paquot, « Bernard Cazes (1927-2013). Décider de son futur », Hermès, La Revue (n° 68),‎ , p. 243-245 (lire en ligne).
  17. Michel Margairaz, François Bloch-Lainé, fonctionnaire, financier, citoyen : actes de la Journée d'études "Regards d'historien(ne)s sur la vie et la carrière de François Bloch-Lainé," tenue à Bercy le 25 février 2003, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, , 262 p..
  18. Marc HEURGON, Histoire du P.S.U., tome 1, La fondation et la guerre d'Algérie (1958-1962), La Découverte, , 444 p., note 77.
  19. Thierry PAQUOT, « Édition : délicate pratique de la transdisciplinarité (encadré) », Hermès, no 67,‎ , , [ p.] (ISSN 1963-1006 et 0767-9513, DOI 10.4267/2042/51904, lire en ligne, consulté le )
  20. « Bernard et Georgette voulaient une mort douce », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  21. Matthieu Goar, « Paris: Un couple d’octogénaires se suicide dans un palace main dans la main », 20 Minutes,‎ (lire en ligne Accès libre)
  22. (en) « Suicide of elderly French couple stirs euthanasia debate », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  23. Voir sur letemps.ch.

Liens externes[modifier | modifier le code]