Ayu Utami

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Ayu Utami
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Ayu Utami en 2005
Naissance (55 ans)
Bogor Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Activité principale
Auteur

Œuvres principales

Saman

Ayu Utami, née le à Bogor, est une écrivaine indonésienne. Son roman Saman (1998) est considéré comme son œuvre la plus remarquable. Il a été traduit en français et publié par Flammarion en 2008.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ayu Utami est une des figures de proue de la nouvelle génération d'artistes et écrivains indonésiens apparue dans les dernières années du régime de Soeharto. Née à Bogor, une ville située à 60 km au sud de Jakarta, la capitale de l'Indonésie, elle grandit à Jakarta. Elle étudie la langue et la littérature russes à l'université d'État de Jakarta. Elle commence alors à publier des reportages et des essais dans divers journaux. En 1990, elle est finaliste de Wajah Femina, un concours de beauté. Elle renonce à une carrière de mannequin car elle n'aime pas la cosmétique et le maquillage[1].

Elle devient journaliste pour divers magazines indonésiens, notamment Humor, Matra, Forum Keadilan et D&R. Peu de temps après l'interdiction, en 1994, des magazines Tempo, Editor et Detik sous la présidence de Soeharto, elle rejoint l’Aliansi Jurnalis Independen (Alliance des journalistes indépendants) pour protester contre cette interdiction[2], poursuivant clandestinement son travail de journaliste, qui comprenait la publication anonyme d’un livre noir sur la corruption du régime Soeharto.

Son premier roman, Saman, a été publié en 1998, un mois avant la chute politique de Soeharto, dont il a bravé la censure[3]. Le roman a gagné le prix de conseil des arts de Jakarta[4]. Il a été considéré par plusieurs critiques comme une évolution importante dans la littérature indonésienne[4],[5],[6]. Saman a également reçu le prix du Prince Claus. Saman a été vendu à plus de 100 000 exemplaires et réimprimé 34 fois[7]. Une suite de Saman, Larung, est publié en 2001[8].

Ayu Utami travaille pour Radio 68H, une station de radio indépendante, et pour une revue culturelle, Kalam, ainsi que pour le théâtre Utan Kayu] à Jakarta. En 2008, elle publie une nouvelle pièce de théâtre Pengadilan Susila (Le procès de Susila), une satire contre la législation anti-pornographie soutenue par les islamiques.

Sa place dans la littérature indonésienne[modifier | modifier le code]

Ayu Utami est à l'origine d'un mouvement littéraire en Indonésie, qualifié quelquefois par ses détracteurs de « sastra wangi » (littérature parfumée) et par ses partisans de « sastra pembebasan » (littérature de libération), avec comme autres auteurs, notamment, Dewi Lestari, Djenar Maesa Ayu, Nova Riyanti Yusuf et Fira Basuki.

Son œuvre[modifier | modifier le code]

Saman et Larung[modifier | modifier le code]

Dans Saman, Ayu Utami mêle le thème de l'émancipation des femmes et de leur liberté sexuelle face à la domination patriarcale et celui de la politique néo-coloniale de l'ère Soeharto et ses impacts désastreux pour les agriculteurs et les villageois (déforestation et expropriation de terrain pour la production de l'huile de palme, dans la continuité de l'exploitation coloniale néerlandaise). La structure du roman est non linéaire, avançant et reculant dans le temps à partir des années 1990 vers les années 1980 et 1960, et utilisant une variété de points de vue narratifs, chaque personnage ayant une vision différente et sa propre façon de s'exprimer[3],[4].

« Utami traite des tabous sociaux d'une manière ouverte, rompant ainsi avec la littérature indonésienne à ce jour. Elle écrit librement sur l'amour et la sexualité et perçoit la relation difficile entre les musulmans et les chrétiens comme un thème central - ainsi que la haine envers la minorité chinoise [..] La prose de Utami est animée et moderne, et en tant que telle reflète la richesse de la tradition orale indonésienne[2] ».

La suite de Saman, Larung, parue en 2001, utilise encore, derrière la trame romanesque, l'histoire récente de l'Indonésie, évoquant par exemple la chasse aux communistes des années 1965-1966, les milices paramilitaires, l'écrasement des velléités d'indépendance au Timor oriental, et les enlèvements de militants après la chute du régime de Soeharto[8].

Pengadilan Susila (Le procès de Susila)[modifier | modifier le code]

En , Ayu Utami publie Pengadilan Susila (le procès de Susila), basé sur le script de sa pièce de théâtre Sidang Susila co-écrite avec le dramaturge Agus Noor. Selon le Jakarta Post, « Ayu considère son nouveau livre comme une arme pour lutter contre le mouvement moral et les règlements qui violent les droits des femmes »[9]. La pièce de théâtre et le livre sont nés de la participation de Ayu Utami au mouvement de protestation contre un projet de loi anti-pornographie proposé à la Chambre des représentants d'Indonésie. Elle s'intéresse aux ombres d'un régime autoritaire qui prétend agir au nom de la morale[8].

Bilangan Fu (Le nombre Fu)[modifier | modifier le code]

Autre roman paru en 2008, Bilangan Fu est une critique du militarisme, mais aussi des violences religieuses qu'elle impute à l'intolérance des religions monothéistes. Cet ouvrage a reçu le prix littéraire Khatulistiwa[10],[8].

Principales publications[modifier | modifier le code]

  • Saman, KPG, Jakarta, 1998. Traduction française d'Elisabeth D. Inandiak, Flammarion, 2008
  • Larung, 2002
  • Si Parasit Lajang (essai), GagasMedia, Jakarta, 2003
  • Pengadilan Susila (en anglais : Susila's Trial ; en français : Le procès de Susila), 2008
  • Bilangan Fu, Jakarta, 2008
  • Manjali Dan Cakrabirawa, Jakarta, 2010
  • Cerita Cinta Enrico (L'histoire d'amour d'Enrico), Jakarta, 2012
  • Soegija: 100% Indonesia, Jakarta, 2012
  • Lalita, Jakarta, 2012
  • Pengakuan Eks Parasit Lajang, Jakarta, 2013
  • Simple Miracles: Doa dan Arwah, Jakarta, 2014. Traduction française de trois essais par Elisabeth D. Inandiak, Editions Jentayu, 2019

Prix[modifier | modifier le code]

  • 1er prix du conseil des arts de Jakarta, 1998.
  • Prix du Prince Claus, 2000;
  • Prix littéraire Khatulistiwa, 2008.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Kusuma Dewi 2014, p. 4-5.
  2. a et b Site Culturebase.net
  3. a et b Camus et al. 2013, p. 4429.
  4. a b et c Hatley 1999, p. 449-461.
  5. Napack 2000, The New York Times.
  6. Mahditama 2012, The Jakarta Post.
  7. Garcia 2004, Inside Indonesia.
  8. a b c et d Camus et al. 2013, p. 4430.
  9. Adiguna 2008, The Jakarta Post.
  10. Hermawan et Messakh 2008, The Jakarta Post.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Barbara Hatley, « New Directions in Indonesian Women's Writing? The Novel Saman », Asian Studies Review, vol. 23, no 4,‎ , p. 449-461.
  • (en) Jonathan Napack, « A Young Novelist Challenges Indonesia's Taboos », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  • (en) Michael Nieto Garcia, « More than just sex », Inside Indonesia,‎ (lire en ligne).
  • (en) Jerry Adiguna, « Ayu Utami releases new book », The Jakarta Post,‎ (lire en ligne).
  • (en) Ary Hermawan et Matheos Messakh, « Ayu Utami, Nirwan Dewanto win Khatulistiwa literary prize », The Jakarta Post,‎ (lire en ligne).
  • (en) Widyasari Listyowulan, Narrating ideas of Religion, Power, and Sexuality in Ayu Utami’s novels: Saman, Larung, and Bilangan Fu, Université de l'Ohio, (lire en ligne).
  • (en) Iman Mahditama, « Ayu Utami: On the fine line between audacity and honesty », The Jakarta Post,‎ (lire en ligne).
  • Jacqueline Camus, Béatrice Didier (dir.), Antoinette Fouque (dir.) et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , « Utami, Ayu [Bogor, Java-Ouest 1968] », p. 4429-4430.
  • (en) Riyana Kusuma Dewi, Indonesia socio-political realities reflected at Ayu Utami's Saman (1998) : a sociological approach, Muhammadiyah University of Surakarta, (lire en ligne).

Webographie[modifier | modifier le code]