Affaire Kaas

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L’affaire Kaas est une erreur judiciaire et un crime non résolu qui a lieu le 5 avril 1992, lorsque Sylviane Kaas est assassinée à son domicile alors que son mari et leurs quatre enfants sont sortis au cinéma à Rouen. Sur la base d'une dénonciation, son mari André Kaas est emprisonné un an et demi après. Un non-lieu général est prononcé le 26 mars 2004. À ce jour, l'assassin n'a pas été identifié.

Les faits[modifier | modifier le code]

Sylviane Grulois, épouse Kaas est assassinée à son domicile, situé à Anneville-Ambourville (Seine-Maritime), dans l'après-midi du . Elle est tuée par sa propre arme à feu — une Winchester cachée au-dessus de sa penderie — de trois balles de .22 Long Rifle dans le thorax alors qu'André Kaas et ses 4 enfants sont partis voir un film dans un cinéma de Rouen.

En rentrant à 19 h 10, ils découvrent que la voiture de Sylviane n'est pas sur le parking et un désordre inhabituel dans la maison. C'est Jérôme, 11 ans à l'époque, qui retrouve sa mère allongée dans la chambre au premier étage de la maison avec le fil du téléphone serré autour du cou et trois impacts de balles sur le corps[1],[2].

Biographies[modifier | modifier le code]

André Kaas, né le , est un homme d'affaires né au Maroc. Il a fait fortune comme promoteur immobilier. À la tête de onze sociétés de gestion et de construction immobilière, il emploie près de 4 000 salariés[3]. Il habite une villa luxueuse dans un parc planté d'arbres de quatre hectares, une gouvernante Sabine y servant à table et deux jardiniers soignant les massifs[1]. Nouveau riche qui étale sa fortune de manière ostentatoire, c'est une personnalité flamboyante qui a oscillé toute sa vie entre faillite et fortune, qui collectionne les maîtresses et qui est aussi l'amant de sa belle-mère. Son style de vie choque et suscite des jalousies dans son entourage professionnel et chez certaines personnes qui le côtoient de près ou de loin. Le couple qui a 4 enfants (Nathalie, 20 ans, Julien, 14 ans, Jérôme, 11 ans et Aurélien, 2 ans au moment des faits) pratique l'échangisme et le libertinage, sa femme Sylviane collectionnant elle aussi les amants[4].

Judoka, il s'attire aussi les foudres de la police rouennaise en fondant un club de judo et en donnant des cours d'arts martiaux à des jeunes de cité, pour certains, trafiquants de drogue[1].

Conduite de l'enquête[modifier | modifier le code]

L'affaire est, en premier lieu, conduite par la gendarmerie de Duclair. Elle constate le vol de bijoux et de tableaux, et en conclut à un crime crapuleux. Mais l'affaire est reprise par le SRPJ de Rouen, qui écoute les rumeurs de la ville concernant André Kaas. La police cherche des preuves en faisant pression sur les témoins, mais n'en trouve pas. Le mobile d'assassinat de Sylviane par son mari repose sur une assurance-vie et un héritage. Sylviane Kass possédait une galerie d'art, rue de la République, et une agence immobilière, mais laisse un passif de 27 millions de francs[1]. Elle avait contracté une assurance-vie mais qui est destinée non pas à son mari, mais au Crédit foncier de Rouen, afin de garantir le paiement de ses dettes s'élevant à 5 millions de francs auprès de l'organisme financier[4].

En , un homme emprisonné, Douha Djoubri, dénonce André Kaas comme le commanditaire du meurtre de sa femme, ayant employé deux hommes de main, un ancien docker de Rouen, Abdelmalik Mestoui, dit Malek, et Jimmy Aubourg, tous deux toxicomanes. Le , André Kaas et ces deux suspects sont arrêtés et écroués[5],[3].

Suspicion d'antisémitisme[modifier | modifier le code]

André Kaas est d'origine juive séfarade, sa réussite et son style de vie flamboyant n'ont fait qu'attiser les jalousies. La Police appelait André Kaas qui était relativement enveloppé « Le Gros Juif »[1]. De plus, il fut, à plusieurs reprises, injurié et maltraité par les agents venus l'arrêter à son domicile.

Résultat[modifier | modifier le code]

Après de multiples péripéties, André Kaas est libéré le . Pendant son emprisonnement, les banques ont vendu tous les biens de la famille. Après avoir passé 3 ans en prison et être resté 8 ans sous contrôle judiciaire, le non-lieu définitif est prononcé dans cette affaire le , 12 ans, jour pour jour après la mort de sa femme.

Les pertes financières pour la famille Kaas s'élèveraient à plus de 1,7 million d'euros. En , la Commission nationale de réparation de la détention provisoire lui accorde 173 000 euros d'indemnités alors qu'il réclamait 5 millions d'euros au titre du préjudice moral et économique[6].

Une piste inexplorée ?[modifier | modifier le code]

Selon l'émission Faites entrer l'accusé, une quinzaine de jours avant la mort de Sylviane, un vendeur en lithographie, prétendant œuvrer pour l'aide à la réinsertion des personnes sortant des maisons d'arrêts, se serait présenté au domicile (la gendarmerie en a eu connaissance 5 jours après le début de l'enquête à la suite de la déposition d'un des enfants Kaas). L'homme correspond au portrait-robot constitué à partir de différents témoignages. Il est soupçonné d'une vingtaine d'agressions et en a reconnu treize. C'est un faux démarcheur, impulsif et violent. Lors du meurtre, une dizaine de tableaux ont été volés (le matériel hi-fi a été ignoré). Mis en garde à vue, ce vendeur est relâché faute de preuve[7].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Kaas, Pas de pitié pour les innocents : Les terribles conséquences d'une erreur judiciaire, Michel Lafon, 2005 (ISBN 978-2-7499-0372-9)
  • Nathalie Kaas, Mais tout va très bien, Calmann-Lévy, 1999 (ISBN 978-2-7021-2947-0)

Documentaires télévisés[modifier | modifier le code]

Émission radiophonique[modifier | modifier le code]

Divers[modifier | modifier le code]

2019 : Le rappeur Seth Gueko évoque la personnalité d'André Kaas dans sa chanson Destroy issue de l'album éponyme[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Magazine Digital - L'Obs », sur nouvelobs.com (consulté le ).
  2. LEXPRESS.fr et, « André Kaas: 3 ans de prison, 103.000 euros d'indemnités », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Émilie Lanez, « Le veuf n'était pas l'assassin », sur Le Point,
  4. a et b Pierre-Henri Allain, « Depuis 1992, Rouen s'interroge sur un meurtre », sur liberation.fr,
  5. « André Kaas : 3 ans de prison, 103.000 euros d'indemnités », sur L'Express,
  6. « Incarcéré trois ans avant d'être innocenté, André Kaas reçoit 173.000 euros d’indemnité », sur France Info,
  7. Pascale Égré, « André Kaas veut retrouver le meurtrier de sa femme », sur leparisien.fr, .
  8. (en) Seth Gueko – Destroy (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]