Alphonse Darville

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Alphonse Darville
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Nationalité
Activités

Alphonse Darville est un sculpteur, médailleur et dessinateur belge, né à Mont-sur-Marchienne le et mort à Charleroi le .

Biographie et œuvres[modifier | modifier le code]

Alphonse Darville naît à Mont-sur-Marchienne le . Son père, Gaston Darville (1885-1950), est traceur mécanicien puis marchand de bois. Sa mère, Odile Bacq (1887-1954), est repasseuse. Très jeune, il façonne des œuvres dans le liège, des blocs de craie et l'argile. Son instituteur, Roger Desaise, conseille au père de faire de son fils un sculpteur. Il accepte en pensant que celui-ci deviendra ornemaniste[1].

Alphonse est présenté au professeur de sculpture Isidore De Rudder de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles où il étudie de 1924 à 1929. Il a comme autres professeurs Paul Du Bois, Jacques Marin, Égide Rombaux[2] et Victor Rousseau[1]. Il apprend également la sculpture sur bois chez un artisan de Mont-sur-Marchienne et fréquente l'Université du Travail à Charleroi où il suit des cours de dessin artistique chez Léon Van den Houten[1].

À la fin de ses études, il reçoit le prix Roger-Langbehn. En 1931, il reçoit le prix Godecharle partagé avec Vandenhaute et Fernand Débonnaires. Deux ans plus tard, il compte parmi les fondateurs du groupe l'Art vivant au pays de Charleroi avec notamment Gilberte Dumont, Gustave Camus et Marcel Delmotte. Dans ce groupe de jeunes artistes, Alphonse Darville s'attache à la tradition créatrice méditerranéenne. Ses œuvres sont imprégnées du style classique parfois teintées d'expressionnisme et de surréalisme[1].

Au cours de l'année 1935, il reçoit le premier Grand Prix de Rome[1]. Cette même année, il réalise le groupe La Gloire et la Paix[a],[b] installé à l'Hôtel de ville de Charleroi[3].

Le , Alphonse Darville épouse Georgette Bousman (1915-2017)[c]. Le couple aura deux enfants, Pierre[d], né en 1939, et Claire, née huit ans plus tard[1]. Ils habitent une villa moderniste construite à Marchienne-au-Pont par Marcel Leborgne à la demande d'Olivier Bousman, père de Georgette[4].

Alphonse Darville est mobilisé le à la veille de la Seconde Guerre mondiale et est retenu en captivité en Allemagne après la campagne des 18 jours. Il est libéré le grâce à des papiers de la Croix-Rouge qu'il avait falsifiés[1]. En 1943, il participe à un groupe clandestin réuni autour d'Aimée Bologne-Lemaire dans son bureau au Lycée Vauban à Charleroi, la section culturelle du Conseil économique wallon de Charleroi[5].

En 1946, il fonde l'Académie des beaux-arts de Charleroi dont il est directeur jusqu'en 1972. Il y enseigne la sculpture. Il est membre de jurys et de diverses commissions des Beaux-arts, des Artistes des Cahiers du Nord, des Artistes du Hainaut, de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut (1956), invité du groupe Nervia. Il siège au Conseil de perfectionnement de l'enseignement de l'architecture et des arts plastiques[6].

Alphonse Darville a collaboré avec Matila Ghyka, à plusieurs études sur le nombre d'or, dans la revue mensuelle « L'amour de l'Art », vers 1950. Il est l'auteur de plusieurs autres écrits et conférences sur l'art, l'artiste et l'enseignement artistique[6].

Parallèlement à sa carrière pédagogique, il poursuit une production artistique. Il crée des réalisations monumentales telles que le monument au Pont des Arches à Liège, à l'Albertine à Bruxelles, au Gouvernement provincial de Mons et à l'Hôtel de Ville de Marcinelle. À Charleroi, il collabore au Palais des expositions , au Palais des beaux-arts, à l'Université du Travail, à l'église Saint-Christophe, l'Hôpital Civil[6],[e] et la Banque Nationale[f]. Dans cette ville il réalise également les monuments à Jules Destrée, Paul Pastur et Pierre Paulus[6]. Dans cette ville également, quatre œuvres de style « Art déco » sculptées dans les années 1935, et dont on ne trouve pour ainsi dire pas d'équivalent à Charleroi, représentaient un footballeur, un joueur de basket, un lanceur de javelot et un quatrième sportif. Lors de travaux de rénovation du stade du Sporting de Charleroi dans les années 1980, elles furent abattues par un entrepreneur[7].

Il est l'auteur de très nombreux bustes et de près de cent médailles. Les médailles sont notamment présentées lors des expositions de la Fédération internationale de la médaille d'art (FIDEM) et celles organisées par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque royale de Belgique[6].

Ses œuvres sont exposées dans des musées et institutions en Belgique[8], mais également à Paris et Budapest en ce qui concerne sa production de médailles[6]. Des œuvres sont conservées dans des collections privées de par le monde[6]

Hommage[modifier | modifier le code]

Une plaque a été apposée sur sa maison natale par la Ville de Charleroi qui a également donné son nom à une voirie, la « Contrescarpe A. Darville » où ont été placés quatre grands bas-reliefs en bronze, une de ses œuvres initialement installée dans le Passage de la Bourse[9]. Son nom est donné à l'académie des beaux-arts dont il fut le fondateur[10].

Distinction[modifier | modifier le code]

Officier de l'ordre de la Couronne (Belgique) Officier de l'ordre de la Couronne en 1965[11]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'œuvre en bronze doré illustre une symbolique imposée pour la Commission de Beaux-Arts : « Les anciens combattants grâce à qui la paix est retrouvée » (Mengeot et Bioul 2015, p. 37)
  2. À propos de la réalisation de cette œuvre, Alphonse Darville écrit dans L'art et la société (1976) : « Presque toujours, les prix sont imposés par les administrations, c'est à prendre ou à laisser, et fixés au niveau le plus bas. Le groupe en bronze qui décore l'escalier d'honneur de l'hôtel de ville de Charleroi à exige un an de mon travail sans que j'en retire le moindre profit. Même la simple couverture des frais fut longtemps compromise.
    Dans ces travaux d'une certaine ampleur, seule la création est dévaluée. Car il faut savoir que les assistants du sculpteur, les mouleurs en plâtres, les fondeurs et les praticiens, étant des artisans, ont vu leurs salaires progresser avec ceux de l'industrie ! »
    (Mengeot et Bioul 2015, p. 38).
  3. Georgette Bousman est la fille, sœur et belle-sœur de Claire Bousman-Francq, son fils Jean et sa belle-fille Paule tués le par les rexistes lors des événements liés à la tuerie de Courcelles.
  4. Pierre Darville sera également directeur de l'académie des beaux-arts de Charleroi fondée par son père (Olivier Culot, « Le nom d'Alphonse Darville reste associé à l'école de l'art et de la vie », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )).
  5. « L'Espérance », sculpture datant de 1968, anciennement placée boulevard Paul Janson, devant l'ancien hôpital civil, elle se trouve maintenant à la maison de repos Docteur J. Hustin, rue de l'Hôpital, 9 à Marchienne-au-Pont (Réponse à une question écrite posée lors du Conseil communal de Charleroi, 27 avril 2015.)
  6. Devenu Quai 10, centre de cinéma, d’art et de jeu vidéo.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Toussaint 2005, p. 75.
  2. Mac Donough 2006, p. 44.
  3. Mengeot et Bioul 2015, p. 37-38.
  4. Mengeot et Bioul 2015, p. 49.
  5. Rousseaux 1982, p. 5.
  6. a b c d e f et g Toussaint 2005, p. 76.
  7. Olivier Culot, « Réquiem pour des œuvres évanescentes », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Piron 2003
  9. Rousseaux 1982, p. 40-41 ; 77.
  10. Olivier Culot, « Le nom d'Alphonse Darville reste associé à l'école de l'art et de la vie », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Dans les ordres nationaux », Le Soir,‎ , p. 12 (lire en ligne Accès limité)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Xavier Canonne, Aurore Carlier et Luc Hiernaux, Alphonse Darville : Éloge de la simplicité, Namur, Société archéologique de Namur, coll. « Monographies du Trema », , 128 p. (ISBN 978-2-87502-060-4).
  • Catherine Leclercq, « Alphonse Darville. L'affirmation de la figure humaine comme idéal formel », dans Charleroi 1666-2016 : 350 ans d'histoire des hommes, des techniques et des idées (Actes de colloque, Charleroi, 23 et 24 septembre 2016), Bruxelles, Académie royale de Belgique, coll. « Mémoires de la Classe des Lettres / IV-XV » (no 2115), , 416 p. (ISBN 978-2-8031-0573-1), p. 365-381.
  • Frédéric Mac Donough (préf. Émile Lempereur), Abécédaire des peintres du Pays de Charleroi : du XVIe au XXIe siècle, Loverval, Éditions Labor, , 240 p. (ISBN 2-8040-2380-X), p. 44-47.
  • Chantal Mengeot et Anne-Catherine Bioul, Le patrimoine de Charleroi : Les fleurs de l'industrie : Art nouveau, Art déco et Modernisme, Namur, Institut du patrimoine wallon, coll. « Carnets du Patrimoine » (no 128), , 64 p. (ISBN 978-2-87522-148-3).
  • Paul Piron, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, vol. 1 : A-K, Ohain-Lasne, Éditions Art in Belgium, (ISBN 2-930338-11-3), p. 290.
  • Geneviève Rousseaux, Alphonse Darville sculpteur, Charleroi, Institut Jules Destrée, coll. « Figures de Wallonie », , 84 p.
  • Jacques Toussaint, « Darville, Alphonse, Victor, Gaston, Henri, Joseph », dans Nouvelle biographie nationale, t. 8, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , 418 p. (lire en ligne [PDF]), p. 45-48.