Aline Dallier-Popper

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Aline Dallier-Popper
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacqueline Renée GauvreauVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
Dallier-PopperVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoints
Pierre Restany (de à )
Frank Popper (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
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Aline Dallier-Popper (née Jacqueline Renée Gauvreau, Paris 20e, - Paris 15e, )[1] est une universitaire et une critique d'art française, notamment spécialiste de l'abstraction lyrique et de l'art textile contemporain. Elle est une pionnière de la critique d'art féministe en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Aline Dallier naît le à Paris[2],[3]. À la fin du lycée, elle commence à travailler et rejoint en 1952 le Reader's Digest. Elle est initiée à l'art contemporain par Pierre Restany, qu'elle rencontre en 1954 et qui devient son époux entre 1955 à 1960[4],[Note 1] . Elle fréquente alors les peintres de l'abstraction lyrique chère à Restany : Jean Fautrier, René Laubiès, Claude Bellegarde, Gianni Bertini, Yehuda Neiman ainsi que Yves Klein...

En 1960, elle devient la collaboratrice de Frank Popper, historien, esthéticien et critique d'art spécialiste de l'art cinétique, qui deviendra son second mari en 1973[3].

Formation universitaire[modifier | modifier le code]

Elle entame des études universitaires sur le tard dans les années 1970, à l'université Paris-VIII, ouverte à l'automne 1968, à la suite des événements de mai, et où Frank Popper est enseignant et directeur du département d'Arts Plastiques[5]. Elle y étudie la sociologie, l'histoire générale, l'esthétique et l'histoire de l'art contemporain, et y découvre le ré-avènement du mouvement féministe français. Elle suit notamment le séminaire Histoire et culture des femmes, porté par Christiane Dufrancatel, Madeleine Rebeyrioux et Béatrice Slama, à la suite duquel elle commence à « se pencher sur la question des femmes dans la société (et dans l'art) »[6]. Elle est licenciée en sociologie, puis obtient une maîtrise d'arts plastiques[7] avec une recherche intitulée L’Incidence du féminisme sur une galerie coopérative de femmes, la A.I.R. Gallery, New York 1968-74 .

Art textile, art corporel[modifier | modifier le code]

Aline Dallier-Popper soutient un doctorat de troisième cycle en esthétique[3] en 1980, à l'université Paris-VIII, intitulé : Activités et réalisations de femmes dans l'art. Un premier exemple: les œuvres dérivées des techniques textiles traditionnelles. Elle forme le terme de « Nouvelles Pénélopes » à propos de la pratique d'artistes femmes qui reprennent et se réapproprient dans une perspective féministe les pratiques textiles dans leurs œuvres[8]. Elle nomme également cette activité textile le « soft art » ou « art souple »[9],[7],[10].

Elle est conseillère artistique du salon Féminie-Dialogue qui se tient en 1976 dans la salle des Actes de l’Unesco, nommée à cette occasion « Espace cousu »[11]. Elle déclare cette même année « Les travaux d’aiguille, autrement dit la couture, la broderie, la dentelle, la tapisserie et le tricot, font historiquement partie de la vie des femmes. »[12]. Elle est très intéressée par les artistes de l'art corporel comme Orlan[7].

« mouvement des femmes dans l'art »[modifier | modifier le code]

Elle rencontre un peu avant 1968 l'artiste Tania Mouraud qui est « la première à l'inciter à s'intéresser à la question des femmes dans l'art »[13]. De même que, la visite fortuite à l'A.I.R. Gallery à New York en 1972 la conduit à s'intéresser à la pratique des artistes femmes contemporaines et aboutit à ses premiers travaux universitaires[11] et à un certain nombre d'articles publiés jusqu'au milieu des années 1980 dans des revues comme Opus International, Les Cahiers du Grif et Sorcières, et dans des catalogues d’expositions thématiques. Son premier article, écrit à la suite de son voyage aux États-Unis, s'intitule « Le Feminist Art aux U.S.A »[14].

Au terme d'art féministe, elle préfère l'expression de « mouvement des femmes dans l'art » et s'est intéressée plus précisément à la « présence-absence des femmes dans l'art et plus encore à l'incidence du féminisme dans la production artistique des femmes, à certaines époques, en particulier aux époques de pré-féminisme (1789) et de féminisme déclaré (1870,1920, 1970), [elle] ne [s'est] pas pour autant consacrée uniquement aux artistes femmes et aux effets du féminisme sur l'art »[10],[13]. En effet, à partir de 1985, elle commence à écrire de nouveau sur des artistes hommes[11].

De 1980 à 1992, elle est maîtresse de conférences à l'université Paris-VIII[7]. Son cours porte sur l’histoire de l’art et les femmes, mais plus généralement sur l’histoire de l’Abstraction lyrique et géométrique[3].

Un corpus de ses textes est rassemblé dans une anthologie publiée en 2009 aux éditions de L'Harmattan sous le titre Art, féminisme, post-féminisme : un parcours de critique d’art[15]. Ses archives sont versées dans les Archives de la critique d'art, à Châteaugiron, France[16].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Aline Dallier-Popper rencontre Pierre Restany avec qui elle se marie à la mairie du 17e arrondissement de Paris le [17],[18]. Elle divorce en 1960 et fait la connaissance de Franck Popper, enseignant et historien de l'art cinétique. Ils se marient en 1973. Elle meurt le 5 février 2020[19]. Franck Popper meurt six mois plus tard.

Hommage[modifier | modifier le code]

En 2022, la galerie parisienne Arnaud Lefebvre a organisé une exposition collective en son hommage[20]. Marie-Jo Bonnet participe, entre autres, à cet hommage[21].

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

Ouvrages de l'auteur et directions d'ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Activités et réalisations de femmes dans l'art contemporain. Un premier exemple: les œuvres dérivées des techniques textiles traditionnelles: thèse de doctorat de troisième cycle en Esthétique, Université de Paris VIII, 1980, 2 vol., 455 p.
  • Charlotte Calmis, peintre et poète, Paris: Les Trois spirales, 1999.
  • [Dallier-Popper et Roméo 2009] Aline Dallier-Popper et Claudine Roméo (recueil d'articles et entretien avec Claudine Roméo), Art, féminisme, post-féminisme : un parcours de critique d'art, Paris, L'Harmattan, , 213 p. (ISBN 9782296069183, lire en ligne)

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • « Présence des femmes dans l’art », in Femmes et création, Marseille, Groupe Régional pour l’Action et l'Information des Femmes, 1985, p. 61-65.
  • « Transgression et extension des frontières de l’art », in L'Audace en art, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 41-53

Catalogues[modifier | modifier le code]

  • « Introduction », in Catalogue Combative acts, profiles and voices: an exhibition of women artists from Paris, New York, A.I.R. Gallery, 1976, 3 p.
  • « Espace cousu », in Catalogue Feminie 76 : Unesco, 7 déc. 1976-, Paris, Paris, Dialogue, 1976, 3 p. [Conseillère artistique].
  • « Couture-peinture », in Catalogue Féminie 77 : Unesco, 8 déc. 1977-, Paris, Paris, Dialogue, 1977, 3 p. [Conseillère artistique].
  • « Le Soft art et les bijoux », in Catalogue Soft Art, Paris, Galerie Paris-Monte-Carlo, 1977, 2 p.
  • [Préface], in Catalogue Femmes : graphismes, textes, musiques, actions, Paris: Galerie NRA, 1977.
  • « Le Féminisme dans l'art : mouvements et théories », in Catalogue Face à femmes : Kossa Boksan, Odette Bernard, Sara Holt..., Le Havre, Maison de la culture, 1978, 2 p.
  • « Du féminisme dans l'art en France », in Catalogue Art et féminisme, Québec, Ministère des affaires culturelles, 1982, p. 167-178.
  • « Féminie : dix ans d'activité », « Art-vêtement, art-parure », in Catalogue Féminie 85 : Maison de l'UNESCO, Paris, Dialogue, 1985, 3 p.
  • « Iris Clert, la messagère de l'art », in: Catalogue Hommage à Iris Clert au Grand Palais, du 4 au , Biennale des femmes, Paris, Dialogue; UFPS, 1988, 3 p.
  • « Les Associations de femmes artistes en France et aux Etats-Unis. Histoire et actualité », in Catalogue Femmes artistes de France et d'Amérique, Paris, Cercle France-Amériques, 2002.
  • Des femmes dans l'art - Hommage à Aline Dallier, Catalogue de l'exposition à la galerie Arnaud Lefebvre, sous la direction de Diana Quinby, 2022.

Articles de périodiques[modifier | modifier le code]

  • « L'Art des femmes existe-t-il ? », in Actuel, mai-.
  • « Le Feminist Art aux U.S.A. », in Opus International, , n°50, p. 70-75.
  • « Le Soft art et les femmes », in Opus International, sept.1974, n°52, p. 49-54.
  • « Les Voyages de Tania Mouraud », in Opus International, , n°56, p. 46-47.
  • « Fear of feminism in France », in The Feminist Art Journal, printemps 1975.
  • « L'Itinéraire de Nil Yalter », in Les Cahiers du GRIF, déc.1975, p. 86-87.
  • « Des Plasticiennes américaines », in Peinture-Cahiers théoriques, déc.1975, p. 179-183.
  • « Les Travaux d'aiguille », in Les Cahiers du GRIF, , n°12, p. 49-53.
  • « L'Image de la violence dans l'art des femmes », in Les Cahiers du GRIF, déc.1976, p. 114-116.
  • « La Broderie et l'anti-broderie », in Sorcières, nov. 1977, n°10, p. 14-17.
  • « Le Mouvement des femmes dans l'art », in Opus International, printemps 1978, n°66/67, p. 35-42.
  • « La Critique, les femmes et l'art », in Opus International, hiver 1979, p. 80-81.
  • « La Couture et la broderie dans l'art contemporain », in Bulletin des Arts plastiques, oct.1979, n°10, p. 14-15.
  • « Activités et réalisations de femmes dans l'art contemporain. Un premier exemple: les œuvres dérivées des techniques textiles traditionnelles », in Pénélope, Direction Marie-Jo Bonnet, automne 1980, n°3.
  • « Le Sentiment de la nature dans l'art des femmes », in Sorcières, oct.1980, n°20, p. 113-117.
  • « Tina Modotti : photographe et révolutionnaire », in Opus International, printemps 1982, n°84, p. 81.
  • « L'Apport/la part des femmes [Dir. du dossier] », « Le Rôle des femmes dans l'éclatement des avant-gardes et l'élargissement du champ de l'art », « Bibliographie sélective sur l'art des femmes », in Opus International, printemps 1983, n°88, p. 8, p. 24-30, p. 43-44.
  • « Aline Gagnaire (1911-1997). Une vie, une œuvre, des traces profondes », in Recherches en esthétique, sept. 1998, n°4, p. 41-48.
  • « ORLAN : du charnel au virtuel", in Supérieur Inconnu, avril-, n° 14, p. 59-65.
  • « ORLAN, métissage artistique et action politique", in Recherches en esthétique, oct. 1999, n° 5, p. 57-60.
  • « Jean Dubuffet, un homme complexe, un artiste au parcours audacieux », in Recherches en esthétique, oct. 2002, n° 8, p. 73-83.
  • « Féminisme, genre et trouble dans le genre », in Recherches en esthétique, déc. 2011, n° 17, p. 99-106.
  • « Le Transgresseur des confins de l'art. Hommage à Yves Klein (1928-1962) », in Recherches en esthétique, , n° 18, p. 85-94. [En collaboration avec Frank Popper].
  • « L'Engagement socio-politique : une tendance forte dans l'art actuel », in Recherches en esthétique, , n° 19, p. 49-58. [En collaboration avec Frank Popper].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Quant à moi, je suis devenue critique d'art grâce à des rencontres avec des personnes et des lieux d'exception. Les personnages en question sont principalement Pierre Restany, critique d'art fondateur du nouveau réalisme qui m'initia à l'art contemporain, Frank Popper, esthéticien et historien de l'art technologique, qui me donna le goût des études en esthétique, Gérald Gassiot-Talabot, critique d'art et directeur de la revue Opus-International, qui publia mon premier article. D'autre parti, sans l'Université de Paris-8, ouverte en automne 1968 à Vincennes à la suite des événements de 1968, où j'ai pu faire des études relativement tardives en histoire de l'art et en esthétique, je ne me serais peut-être jamais autorisée à écrire sur l'art. », Dallier-Popper et Roméo p8

Références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. « Des femmes dans l'art, hommage à Aline Dallier », Galerie Arnaud Lefebvre,‎ (lire en ligne [PDF])
  3. a b c et d « Dallier-Popper Aline - Archives de la critique d'Art », sur www.archivesdelacritiquedart.org (consulté le )
  4. Dallier-Popper et Roméo 2009, p. 8.
  5. « Biographie Frank Popper », sur INHA (consulté le )
  6. Dallier-Popper et Roméo 2009, p. 31.
  7. a b c et d « Être femme artiste - hommage à Aline Dallier dans Le Grand Palais, une histoire au féminin », Les dossiers pédagogiques du Grand Palais, no 9,‎ , p. 43 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  8. Maïlys Celeux-Lanval, « Avec l’art contemporain, la tapisserie reprend des couleurs », sur Beaux-Arts, (consulté le )
  9. Alix Leridon, « Trois jeunes artistes tirent le fil de l'art textile », sur Numéro Magazine, (consulté le )
  10. a et b Diana Quinby, « De l'art et du féminisme en France dans les années 1970 », sur Archives du féminisme, (consulté le )
  11. a b et c Fabienne Dumont, « Aline Dallier-Popper, pionnière de la critique d’art féministe en France », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain, no 31,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.785, lire en ligne, consulté le )
  12. « L'art de la fibre », sur De Bonne Facture, (consulté le )
  13. a et b Dallier-Popper et Roméo 2009, p. 9.
  14. Aline Dallier, « Le Feminist Art aux U.S.A. », Opus-International, no 50,‎ , p. 70-75 (ISSN 0048-2056)
  15. Dallier-Popper et Roméo 2009.
  16. « Guide général des fonds d'archives - Fonds Aline Dallier-Popper », sur www.archivesdelacritiquedart.org (consulté le )
  17. Archives en ligne de Paris, 17e arrondissement, tables décennales des mariages 1955-1964, vue 11/21
  18. Archives en ligne de Paris, 17e arrondissement, tables décennales des mariages 1955-1964, vue 3/21
  19. « "Aline Dallier-Popper, hommage" », sur Archives de la critique d'art, (consulté le )
  20. Camille Paulhan, « Des femmes dans l'art : hommage à Aline Dallier (1927-2020), historienne d'art, pionnière de la critique d'art féministe en France », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.97743, lire en ligne, consulté le )
  21. Auteur Marie-Jo Bonnet, « L’Art et le Féminisme en France dans les années 1970 », sur La page de Marie-Jo Bonnet, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]