Abdellah Taïa

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Abdellah Taïa
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Abdellah Taïa à Stockholm en 2013 (photo : Håkan Lindquist).
Naissance (50 ans)
Salé, Maroc
Activité principale
Distinctions

Prix de Flore (2010)

Grand Prix du Jury du Festival Premiers Plans d'Angers (2014)
Auteur
Langue d’écriture français
Mouvement XXIe siècle
Littérature francophone
Genres

Œuvres principales

Lettres à un jeune marocain (2009)
Le Jour du roi (2010)
Infidèles (2012)

Abdellah Taïa (en arabe : عبد الله الطايع), né le à Salé au Maroc[1], est un écrivain et cinéaste marocain d'expression française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille modeste, Abdellah Taïa est l'avant-dernier d'une famille de neuf enfants[1].

Abdellah Taïa étudie la littérature française à l'université Mohamed-V de Rabat et à l'université de Genève. En , l'année de la mort du roi Hassan II, il arrive à Paris pour un doctorat en littérature française à la Sorbonne[2]. Il soutient une thèse sur Jean-Honoré Fragonard et sur le roman libertin du XVIIIe siècle[1]. Son séjour à Paris est matériellement difficile, mais fructueux sur le plan intellectuel ; il découvre un autre monde qui lui inspire le don de l'écriture, et découvre la peinture (notamment Fragonard) et le cinéma.

En 1999, ses premiers textes sont publiés dans un recueil de nouvelles par Loïc Barrière, aux éditions Paris-Méditerranée, Des nouvelles du Maroc, aux côtés de Mohamed Choukri, Salim Jay et Rachid O..

Son premier recueil de nouvelles, Mon Maroc, paraît en 2001 aux éditions Séguier, avec une préface de l'écrivain René de Ceccatty auquel il rendra un chaleureux hommage quand il recevra le Prix de Flore.

Il fait son coming out en 2006[3],[4].

En , Abdellah Taïa fait la couverture du magazine marocain TelQuel sous le titre : « Homosexuel, envers et contre tous ». En , il publie dans le même hebdomadaire une lettre intitulée « L'homosexualité expliquée à ma mère », où il traite ouvertement de sa sexualité.

De à , sous la présidence de Florence Malraux, Abdellah Taïa est membre de la commission « avance sur recettes » au CNC[5].

En 2009, il dirige l'ouvrage collectif Lettres à un jeune marocain (éditions du Seuil) qui se veut une main tendue vers la jeunesse marocaine abandonnée de tous : 50 000 exemplaires en sont distribués gratuitement en au Maroc, en supplément de TelQuel. En décembre de la même année, 40 000 exemplaires du livre, traduit en arabe, sont également distribués gratuitement avec Nichane, la version arabophone de l'hebdomadaire.

Il est l'auteur de plusieurs romans dont Le Jour du roi, qui obtient le le prix de Flore[6].

Depuis le début du Printemps arabe, il publie plusieurs tribunes dans des journaux français et marocains.

En 2012, il réalise son premier film, L'Armée du salut[7], adaptation de son troisième roman qu'il présente à la Mostra de Venise 2013, au Festival international du film de Toronto 2013[8] et qui reçoit le Grand Prix du Jury au Festival Premiers Plans d’Angers en 2014. Le film sort en salles en .

En , son livre La Vie lente, sorti le , est selectionné par le jury du prix Renaudot 2019[9].

Ses livres sont traduits dans plusieurs langues.

Il est l'un des premiers écrivains marocains et arabes (après L'Enfant ébloui de Rachid O., 1995) à affirmer publiquement, dans ses livres comme dans les médias, son homosexualité. Dans son Dictionnaire des écrivains marocains, Salim Jay écrit qu'il possède « un ton bien à lui, fait d'une imprégnation authentique par les humeurs et les rumeurs de son pays natal et d'une ouverture avide à la découverte d'univers différents de l'autre côté du détroit. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Nouvelles du Maroc, Paris-Méditerranée, Eddif, 1999
  • Mon Maroc, récit, Séguier, 2000
  • Le Rouge du tarbouche, roman, Séguier, 2004
  • L'Armée du salut, roman, Seuil, 2006
  • Maroc 1900-1960, un certain regard, avec Frédéric Mitterrand, Actes Sud, 2007
  • Une mélancolie arabe, roman, Seuil, 2008
  • Lettres à un jeune marocain, recueil de lettres, Seuil, 2009
  • Le Jour du roi, roman, Seuil, 2010 – prix de Flore
  • Infidèles, roman, Seuil, 2012
  • Un pays pour mourir, roman, Seuil, 2015
  • Celui qui est digne d'être aimé , roman, Seuil, 2017
  • La Vie lente , roman, Seuil, 2019, 270 pages, (ISBN 978-2-02-142183-5)[10],[11],[12] Mention spéciale du jury - Prix du roman gay 2019
  • Vivre à ta lumière, Seuil, 2022

Filmographie[modifier | modifier le code]

Sur quelques ouvrages[modifier | modifier le code]

La vie lente[modifier | modifier le code]

Le livre commence comme un monologue, une confession, d'un homme à un inspecteur de police (Vous comprenez, monsieur l'inspecteur). La scène principale se déroule à Paris, 107 rue de Turenne, en 2017 et 2018. Les cimetières ce n'est pas ce qui manque à Paris, madame Marty (p. 11, incipit),

Le narrateur, Mounir Rochdi, 40 ans, d'origine marocaine (Salé, région de Rabat-Salé-Kénitra), en situation régulière, avec un visa de dix ans, titulaire d'un doctorat en littérature française du XVIIIe siècle à la Sorbonne (p. 19), sur Fragonard et le roman libertin, seul, sans emploi, sans ressource, occupe depuis trois ans un appartement, bien installé, presque vide, de 45 m2 au 4e étage. Madame Simone Marty, plus de 80 ans, sa voisine du dessus, depuis près de cinquante ans dans un studio de 14 m2, jusque-là presque respectueuse du locataire du dessous, dans la fragilité absolue (p. 25), commence à se plaindre, et à appeler la police : elle a peur de vous (p. 28).

Cet ancien étudiant lit beaucoup, reçoit peu, recherche le calme... Petit adolescent gay efféminé et persécuté par des hommes hétérosexuels affamés de sexe, ce n'est que lorsque j'avais décidé d'être violent à mon tour, violent par les mots, qu'on avait changé d'attitude vis-à-vis de moi. Plus j'étais ordurier dans mon langage, plus on me foutait la paix. (p. 22). Il a eu un bref amour à Rabat, Samir, et un amour plus durable à Paris, Antoine (policier), pendant trois mois. Il a fui le Maroc, et craint de devoir fuir cet appartement et Paris...

Et pourtant, il y a eu cette gentillesse parfois, Oumayma, la patronne, noire, de la boulangerie-pâtisserie La Clé du paradis, cité Pablo-Picasso, à Nanterre-Préfecture, et surtout Simone, avec laquelle malgré tout les discussions ont eu lieu. Simone aussi est une survivante... vieille, pauvre, seule, abandonnée dans un 14 mètres carrés qui sentait le vieux, avec des toilettes sur le palier (p. 152). Et la cousine Madjouline, 19 ans, à Bruxelles, qu'on menace de mariage arrangé.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Dounia Hadni, « Abdellah Taïa : paria gagné » sur Libération, 5 janvier 2017.
  2. Quatrième de couverture de Le Rouge du tarbouche, Tarik Éditions, Casablanca, 2009.
  3. « Abdellah Taïa brise le tabou de l'homosexualité » (consulté le ).
  4. (en-US) « A conversation with Moroccan novelist Abdellah Taïa | Sampsonia Way Magazine » (consulté le )
  5. Il a été nommé par la directrice du CNC, Véronique Cayla.
  6. Le prix de Flore 2010 décerné à Abdellah Taïa pour "Le Jour du roi" dans Le Monde du 4 novembre 2010.
  7. L’Armée du salut – Un long métrage d’Abdellah Taïa (site de Rita Production).
  8. Extrait du film « L’Armée du salut ».
  9. « Les écrivains marocains Mahi Binebine et Abdellah Taïa sélectionnés pour le prix Renaudot », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le )
  10. « Dignité, Abdellah Taïa », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  11. « "La Vie lente" d'Abdellah Taïa, son dixième roman sur le chemin de la maturité », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  12. « "La vie lente" d'Abdellah Taïa », sur France Culture (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]