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Les [[média]]s et les {{lien|fr=Organisation environnementale|lang=en|trad=Environmental organization|texte=organisations environnementales}} présentent régulièrement la forêt amazonienne comme le « poumon de la Terre » ou le « poumon vert » pour suggérer son rôle de réservoir d'oxygène de la planète, affirmant qu'elle produit 50 % de l'oxygène de la planète<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Institute of Foresters of Australia|titre=Think trees, grow trees|éditeur=Australian Govt. Pub. Service|date=1985|passage=20}}.</ref> ou 20 %<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://edition.cnn.com/2019/08/21/americas/amazon-rainforest-fire-intl-hnk-trnd/index.html|titre=Brazil's Amazon rainforest is burning at a record rate, research center says|auteur=Jessie Yeung & Abel Alvarado|date=22 août 2019|site=[[cnn.com]]}}.</ref>. En réalité le [[phytoplancton]] océanique fournit, grâce à la [[photosynthèse]], entre 60 à 80 % de l'oxygène de l'air<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Chip Fletcher|titre=Climate Change|éditeur=John Wiley & Sons|date=2018|passage=95}}.</ref>, ce qui vaut aux océans d'être qualifiés de « poumon bleu »<ref>{{ouvrage|auteur=Eric Karsenti, Dino Di Meo|titre=Tara océans|éditeur=Actes Sud|date=2012|passage=87}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.letelegramme.fr/local/morbihan/vannes-auray/quiberon/houat/eclosarium-a-la-decouverte-du-phytoplancton-13-07-2011-1369435.php|titre=Éclosarium. À la découverte du phytoplancton|date=13 juillet 2011|site=[[letelegramme.fr]]}}.</ref>. Cette métaphore anatomique est de plus trompeuse. Le poumon ne produit pas d'[[oxygène]] mais en consomme par le processus de la [[respiration]]<ref>{{Lien web|url=https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/pollution-poumon-vert-planete-cest-991/|titre=Le poumon vert de la planète, c'est quoi ?|consulté le=23 août 2019|site=[[futura-sciences.com]]}}.</ref>. Enfin, la forêt amazonienne [[climacique]], ou proche du [[climax]], est à peu près en équilibre sur elle-même : le bilan de photosynthèse-respiration pour cet [[écosystème]] est alors nul du point de vue de l'oxygène<ref>{{ouvrage|auteur=[[François Ramade]]|titre=Éléments d'écologie|éditeur=Dunod|date=2009|passage=415}}.</ref>.
Les [[média]]s et les {{lien|fr=Organisation environnementale|lang=en|trad=Environmental organization|texte=organisations environnementales}} présentent régulièrement la forêt amazonienne comme le « poumon de la Terre » ou le « poumon vert » pour suggérer son rôle de réservoir d'oxygène de la planète, affirmant qu'elle produit 50 % de l'oxygène de la planète<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Institute of Foresters of Australia|titre=Think trees, grow trees|éditeur=Australian Govt. Pub. Service|date=1985|passage=20}}.</ref> ou 20 %<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://edition.cnn.com/2019/08/21/americas/amazon-rainforest-fire-intl-hnk-trnd/index.html|titre=Brazil's Amazon rainforest is burning at a record rate, research center says|auteur=Jessie Yeung & Abel Alvarado|date=22 août 2019|site=[[cnn.com]]}}.</ref>. En réalité le [[phytoplancton]] océanique fournit, grâce à la [[photosynthèse]], entre 60 à 80 % de l'oxygène de l'air<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Chip Fletcher|titre=Climate Change|éditeur=John Wiley & Sons|date=2018|passage=95}}.</ref>, ce qui vaut aux océans d'être qualifiés de « poumon bleu »<ref>{{ouvrage|auteur=Eric Karsenti, Dino Di Meo|titre=Tara océans|éditeur=Actes Sud|date=2012|passage=87}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.letelegramme.fr/local/morbihan/vannes-auray/quiberon/houat/eclosarium-a-la-decouverte-du-phytoplancton-13-07-2011-1369435.php|titre=Éclosarium. À la découverte du phytoplancton|date=13 juillet 2011|site=[[letelegramme.fr]]}}.</ref>. Cette métaphore anatomique est de plus trompeuse. Le poumon ne produit pas d'[[oxygène]] mais en consomme par le processus de la [[respiration]]<ref>{{Lien web|url=https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/pollution-poumon-vert-planete-cest-991/|titre=Le poumon vert de la planète, c'est quoi ?|consulté le=23 août 2019|site=[[futura-sciences.com]]}}.</ref>. Enfin, la forêt amazonienne [[climacique]], ou proche du [[climax]], est à peu près en équilibre sur elle-même : le bilan de photosynthèse-respiration pour cet [[écosystème]] est alors nul du point de vue de l'oxygène<ref>{{ouvrage|auteur=[[François Ramade]]|titre=Éléments d'écologie|éditeur=Dunod|date=2009|passage=415}}.</ref>.


Une étude publiée en 2019<ref>{{Article|langue=en|auteur=Lei Fan, Jean-Pierre Wigneron, Philippe Ciais, Jérôme Chave, Martin Brandt, Rasmus Fensholt, Sassan S. Saatchi, Ana Bastos, Amen Al-Yaari, Koen Hufkens, Yuanwei Qin, Xiangming Xiao, Chi Chen, Ranga B. Myneni, Roberto Fernandez-Moran, Arnaud Mialon, N. J. Rodriguez-Fernandez, Yann Kerr, Feng Tian, Josep Peñuelas|titre=Satellite-observed pantropical carbon dynamics|périodique=Nature Plants|date=29 juillet 2019|volume=|numéro=|pages=|doi=10.1038/s41477-019-0478-9}}.</ref> achève ce mythe du « poumon vert tropical »<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/07/30/les-forets-tropicales-ne-capturent-plus-le-co2/|titre=Les forêts tropicales ne capturent plus le CO2|auteur=Sylvestre Huet|date=30 juillet 2019|site=lemonde.fr}}.</ref>{{,}}<ref name="lexpress">{{Lien web|url=https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/les-forets-captent-de-moins-en-moins-de-carbone_2094796.html|titre=Les forêts captent de moins en moins de carbone|auteur=Nathan Mann|date=20 août 2019|site=[[lexpress.fr]]}}.</ref>. Les stocks de carbone de la [[biomasse]] aérienne produits dans les régions tropicales (notamment les forêts préservées au centre des [[Bassin amazonien|bassins d'Amazonie]] et [[Forêt du bassin du Congo|du Congo]]) sont compensés par les pertes liées à la [[déforestation]] (voir [[déforestation de la forêt amazonienne]]) ou au dépérissement lié à l'impact du climat (notamment les sécheresses caractéristiques des années [[El Niño]]). Les grandes [[Forêt tropicale|forêts tropicales]], qui contiennent un tiers des trois trillions d'arbres présents sur la planète<ref name="lexpress"/>, et qui étaient autrefois des [[puits de carbone]] dans la biomasse aérienne (les arbres puisent dans l'atmosphère le {{CO2}} qu'ils décomposent pour retenir le carbone et rejeter l'oxygène), {{Citation|deviennent globalement neutres. Elles pourraient même devenir une source de carbone atmosphérique dans un proche avenir, accélérant ainsi le [[réchauffement global]]<ref>{{Lien web|url=http://www.cnrs.fr/fr/la-biomasse-aerienne-de-la-vegetation-de-la-zone-tropicale-na-plus-dimpact-positif-sur-le-stockage|titre=La biomasse aérienne de la végétation de la zone tropicale n’a plus d’impact positif sur le stockage du carbone|date=29 juillet 2019|site=[[cnrs.fr]]}}.</ref>}}.
Des travaux publiés en 2019<ref>{{Article|langue=en|auteur=Lei Fan, Jean-Pierre Wigneron, Philippe Ciais, Jérôme Chave, Martin Brandt, Rasmus Fensholt, Sassan S. Saatchi, Ana Bastos, Amen Al-Yaari, Koen Hufkens, Yuanwei Qin, Xiangming Xiao, Chi Chen, Ranga B. Myneni, Roberto Fernandez-Moran, Arnaud Mialon, N. J. Rodriguez-Fernandez, Yann Kerr, Feng Tian, Josep Peñuelas|titre=Satellite-observed pantropical carbon dynamics|périodique=Nature Plants|date=29 juillet 2019|volume=|numéro=|pages=|doi=10.1038/s41477-019-0478-9}}.</ref>, confirmant des études précédentes<ref>{{Article|langue=en|auteur=|titre=Long-term decline of the Amazon carbon sink
R. J. W. Brienen et al.|périodique=Nature|date=2015|volume=519|numéro=7543|pages=344–348|doi=10.1038/nature14283,}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur=A. Baccini et al.|titre=Tropical forests are a net carbon source based on aboveground measurements of gain and loss|périodique=Science|date=2017|volume=358|numéro=6360|pages=230-234|doi=10.1126/science.aam5962}}.</ref>, achèvent ce mythe du « poumon vert tropical »<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/07/30/les-forets-tropicales-ne-capturent-plus-le-co2/|titre=Les forêts tropicales ne capturent plus le CO2|auteur=Sylvestre Huet|date=30 juillet 2019|site=lemonde.fr}}.</ref>{{,}}<ref name="lexpress">{{Lien web|url=https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/les-forets-captent-de-moins-en-moins-de-carbone_2094796.html|titre=Les forêts captent de moins en moins de carbone|auteur=Nathan Mann|date=20 août 2019|site=[[lexpress.fr]]}}.</ref>. Les stocks de carbone de la [[biomasse]] aérienne produits dans les régions tropicales (notamment les forêts préservées au centre des [[Bassin amazonien|bassins d'Amazonie]] et [[Forêt du bassin du Congo|du Congo]]) sont compensés par les pertes liées à la [[déforestation]] (voir [[déforestation de la forêt amazonienne]]) ou au dépérissement lié à l'impact du climat (notamment les sécheresses caractéristiques des années [[El Niño]]). Les grandes [[Forêt tropicale|forêts tropicales]], qui contiennent un tiers des trois trillions d'arbres présents sur la planète<ref name="lexpress"/>, et qui étaient autrefois des [[puits de carbone]] dans la biomasse aérienne (les arbres puisent dans l'atmosphère le {{CO2}} qu'ils décomposent pour retenir le carbone et rejeter l'oxygène), {{Citation|deviennent globalement neutres. Elles pourraient même devenir une source de carbone atmosphérique dans un proche avenir, accélérant ainsi le [[réchauffement global]]<ref>{{Lien web|url=http://www.cnrs.fr/fr/la-biomasse-aerienne-de-la-vegetation-de-la-zone-tropicale-na-plus-dimpact-positif-sur-le-stockage|titre=La biomasse aérienne de la végétation de la zone tropicale n’a plus d’impact positif sur le stockage du carbone|date=29 juillet 2019|site=[[cnrs.fr]]}}.</ref>}}.


== Activités humaines ==
== Activités humaines ==

Version du 23 août 2019 à 16:36

Forêt amazonienne
Image illustrative de l’article Forêt amazonienne
Carte géographique des écorégions de la forêt amazonienne délimitées par le WWF. Les lignes en jaune délimitent les contours de la forêt amazonienne. Les frontières nationales sont indiquées en noir (Image satellite de la NASA)
Localisation
Coordonnées 3° 10′ sud, 60° 02′ ouest
Pays Drapeau du Brésil Brésil
Drapeau du Pérou Pérou
Drapeau de la Colombie Colombie
Drapeau du Venezuela Venezuela
Drapeau de la France France (Guyane)
Drapeau du Suriname Suriname
Drapeau du Guyana Guyana
Drapeau de la Bolivie Bolivie
Drapeau de l'Équateur Équateur
Géographie
Superficie 550 000 000 ha
Altitude
 · Maximale
 · Minimale

2 995[1] m
0 m
Population 34 M
Géolocalisation sur la carte : Pérou
(Voir situation sur carte : Pérou)
Forêt amazonienne
Géolocalisation sur la carte : Équateur
(Voir situation sur carte : Équateur)
Forêt amazonienne
Géolocalisation sur la carte : Colombie
(Voir situation sur carte : Colombie)
Forêt amazonienne
Géolocalisation sur la carte : Venezuela
(Voir situation sur carte : Venezuela)
Forêt amazonienne
Les bords du fleuve Amazone dans l'État brésilien du Pará.

La forêt amazonienne (en portugais floresta amazônica ; en espagnol selva amazónica ; en anglais Amazon rainforest), également connue sous le nom d'« Amazonie » ou « jungle amazonienne », est une forêt tropicale située dans le bassin amazonien en Amérique du Sud. Cette forêt est présentée au grand public comme le poumon de la terre.

Composée de près de 390 milliards d'arbres et de 16 000 espèces différentes, la forêt amazonienne est le plus grand réservoir de biodiversité au monde. Il y a près de 60 fois plus d'arbres « adultes » dans la forêt amazonienne que d'êtres humains sur l'ensemble de la planète. Cet immense territoire est menacé par la déforestation : depuis 1970, environ 18 % de la forêt originale a disparu à cause de la déforestation et des activités humaines. Afin de préserver cet écosystème, plusieurs parties de la forêt amazonienne sont protégées et 3 d'entre elles : le complexe de conservation de l'Amazonie centrale[2] au Brésil, le parc national de Manú[3] au Pérou et le parc national Noel Kempff Mercado[4] en Bolivie, sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial par l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Étymologie

Un rapport écrit par l'aumônier de l'expédition Carvajal Gaspard le 22 avril 1542, provenant de son journal de voyage racontant l'exploration de la région équatoriale d'Amérique du Sud, note que les Espagnols ont rencontré une tribu de femmes guerrières farouches, dont la reine se nommait Conor. Le chef d'expédition, Francisco de Orellana, appela le fleuve, le fleuve des Amazones, parce qu'elles lui rappelait les légendaires femmes-guerrières Amazones d'Asie décrites par Hérodote et Diodore de Sicile dans la mythologie grecque[5]. Les amazones d'Amazonie sont parfois représentées avec la peau blanche.

Histoire et géographie

La forêt vierge s'est formée durant l'époque Éocène par suite de la baisse globale des températures tropicales lorsque l'océan Atlantique s'est suffisamment élargi pour fournir un climat chaud et humide au bassin amazonien. La forêt tropicale existe depuis au moins 55 millions d'années. Auparavant, la biotope de la région était de type savane. Elle est située dans le bassin amazonien, en Amérique du Sud, où elle recouvre environ 5,5 millions de km2 sur les 7,3 millions de km2 du bassin. Après l'extinction Crétacé-Tertiaire à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années, la disparition des dinosaures et le climat plus humide ont permis à la forêt tropicale de se développer à travers le continent.

Au cours de l'Oligocène, la forêt s'étendait sur une bande relativement étroite, située en majeure partie au-dessus du 15° parallèle nord. Elle s'est élargie progressivement au cours du Miocène moyen, avant de se rétracter à nouveau lors de la dernière ère glaciaire[6]. Toutefois, la forêt tropicale a réussi à se développer[passage controversé] au cours de cette période, permettant la survie et l'évolution d'une grande diversité d'espèces.

Biodiversité

Le fleuve Amazone s'écoulant dans la forêt tropicale.

La région comprend 50 à 70 % de la biodiversité mondiale[7]. Elle abrite environ 2,5 millions d'espèces d'insectes et actuellement, au moins 40 000 espèces de plantes, 2 200 poissons[8], 1 294 oiseaux, 427 mammifères, 428 amphibiens et 378 reptiles ont été scientifiquement classés dans la région[9]. Les scientifiques ont décrit entre 96 660 et 128 843 espèces d'invertébrés uniquement au Brésil[10]. Une espèce d'oiseau sur cinq dans le monde vit dans la forêt amazonienne, et une espèce de poisson sur cinq vit dans ses rivières.

Liane.

En 2013, la forêt Amazonienne est composée d'environ 390 milliards d'arbres et d'environ 16 000 espèces[11]. L'inventaire de la forêt a été effectué par une équipe internationale de scientifiques dans une étude publiée le 18 octobre 2013. En raison de la taille immense de la forêt, ce résultat a nécessité la mise en commun du travail de plus d'une centaine de chercheurs du monde entier, dont six Français, rassemblés dans le réseau ATDN (Amazon Tree Diversity Network)[12].

La diversité d'espèces de plantes est la plus importante sur Terre. Certains experts estiment qu'un kilomètre carré pourrait contenir plus de 75 000 types d'arbres et 150 000 espèces de plantes supérieures. Un kilomètre carré de forêt amazonienne peut contenir 90 790 t de plantes vivantes[13]. Actuellement, environ 438 000 espèces de plantes ayant un intérêt économique et social ont été répertoriées dans la région, et beaucoup plus restent à découvrir ou à classifier[14].

Écosystèmes

Forêt amazonienne.

Poumon de la Terre ?

Les médias et les organisations environnementales (en) présentent régulièrement la forêt amazonienne comme le « poumon de la Terre » ou le « poumon vert » pour suggérer son rôle de réservoir d'oxygène de la planète, affirmant qu'elle produit 50 % de l'oxygène de la planète[15] ou 20 %[16]. En réalité le phytoplancton océanique fournit, grâce à la photosynthèse, entre 60 à 80 % de l'oxygène de l'air[17], ce qui vaut aux océans d'être qualifiés de « poumon bleu »[18],[19]. Cette métaphore anatomique est de plus trompeuse. Le poumon ne produit pas d'oxygène mais en consomme par le processus de la respiration[20]. Enfin, la forêt amazonienne climacique, ou proche du climax, est à peu près en équilibre sur elle-même : le bilan de photosynthèse-respiration pour cet écosystème est alors nul du point de vue de l'oxygène[21].

Des travaux publiés en 2019[22], confirmant des études précédentes[23],[24], achèvent ce mythe du « poumon vert tropical »[25],[26]. Les stocks de carbone de la biomasse aérienne produits dans les régions tropicales (notamment les forêts préservées au centre des bassins d'Amazonie et du Congo) sont compensés par les pertes liées à la déforestation (voir déforestation de la forêt amazonienne) ou au dépérissement lié à l'impact du climat (notamment les sécheresses caractéristiques des années El Niño). Les grandes forêts tropicales, qui contiennent un tiers des trois trillions d'arbres présents sur la planète[26], et qui étaient autrefois des puits de carbone dans la biomasse aérienne (les arbres puisent dans l'atmosphère le CO2 qu'ils décomposent pour retenir le carbone et rejeter l'oxygène), « deviennent globalement neutres. Elles pourraient même devenir une source de carbone atmosphérique dans un proche avenir, accélérant ainsi le réchauffement global[27] ».

Activités humaines

Témoignages anciens de présence humaine au sein de la biodiversité végétale

L'Amazonie est souvent présentée comme l'une des forêts vierges portant le moins de traces de l’homme. Pour les botanistes, elle a néanmoins été façonnée par les activités des peuples anciens qui y ont notamment changé la répartition des arbres[28].

Par exemple les descendants de palmiers de culture sont cinq fois plus susceptibles d'être représentés en Amazonie que les palmiers naturels, particulièrement autour des vestiges de colonies précolombiennes - ou dans les zones très habitées avant l'arrivée de Christophe Colomb. Des motifs végétaux visibles d’avion pourraient même aider les archéologues avec l’aide de botanistes à découvrir des vestiges de colonies humaines encore inconnus[28].

Une base de données dénommée “Amazon Tree Diversity Network[29] a été produite par des universitaires pour évaluer les modèles de biodiversité de la forêt pluvieuse, avec un focus sur 4962 espèces d’arbres et palmiers (dont 85 domestiquées). Parmi ces derniers environ 20 tels que Bertholletia excelsa (produisant la noix du Brésil) et Theobroma cacao (à l‘origine du chocolat) semblent sur-représentés. Pour savoir si l’Homme ou l'environnement pouvaient expliquer ceci, on a étudié la répartition des espèces domestiquées sur plus de 3 000 sites archéologiques précolombiens connus et dans des zones de peuplement connues ou probables, notamment près des berges : ces espèces domestiquées y étaient en effet statistiquement plus fréquentes que les espèces non domestiquées[28]. Environ 20 % de la répartition de ces espèces domestiquées serait explicable par l’influence humaine et 30 % probablement due à des facteurs environnementaux (pédologie notamment). Dans le sud-ouest de l’Amazonie autrefois occupé par les précolombiens, 30 % de la distribution des espèces domestiquées résulterait de la présence humaine alors que moins de 10 % dépendrait de facteurs environnementaux[28].

La part des origines humaines et naturelle de ces espèces reste difficile à établir, car comme le rappelle Crystal McMichael (paléoécologue de l'Université d'Amsterdam) rappelle que les peuples anciens, tout comme les populations modernes s'installent préférentiellement dans des régions semblables riches en ressources. Ils ont pu être attirés par des régions déjà riche en espèces utiles pour eux tout en créant ou entretenant des conditions plus favorables aux plantes domestiquées qu’à leurs parents sauvages note Mark Bush (écologue de l'Institut de technologie de Floride à Melbourne). En outre des espèces domestiquées pourraient re-coloniser des zones perturbées (par des tempêtes, chablis, incendies ou érosions de berges par exemple) plus facilement que les non-domestiqués ; sans aide humaine. Ainsi l'abandon des sites mayas d’Amérique centrale a permis à des arbres du genre Brosimum de spontanément (re)coloniser la région, là où les chercheurs ont longtemps cru que les Mayas les avaient délibérément plantés[30],[31]. Levis et son équipe pourraient observer un phénomène similaire estime Bush[28]. L’influence humaine sur les écosystèmes se poursuit de nos jours : la répartition actuelle et future de la flore amazonienne est modifiée par des établissements humains modernes et anciens. la compréhension de ces modèles devrait permettre de trouver des endroits où les gens ont vécu il y a des milliers d'années[28].

Déforestation

Déforestation, statuts et occupation de l'Amazonie brésilienne en août 2009. Les points rouges indiquent les zones de déforestation et les points noirs celles les plus récentes. Sources : Imazon[32]/Agência Brasil[33]

Dans la région, la déforestation consiste essentiellement à convertir les zones boisées en champs agricoles. Plus du cinquième de la forêt amazonienne a déjà été détruit, et celle qui reste est menacée. En dix ans, la surface de forêt perdue en Amazonie atteint entre 415 000 et 587 000 km2 ; à titre de comparaison la France a une superficie totale (sans les territoires d'outre-mer) de 547 030 km2. La majeure partie des terres converties sert à produire de la nourriture pour le bétail[34].

Au Brésil, l'Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais (Institut national de recherche spatiale) produit tous les ans des chiffres sur la déforestation. Leur estimation est basée sur 100 à 220 images prises durant la saison sèche par les satellites du programme Landsat, et considère uniquement la perte du biome de la forêt amazonienne, pas la perte d'espace naturel ou de savane dans la forêt. Selon l'INPE, le biome de la forêt amazonienne, originellement de 4 100 000 km2 au Brésil, a été réduit à 3 403 000 km2 en 2005, ce qui représente une perte de 17,1 %[35].

Selon un scénario de la Banque mondiale[36], on envisage, au rythme actuel, que 40 % de l'Amazonie aura disparu en 2050[37]. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), c'est 55 % d'ici 2030[38]. Certaines hypothèses, et leurs conséquences sur le climat mondial, sont encore plus alarmistes[39].

Protection de la forêt

La France a créé, en 2007, le parc amazonien de Guyane, qui, avec les réserves brésiliennes, forme la plus vaste aire protégée de forêt tropicale au monde.

En septembre 2017, l’entreprise Rock in Rio a décidé, jusqu'en 2023, de reboiser 30 000 hectares de forêt Amazonienne au Brésil soit 0,005 % de la superficie totale, en plantant 73 millions d'arbres, dont 200 types de graines différentes. C'est le plus grand projet de reforestation au monde[40].

Appauvrissement des sols

La déforestation de la forêt amazonienne menace beaucoup d'espèces comme les grenouilles dendrobates, qui sont très sensibles aux changements environnementaux (image : Agalychnis callidryas).

Bien que peu fertiles, la majorité des terres amazoniennes non inondables (terra firme) sont parsemées de poches de bonnes terres (terra roxa). Mais ces terres, sous l'influence de l'activité humaine, sont devenues des anthrosols (milieux naturels transformés par l'homme), enrichis par l'accumulation progressive de déchets et de cendres. Une partie des bonnes terres restantes sont cultivées par l'homme, ce qui met en danger la forêt amazonienne et l'éloigne de sa naturalité.

Le système forestier est extrêmement sensible au moindre changement local, tel que sécheresse, déforestation, ouverture de la canopée. Ces derniers résultent en l'assèchement des strates, la destruction des micro-organismes assurant le renouvellement des éléments minéraux, l'érosion du sol et le lessivage des éléments nutritifs.

Mise en valeur

L'Amazonie est peu propice à l'agriculture extensive. Néanmoins, elle possède les ressources nécessaires pour nourrir les Indiens d'Amazonie. Une agriculture intensive semble possible (voir à ce sujet terra preta).

Les terres amazoniennes sont utilisées pour augmenter les surfaces de gigantesques exploitations agricoles consacrées à l'élevage extensif de bovins. Ces exploitations agricoles sont défendues par des pistoleros, sortes de gardes privés chargés de protéger la propriété foncière. Ils s'opposent notamment à des mouvements comme le MST.

Des recherches effectuées après 1966 ont montré que son sous-sol recèle de nombreuses richesses, tel que du pétrole ou de l'or.

Réseau routier

L'Amazonie est traversée par de nombreuses routes et autoroutes qui pour la plupart ont été construites de façon illégale[41] par les exploitants forestiers. Ces routes leur permettent de pénétrer au cœur de la forêt pour accéder aux essences rares. Ce réseau couvre une longueur de plus de 170 000 km. Il assure le transport du bois et des bûcherons. Mais, ce réseau permet aussi aux grands propriétaires de s'approprier illégalement les terres qui longent les routes en falsifiant les titres de propriétés ou en usant de la corruption. Ces actes d'appropriation se nomment grilagem.

Seules quelques voies de communication sont officielles comme :

Notes et références

  1. Au sommet du Pico da Neblina, au Brésil.
  2. UNESCO - Complexe de conservation de l’Amazonie centrale
  3. UNESCO - Parc national de Manú
  4. UNESCO - Parc national Noel Kempff Mercado
  5. (en) Isaac Taylor, Names and Their Histories : A Handbook of Historical Geography and Topographical Nomenclature, Rivingtons, , 400 p. (lire en ligne)
  6. (en) Mark Maslin, Yadvinder Malhi, Oliver Phillips et Sharon Cowling, « New views on an old forest: assessing the longevity, resilience and future of the Amazon rainforest », Transactions of the Institute of British Geographers,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  7. « Amazonie : le poumon vert de la planète menacé par la déforestation », sur ladepeche.fr, .
  8. (en) James S. Albert et Roberto E. Reis, Historical Biogeography of Neotropical Freshwater Fishes, University of California Press, , p. 308
  9. (en) Da Silva et al., « The Fate of the Amazonian Areas of Endemism », Conservation Biology, vol. 19, no 3,‎ , p. 689-694
  10. (en) T. M. Lewinsohn et P.I. Prado, « How Many Species Are There in Brazil? », Conservation Biology, vol. 19, no 3,‎ , p. 619
  11. (en) Hans ter Steege, Nigel C A Pitman, Daniel Sabatier et al, « Hyperdominance in the Amazonian Tree Flora », Science, vol. 342, no 6156,‎ (DOI 10.1126/science.1243092).
  12. « Forêt amazonienne : le grand inventaire », Le Figaro, (consulté le )
  13. (en) Laurance, William F. ; Fearnside, Philip M.; Laurance, Susan G.; Delamonica, Patricia; Lovejoy, Thomas E.; Rankin-de Merona, Judy M.; Chambers, Jeffrey Q.; Gascon, Claude (14 juin 1999). « Relationship between soils and Amazon forest biomass: a landscape-scale study ». Forest Ecology and Management 118 (1–3): 127–138. doi:10.1016/S0378-1127(98)00494-0.
  14. (en) Amazon Rainforest, South AmericaTravel Guide
  15. (en) Institute of Foresters of Australia, Think trees, grow trees, Australian Govt. Pub. Service, , p. 20.
  16. (en) Jessie Yeung & Abel Alvarado, « Brazil's Amazon rainforest is burning at a record rate, research center says », sur cnn.com, .
  17. (en) Chip Fletcher, Climate Change, John Wiley & Sons, , p. 95.
  18. Eric Karsenti, Dino Di Meo, Tara océans, Actes Sud, , p. 87.
  19. « Éclosarium. À la découverte du phytoplancton », sur letelegramme.fr, .
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