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Le '''Bourdon des mousses''' ( '''''Bombus muscorum'''''), est un [[insecte]] [[hymenoptère]] du genre ''[[Bombus]]''. Il est de petite taille et son thorax est roux. Il assez difficile de le distinguer du [[Bombus pascuorum|Bourdon des prés]] et du [[Bombus humilis|Bourdon variable]]. Le Bourdon des mousses est un insecte [[eusocial]] et la reine [[monoandrie|monoandre]], elle ne se fait fécondé qu'avec un seul mâle. Ses nids sont construits directement sur le sol dans des prairies ouvertes. Cette espèce nord [[paléarctique]] inféodée aux [[Trifolium]]s est de plus en plus rare du fait des changements de pratique agricole<ref name=IUCN/>. Elle est également sensible à la [[Goulet d'étranglement génétique|consanguinité]]. Elle est considérée comme vulnérable par l'IUCN et est protégée dans de nombreux pays européens<ref name=IUCN/>.
Le '''Bourdon des mousses''' ( '''''Bombus muscorum'''''), est un [[insecte]] [[hymenoptère]] du genre ''[[Bombus]]''. Il est de petite taille et son thorax est roux. Il assez difficile de le distinguer du [[Bombus pascuorum|Bourdon des prés]] et du [[Bombus humilis|Bourdon variable]]. Le Bourdon des mousses est un insecte [[eusocial]] et la reine n'est fécondée qu'avec un seul mâle. Ses nids sont construits directement sur le sol dans des prairies ouvertes. Cette espèce nord [[paléarctique]] inféodée aux [[Trifolium]]s est de plus en plus rare du fait des changements de pratique agricole<ref name=IUCN/>. Elle est également sensible à la [[Goulet d'étranglement génétique|consanguinité]]. Elle est considérée comme vulnérable par l'IUCN et est protégée dans de nombreux pays européens<ref name=IUCN/>.


== Description ==
== Description ==
''Bombus muscorum'' appartient au sous-genre ''Bombus (Thoracobombus)'', dont l'espèce type est ''[[Bombus sylvarum]]''. Leur particularité anatomique est que leurs antennes comportent treize articles et leur abdomen sept [[tergite]]s visibles, le dernier étant largement arrondi. Leur tête est allongée, leurs yeux non protubérants et leurs antennes plus longues que la moitié de la longueur du thorax. La face externe du tibia postérieur présente une large zone lisse et dépourvue de pilosité. Les mâles ont un organe de copulateur bien visible mais pas de dard<ref name=Rasmont-détermination>Rasmont & Terzo, Bombus de Belgique et du nord de la France ,Catalogue et clé des sous-genres et espèces du genre Bombus de Belgique et du nord de la France (Hymenoptera, A poidea), version 11.I.2011, 2011, [[université de Mons]], [http://www.atlashymenoptera.net/biblio/Rasmont_&_Terzo_2010_Bombus_Belgique_et_N_France_NOV_compact.pdf Pdf]</ref>.
''Bombus muscorum'' appartient au sous-genre ''Bombus (Thoracobombus)'', dont l'espèce type est ''[[Bombus sylvarum]]''. Leur particularité anatomique est que leurs antennes comportent treize articles et leur abdomen sept [[tergite]]s visibles, le dernier étant largement arrondi. Leur tête est allongée, leurs yeux non protubérants et leurs antennes plus longues que la moitié de la longueur du thorax. Leur langue est longue, ce qui leur permet de se spécialiser dans les [[Fabacée]]s. La face externe du tibia postérieur présente une large zone lisse et dépourvue de pilosité. Les mâles ont un organe de copulateur bien visible mais pas de dard<ref name=Rasmont-détermination>Rasmont & Terzo, Bombus de Belgique et du nord de la France ,Catalogue et clé des sous-genres et espèces du genre Bombus de Belgique et du nord de la France (Hymenoptera, A poidea), version 11.I.2011, 2011, [[université de Mons]], [http://www.atlashymenoptera.net/biblio/Rasmont_&_Terzo_2010_Bombus_Belgique_et_N_France_NOV_compact.pdf Pdf]</ref>.


L'identification de ''B. muscorum'' n'est pas facile, en particulier sa distinction avec ''[[Bombus pascuorum|B. pascuorum]]'' et ''[[Bombus humilis]]''. Ces trois espèces ont des femelles présentant un thorax au pelage roux. Chez ''B. pascorum'', le pelage est globalement hirsute et le sixième [[tergite]] est couvert d'une majorité de fines soies légèrement plumeuses, grises ou rousses, alors que chez ''B. muscorum'' et ''B. humilis'', leur pelage est globalement ras et ce tergite est couvert d'une majorité de crins noirs dressés. Chez ''B. muscorum'' et ''B. humilis'', il n'y a pas de ponctuation devant l'ocelle centrale alors qu'il y en a beaucoup chez ''B. pascorum'' ; cette zone est étroite chez ''B. muscorum'' et large chez ''B. humilis''. Chez ce dernier, le deuxième tergite présente un pelage roux ou brun tranchant sur le reste du pelage alors que chez ''B. muscorum'', il ne présente aucune bande sombre<ref name=Rasmont-détermination/>.
L'identification de ''B. muscorum'' n'est pas facile, en particulier sa distinction avec ''[[Bombus pascuorum|B. pascuorum]]'' et ''[[Bombus humilis]]''. Ces trois espèces ont des femelles présentant un thorax au pelage roux. Chez ''B. pascorum'', le pelage est globalement hirsute et le sixième [[tergite]] est couvert d'une majorité de fines soies légèrement plumeuses, grises ou rousses, alors que chez ''B. muscorum'' et ''B. humilis'', leur pelage est globalement ras et ce tergite est couvert d'une majorité de crins noirs dressés. Chez ''B. muscorum'' et ''B. humilis'', il n'y a pas de ponctuation devant l'ocelle centrale alors qu'il y en a beaucoup chez ''B. pascorum'' ; cette zone est étroite chez ''B. muscorum'' et large chez ''B. humilis''. Chez ce dernier, le deuxième tergite présente un pelage roux ou brun tranchant sur le reste du pelage alors que chez ''B. muscorum'', il ne présente aucune bande sombre<ref name=Rasmont-détermination/>.

La reine mesure de 17 à 19 mm de long et a une envergure de 32 à 35 mm. Les ouvrières mesurent de 10 à 16 mm et ont une envergure de 26 à 29 mm. Quant aux mâles, ils mesurent de 13 à 15 mm et ont une envergure de 26 à 29 mm<ref name=vonHagen>{{de}} Eberhard von Hagen, Hummeln: bestimmen, ansiedeln, vermehren, schützen, Fauna-Verlag, 2003, ISBN 3935980280</ref>.


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== Éthologie ==
== Éthologie ==
=== Phénologie ===
Le Bourdon des mousses est plutôt tardif (début de développement autour de mai-juin en [[Europe continentale]]). Il forme de petites colonies de 40 à 120 individus, constituées d'un amas de matériaux végétals en extérieur, contrairement à la majorité des Bourdons qui fabriquent leurs nids au sein de terriers de micromammifères<ref name=Praz>Amiet Felix, Müller Andrea, Praz Christophe, ''Apidae 1: Allgemeiner Teil, Gattungen, Apis, Bombus. Fauna Helvetica 29, 185 pp. In German and French'', Centre Suisse de Cartographie de la Faune (CSCF) and Swiss Entomological Society (SEG), 2017, ISBN 9782884140423 [https://www.researchgate.net/publication/322086967_Apidae_1_Allgemeiner_Teil_Gattungen_Apis_Bombus_Fauna_Helvetica_29_185_pp_In_German_and_French PDF]</ref>. Son espace vital est très restreint. Des populations séparées d'une dizaine de kilomètres peuvent avoir des codes génétiques différents<ref name=Darvill>{{Article|auteur=B. Darvill, J.S. Ellis, G.C. Lye, D. Goulson|résumé=https://doi.org/10.1111/j.1365-294X.2006.02797.x
Fin d'été, la colonie produit de nouveaux sexués. Les femelles s'accouplent puis hibernent pendant 9 mois en moyenne. À la fin du printemps (tardivement par rapport à d'autres espèces), ces princesses sortent de l'hibernation pour chercher de nouveaux sites de nidification. Après avoir trouvé un site approprié, la princesse construit un début de nid constitué d'un amas de matériaux végétals en extérieur, contrairement à la majorité des Bourdons qui fabriquent leurs nids au sein de terriers de micromammifères<ref name=Praz>Amiet Felix, Müller Andrea, Praz Christophe, ''Apidae 1: Allgemeiner Teil, Gattungen, Apis, Bombus. Fauna Helvetica 29, 185 pp. In German and French'', Centre Suisse de Cartographie de la Faune (CSCF) and Swiss Entomological Society (SEG), 2017, ISBN 9782884140423 [https://www.researchgate.net/publication/322086967_Apidae_1_Allgemeiner_Teil_Gattungen_Apis_Bombus_Fauna_Helvetica_29_185_pp_In_German_and_French PDF]</ref>. Ensuite elle y pond un petit lot d’œufs diploïdes. Une fois que ces œufs ont éclos, elle s’occupe des larves jusqu’à ce qu’elles grandissent et se transforment en nymphes puis en ouvrières. Au début de l'été, le nombre d'ouvrières se stabilisera entre 40 et 100. À la fin de l'été, de nouveaux sexués naissent et s'accouplent<ref name=vonHagen/>. Son espace vital est très restreint. Des populations séparées d'une dizaine de kilomètres peuvent avoir des codes génétiques différents<ref name=Darvill>{{Article|auteur=B. Darvill, J.S. Ellis, G.C. Lye, D. Goulson|résumé=https://doi.org/10.1111/j.1365-294X.2006.02797.x
|titre=Population structure and inbreeding in a rare and declining bumblebee, Bombus muscorum (Hymenoptera: Apidae) |date=2006|périodique=Molecular Ecology|vol=15|pages=601-611|langue=en}}</ref>.
|titre=Population structure and inbreeding in a rare and declining bumblebee, Bombus muscorum (Hymenoptera: Apidae) |date=2006|périodique=Molecular Ecology|vol=15|pages=601-611|langue=en}}</ref>.

=== Fécondation ===
Le Bourdon des mousse est une espèce [[monandrie|monandre]], la reine ne s’accouple qu’une fois avec un seul mâle pour créer une nouvelle colonie. Ce comportement monoandre diminue l’ampleur de la variation génétique présente dans une seule colonie par rapport à celle d’une espèce [[polygamie|polygame]] ou [[Polyandrie|polyandre]]. En conséquence, le Bourdon des mousses a une sensibilité accrue à la consanguinité. Les reines peuvent posséder des phéromones distincte qui indique leur lien de parenté<ref name=Darvill-mâle/>.

Les mâles de Bourdon des mousses sont territoriaux. Situé sur un perchoir ou en patrouillant, le mâle cherche un partenaire potentiel. La concurrence est forte entre mâles, chacun essayant de trouver un endroit proche de l'entrée du nid. Lorsqu'une femelle est repérée, elle est poursuivie et fécondée par le plus rapide et seulement celui-ci.

=== Haplodiploïdie et endogamie ===
Le Bourdon des mousses, comme beaucoup d'[[Apidae|Apidée]]s sociales, présente une [[haplodiploïdie]]. Les reines diploïdes produisent à partir d'œufs fécondés des ouvrières diploïdes qui peuvent se transformer en séxué femelle. Les mâles haploïdes sont produits à partir d'œufs non fécondés. Les ouvrières sont également en mesure de pondre des œufs non fécondés qui deviennent des mâles. Les mâles haploïdes produisent un spermatozoïde haploïde identique, tandis que les femelles diploïdes produisent des œufs haploïdes génétiquement variant<ref name=Darvill-mâle>{{Article|auteur=Darvill, Ben|résumé= https://doi.org/10.1051/apido:2007032|titre=Aggregations of male Bombus muscorum (Hymenoptera: Apidae) at mature nests. Incestuous brothers or amorous suitors?|date=2007|périodique=Apidologie|vol=38|pages=518-524|langue=en}}</ref>

En raison de la petite taille des populations de leur isolement et de l’haplodiploïdie, le risque de consanguinité est très fort chez le Bourdon des mousses. Lorsque les mâles fécondent des femelles apparentées, naissent des mâles diploïdes ayant une fertilité faible et un système immmunitaire réduit. Dans les Hébrides, 10 populations isolées sur 14 ont montré des signes importants d'[[endogamie]] récente, les mâles diploïdes représentant une proportion considérable<ref name=Darvill/>.


== Répartition et Écologie ==
== Répartition et Écologie ==
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Le Bourdon des mousses affectionne les habitats riches en diversité floristiques. Il est [[polylectique]] car il est réputé pour collecter le pollen et le nectar d'une vaste gamme de ressources florales. Cependant il est particulièrement associée aux [[Trifolium]]s. Plus particulièrement, il se plaît au sein des patürages, des parcs et jardins, des pelouses calcaires sèches, des côtes sableuses enherbées, des marais salants (Grande Bretagne et Irelande), des zones humides à Erica, des prairies sablonneuses (Norvège), des zones humides surélevées et des vallées inondées (Finlande)<ref name=IUCN/>. En Suisse romande, ce Bourdon est également inféodé aux zones humides telle que la [[Grande Cariçaie]] ou la réserve de [[Cudrefin]]<ref name=Praz/>.
Le Bourdon des mousses affectionne les habitats riches en diversité floristiques. Il est [[polylectique]] car il est réputé pour collecter le pollen et le nectar d'une vaste gamme de ressources florales. Cependant il est particulièrement associée aux [[Trifolium]]s. Plus particulièrement, il se plaît au sein des patürages, des parcs et jardins, des pelouses calcaires sèches, des côtes sableuses enherbées, des marais salants (Grande Bretagne et Irelande), des zones humides à Erica, des prairies sablonneuses (Norvège), des zones humides surélevées et des vallées inondées (Finlande)<ref name=IUCN/>. En Suisse romande, ce Bourdon est également inféodé aux zones humides telle que la [[Grande Cariçaie]] ou la réserve de [[Cudrefin]]<ref name=Praz/>.


Aujourd'hui rare, il semble avoir été beaucoup plus courant par le passé. Selon l'[[IUCN]], ses populations ont déclinées de 30% ces 10 dernières années. La destruction de ses habitats liée au pratiques agricoles intensives et à l'usage massif d'engrais azoté est largement incriminée<ref name=IUCN/>. De plus, sa sensibilité aux vagues de chaleurs estivales<ref name=IUCN/> et l'[[endogamie]] des populations isolées semblent être des facteurs important de l'accélération de son déclin actuel<ref name=Darvill/>. Les populations insulaires isolées peuvent être particulièrement sensibles à la concurrence d'autres espèces, notamment l'[[Apis mellifera|Abeille domestique]]<ref name=IUCN/> et le [[Bombus pascuorum|Bourdon des prés]] qui le remplace progressivement<ref>{{Article|auteur=C.M.S. Plowright, R.C. Plowright et Paul H. Williams|résumé=https://doi.org/10.4039/Ent129985-6|titre=Replacement of Bombus muscorum by Bombus pascuorum in North Britain|date=1997|périodique=The Canadian Entomologist|vol=129|pages=985-990|langue=en}}</ref>.
Aujourd'hui rare, il semble avoir été beaucoup plus courant par le passé. Selon l'[[IUCN]], ses populations ont déclinées de 30% ces 10 dernières années. La destruction de ses habitats liée au pratiques agricoles intensives et à l'usage massif d'engrais azoté est largement incriminée<ref name=IUCN/>. De plus, la sensibilité de cette espèce aux vagues de chaleurs estivales semble être également un facteur important de l'accélération de son déclin actuel<ref name=IUCN/>. De même, les populations insulaires peuvent être particulièrement sensibles à la concurrence d'autres espèces, notamment l'[[Apis mellifera|Abeille domestique]]<ref name=IUCN/> et le [[Bombus pascuorum|Bourdon des prés]] qui le remplace progressivement<ref>{{Article|auteur=C.M.S. Plowright, R.C. Plowright et Paul H. Williams|résumé=https://doi.org/10.4039/Ent129985-6|titre=Replacement of Bombus muscorum by Bombus pascuorum in North Britain|date=1997|périodique=The Canadian Entomologist|vol=129|pages=985-990|langue=en}}</ref>.


== Protection ==
== Protection ==

Version du 8 octobre 2018 à 14:30

Bombus muscorum

Le Bourdon des mousses ( Bombus muscorum), est un insecte hymenoptère du genre Bombus. Il est de petite taille et son thorax est roux. Il assez difficile de le distinguer du Bourdon des prés et du Bourdon variable. Le Bourdon des mousses est un insecte eusocial et la reine n'est fécondée qu'avec un seul mâle. Ses nids sont construits directement sur le sol dans des prairies ouvertes. Cette espèce nord paléarctique inféodée aux Trifoliums est de plus en plus rare du fait des changements de pratique agricole[1]. Elle est également sensible à la consanguinité. Elle est considérée comme vulnérable par l'IUCN et est protégée dans de nombreux pays européens[1].

Description

Bombus muscorum appartient au sous-genre Bombus (Thoracobombus), dont l'espèce type est Bombus sylvarum. Leur particularité anatomique est que leurs antennes comportent treize articles et leur abdomen sept tergites visibles, le dernier étant largement arrondi. Leur tête est allongée, leurs yeux non protubérants et leurs antennes plus longues que la moitié de la longueur du thorax. Leur langue est longue, ce qui leur permet de se spécialiser dans les Fabacées. La face externe du tibia postérieur présente une large zone lisse et dépourvue de pilosité. Les mâles ont un organe de copulateur bien visible mais pas de dard[2].

L'identification de B. muscorum n'est pas facile, en particulier sa distinction avec B. pascuorum et Bombus humilis. Ces trois espèces ont des femelles présentant un thorax au pelage roux. Chez B. pascorum, le pelage est globalement hirsute et le sixième tergite est couvert d'une majorité de fines soies légèrement plumeuses, grises ou rousses, alors que chez B. muscorum et B. humilis, leur pelage est globalement ras et ce tergite est couvert d'une majorité de crins noirs dressés. Chez B. muscorum et B. humilis, il n'y a pas de ponctuation devant l'ocelle centrale alors qu'il y en a beaucoup chez B. pascorum ; cette zone est étroite chez B. muscorum et large chez B. humilis. Chez ce dernier, le deuxième tergite présente un pelage roux ou brun tranchant sur le reste du pelage alors que chez B. muscorum, il ne présente aucune bande sombre[2].

La reine mesure de 17 à 19 mm de long et a une envergure de 32 à 35 mm. Les ouvrières mesurent de 10 à 16 mm et ont une envergure de 26 à 29 mm. Quant aux mâles, ils mesurent de 13 à 15 mm et ont une envergure de 26 à 29 mm[3].

Éthologie

Phénologie

Fin d'été, la colonie produit de nouveaux sexués. Les femelles s'accouplent puis hibernent pendant 9 mois en moyenne. À la fin du printemps (tardivement par rapport à d'autres espèces), ces princesses sortent de l'hibernation pour chercher de nouveaux sites de nidification. Après avoir trouvé un site approprié, la princesse construit un début de nid constitué d'un amas de matériaux végétals en extérieur, contrairement à la majorité des Bourdons qui fabriquent leurs nids au sein de terriers de micromammifères[4]. Ensuite elle y pond un petit lot d’œufs diploïdes. Une fois que ces œufs ont éclos, elle s’occupe des larves jusqu’à ce qu’elles grandissent et se transforment en nymphes puis en ouvrières. Au début de l'été, le nombre d'ouvrières se stabilisera entre 40 et 100. À la fin de l'été, de nouveaux sexués naissent et s'accouplent[3]. Son espace vital est très restreint. Des populations séparées d'une dizaine de kilomètres peuvent avoir des codes génétiques différents[5].

Fécondation

Le Bourdon des mousse est une espèce monandre, la reine ne s’accouple qu’une fois avec un seul mâle pour créer une nouvelle colonie. Ce comportement monoandre diminue l’ampleur de la variation génétique présente dans une seule colonie par rapport à celle d’une espèce polygame ou polyandre. En conséquence, le Bourdon des mousses a une sensibilité accrue à la consanguinité. Les reines peuvent posséder des phéromones distincte qui indique leur lien de parenté[6].

Les mâles de Bourdon des mousses sont territoriaux. Situé sur un perchoir ou en patrouillant, le mâle cherche un partenaire potentiel. La concurrence est forte entre mâles, chacun essayant de trouver un endroit proche de l'entrée du nid. Lorsqu'une femelle est repérée, elle est poursuivie et fécondée par le plus rapide et seulement celui-ci.

Haplodiploïdie et endogamie

Le Bourdon des mousses, comme beaucoup d'Apidées sociales, présente une haplodiploïdie. Les reines diploïdes produisent à partir d'œufs fécondés des ouvrières diploïdes qui peuvent se transformer en séxué femelle. Les mâles haploïdes sont produits à partir d'œufs non fécondés. Les ouvrières sont également en mesure de pondre des œufs non fécondés qui deviennent des mâles. Les mâles haploïdes produisent un spermatozoïde haploïde identique, tandis que les femelles diploïdes produisent des œufs haploïdes génétiquement variant[6]

En raison de la petite taille des populations de leur isolement et de l’haplodiploïdie, le risque de consanguinité est très fort chez le Bourdon des mousses. Lorsque les mâles fécondent des femelles apparentées, naissent des mâles diploïdes ayant une fertilité faible et un système immmunitaire réduit. Dans les Hébrides, 10 populations isolées sur 14 ont montré des signes importants d'endogamie récente, les mâles diploïdes représentant une proportion considérable[5].

Répartition et Écologie

Le Bourdon des mousses est présent en Europe et au Nord de l'Asie en excluant la Chine. Il comporte deux sous-espèces correctement déterminées, B. muscorum muscorum et B. muscorum bannitus. B. muscorum muscorum se rencontre de l'Irelande à la Mongolie et de la latitude de Stockholm à celle de la Crète. La localité connue la plus au nord est Vyborg, en Carélie et sur les Îles Orkney. La sous-espèce B. muscorum bannitus est plus nordique et strictement côtière dans toute son aire de répartition occidentale[1]. Cette espèce est très rare en Suisse[4], rare en France (côte atlantique)[7] et disparue de Belgique[8].

Le Bourdon des mousses affectionne les habitats riches en diversité floristiques. Il est polylectique car il est réputé pour collecter le pollen et le nectar d'une vaste gamme de ressources florales. Cependant il est particulièrement associée aux Trifoliums. Plus particulièrement, il se plaît au sein des patürages, des parcs et jardins, des pelouses calcaires sèches, des côtes sableuses enherbées, des marais salants (Grande Bretagne et Irelande), des zones humides à Erica, des prairies sablonneuses (Norvège), des zones humides surélevées et des vallées inondées (Finlande)[1]. En Suisse romande, ce Bourdon est également inféodé aux zones humides telle que la Grande Cariçaie ou la réserve de Cudrefin[4].

Aujourd'hui rare, il semble avoir été beaucoup plus courant par le passé. Selon l'IUCN, ses populations ont déclinées de 30% ces 10 dernières années. La destruction de ses habitats liée au pratiques agricoles intensives et à l'usage massif d'engrais azoté est largement incriminée[1]. De plus, la sensibilité de cette espèce aux vagues de chaleurs estivales semble être également un facteur important de l'accélération de son déclin actuel[1]. De même, les populations insulaires peuvent être particulièrement sensibles à la concurrence d'autres espèces, notamment l'Abeille domestique[1] et le Bourdon des prés qui le remplace progressivement[9].

Protection

Le Bourdon des mousses figure sur les listes rouges nationales de 13 pays européens ; à savoir la Biélorussie (vulnerable), la Suisse (quasi menacée), la République tchèque (en danger critique d'extinction), l'Allemagne (en danger), l'Estonie (vulnerable), la Finlande (quasi menacé), la Hongrie (en danger critique d'extinction), l'Irlande (quasi menacé), la Moldavie (quasi menacé), les Pays-Bas (en voie de disparition), la Norvège (quasi menacé), la Suède (vulnérable) et l'Ukraine (rare)[1].

La protection des prairies calcaires et côtières riches diversité floristique profiterait à cette espèce[1].

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i (en) Bombus muscorum , the IUCN Red List of Threatened Species Document
  2. a et b Rasmont & Terzo, Bombus de Belgique et du nord de la France ,Catalogue et clé des sous-genres et espèces du genre Bombus de Belgique et du nord de la France (Hymenoptera, A poidea), version 11.I.2011, 2011, université de Mons, Pdf
  3. a et b (de) Eberhard von Hagen, Hummeln: bestimmen, ansiedeln, vermehren, schützen, Fauna-Verlag, 2003, ISBN 3935980280
  4. a b et c Amiet Felix, Müller Andrea, Praz Christophe, Apidae 1: Allgemeiner Teil, Gattungen, Apis, Bombus. Fauna Helvetica 29, 185 pp. In German and French, Centre Suisse de Cartographie de la Faune (CSCF) and Swiss Entomological Society (SEG), 2017, ISBN 9782884140423 PDF
  5. a et b (en) B. Darvill, J.S. Ellis, G.C. Lye, D. Goulson, « Population structure and inbreeding in a rare and declining bumblebee, Bombus muscorum (Hymenoptera: Apidae) », Molecular Ecology, vol. 15,‎ , p. 601-611 (résumé)
  6. a et b (en) Darvill, Ben, « Aggregations of male Bombus muscorum (Hymenoptera: Apidae) at mature nests. Incestuous brothers or amorous suitors? », Apidologie, vol. 38,‎ , p. 518-524 (résumé)
  7. (fr) Référence INPN : Bombus muscorum (Linnaeus, 1758) (TAXREF)
  8. P. Rasmont & A. Pauly, Les bourdons de la Belgique, First on line 3.V.2010, Atlas Hymenoptera, université de Mons, Liège université, document
  9. (en) C.M.S. Plowright, R.C. Plowright et Paul H. Williams, « Replacement of Bombus muscorum by Bombus pascuorum in North Britain », The Canadian Entomologist, vol. 129,‎ , p. 985-990 (résumé)

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