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Royaume du Ouagadou

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Royaume du Waaga

IVe siècle av. J.-C. – IVe siècle

Informations générales
Capitale Waagara

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Entités suivantes :

Le royaume du Waaga est un royaume d'Afrique occidentale à l'origine de l'empire du Ghana fondé au IVe siècle en Afrique occidentale, à l'origine par la dynastie des Wague Cissé .

Origine du royaume[modifier | modifier le code]

La tradition orale des Sarakolés/Maraka (ou Soninkés) fait remonter la fondation de l’empire à Dinga, ancêtre légendaire des Soninkés. Le pays est alors peuplé par les Kakolos qui pratiquent l’agriculture sur brûlis. Les Soninkés sont des commerçants qui connaissent la métallurgie du fer et possèdent des chevaux. Ils soumettent les Kakolos et leur offrent protection en échange de leur travail.

Chute de l'empire du Ghana[modifier | modifier le code]

Après la dynastie Cissé, le pouvoir passa aux Sakho. Leur règne se marque par la perte de provinces. De son vivant, l’empereur Kalou perdit des provinces à l'ouest et notamment en Mauritanie (Brakna, le Gorgol, l'Assaba et Guidimakha). La province orientale de Gao s'émancipa également du Wagadou. En 1138, l'empire a perdu les vastes possessions du Hodh El-Gharbi et du Tagant. Le pays est décapité de la plupart de ses provinces ; la direction du royaume est confiée jusqu’en 1142 à un Conseil militaire dirigé par un Sakho en attendant la désignation d'un souverain. Le Wagadou, amputé de ses principales provinces, se résume au Sahel occidental (sud du Hodh Echargui et le territoire à l'ouest de Nara). La direction de la ville de Koumbi et de ce territoire est disputée pendant quatre ans par un descendant des Sakho et un prétendant Traoré. En absence d'un consensus, un chef portant le patronyme Diaby remplaça les Sakho à la direction de la ville de Koumbi et ses dépendances et dirigea la ville de Koumbi jusqu’en 1174 . Par la suite, les chefs militaires, qui jusqu'à présent faisaient allégeance aux souverains Sakho de Koumbi, décidèrent de créer leur propre royaume. La Grande immigration des communautés commença. En 1148, l'empire cessa d'exister[1].

Le mythe de Bida[modifier | modifier le code]

Dinga, qui vit pendant plusieurs siècles, a six fils de ses six épouses, qui sont les ancêtres des six clans ouagués, la caste royale, parmi lesquels le roi est choisi. La caste des nobles, les Fados, vient de suite après. Selon la légende, l’un des fils de Dinga, Diabé Cissé, devient le premier roi du Ouagadou. Il n’a pas le pouvoir de faire tomber la pluie, et doit s’installer près du serpent Bida, qui fait pleuvoir de l’eau comme de l’or à condition qu’on lui offre tous les ans le sacrifice d’une jeune vierge. Un jour, le fiancé de la jeune fille choisit la révolte et tranche la tête du serpent. Dans certaines versions, le serpent possède sept têtes qui tombent là où se trouveront les sept mines d’or de l’Ouest africain (Bambouk, Bouré, Falémé, Galam, Bondoukou, Lobi).

Youba Bathily, historien malien, rejette l'histoire Diabé Cissé, même si il ne nie pas l'existence de ce personnage légendaire. Selon lui, l'histoire de Diabé est une fabrication puisée de la Bible, spécifiquement la partie Genèse, et des traditions islamiques. Il faut reconnaître que les preuves de Bathily ont un fondement sûr dans la mesure où ladite légende se trouve dans le livre saint des chrétiens et des Juifs et aussi dans les traditions éthiopiennes relatives à la Reine de Saba[2].

Une autre version raconte que lorsque le fiancé de la jeune vierge tue le serpent Bida, rompant l’alliance passée jadis entre Dinga et Bida, la tête roule vers le sud, emportant avec elle les pluies. Arrive une terrible sécheresse, et les Kakolos affamés doivent quitter le pays à la recherche de nouvelles terres. Ils seraient les ancêtres des Malinkés et des Bambaras du Mali, des pêcheurs bozos et sorkos du fleuve Niger.

Le meurtre de Bida serait le symbole de l’abandon du culte des ancêtres et de l’adoption de l’islam par les Soninkés selon la tradition orale alors que le récit des voyageurs arabes (Al-Idrissi, Al-Bakri) impute la destruction du royaume par les forces almoravides (mouvement réformiste rigoriste venu du Maroc) en 1076, suivi de l’émigration vers le sud de ceux qui souhaitent rester animistes.

Évocations dans les arts[modifier | modifier le code]

Le poète Léopold Sédar Senghor évoque la légende du wagadou dans son poème Le Kaya-Magan, où il présente le wagadou comme un royaume de cocagne[3].

Le cinéaste burkinabé Dani Kouyaté a sorti en 2001 le film Sia, le rêve du python qui est une adaptation de la pièce de théâtre du Mauritanien Moussa Diagana La Légende du Wagadou vue par Sia Yatabéré. Ce film suscita la colère de la société soninké qui se plaint que leurs ancêtres y ont été considérs comme des sanguinaires.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Youba Bathily, les Parties prenantes des Kouroukanfouga, Editions Mieruba, Bamako, 2022, ISBN: 979-8866991938
  • Youba Bathily, Après l'Empire du Ghana: Entre les Empires du Ghana et du Mali, 13 février 2019, 173 pages, isbn: 978-1796800616

• Youba Bathily, Rois et Peuples de l'Empire de Ghana, Editions Carpediem, Bamako, 2018, 95 pages, ISBN: 1977034683

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Livre de Bathily sur Les Rois et Peuples de l'empire de Ghana, pages 119-128 voire les références dans la bibliographie
  2. Livre de Bathily sur les Rois et Peuples de l'Empire de Ghana, voire les références dans la bibliographie
  3. Souleymane Bachir Diagne, « La force du mythe », dans L'Âme de l'Afrique, Le Point références n°42, novembre-décembre 2012, p. 15.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]