Sloughi

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Sloughi / Slougui
Sloughi sable.
Sloughi sable.
Région d’origine
Région Afrique du Nord[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9]
Caractéristiques
Taille M 66-72 cm, F 61-68 cm
Poil Ras, serré, fin
Robe Sable clair à roux, manteau noir, rayures noires, masque noir
Tête Allongée, fine, vue de dessous: en forme de coin
Yeux Grands, foncés, expression douce, nostalgique
Oreilles Attachées haut, tombantes, appliquées contre la tête
Queue Mince, portée au-dessous de la ligne dorsale, atteignant la pointe du jarret
Caractère Noble, très courageux, très attaché à son maître
Nomenclature FCI
  • groupe 10
    • section 3
      • no 188

Le sloughi, également appelé lévrier arabe[10] (en arabe : سلوقي) ou parfois lévrier berbère (en berbère : ⵓⵚⴽⴰⵢ [uṣkay]) est un lévrier originaire d'Afrique du Nord. La Fédération cynologique internationale le classe dans le groupe 10, lévriers, section 3, standard no 188[11]. Il est utilisé pour la chasse et la garde de troupeau.

Le sloughi se retrouve aujourd'hui principalement au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye[12]. Son lien avec le Lévrier Azawakh présent dans une partie du Sahara méridional[13] chez les Touareg et les lévriers Moyen-orientaux comme le saluki reste flou et les ressemblances superficielles entre ces races mènent souvent à de nombreuses confusions. Contrairement à l'aïdi et l'azawakh reconnus comme races autochtones d'Afrique du Nord[13], l'origine précise du sloughi est confuse du fait des nombreuses invasions qu'a connu l'Afrique du Nord au cours des siècles et des possibles croisement et/ou sélections qui auraient pu se produire donnant naissance au sloughi[14]. En 1998, la Fédération cynologique internationale (FCI) indique que le Maroc, qui en détient le standard, dispose du plus grand nombre de sloughis[15]. En 2008, la FCI a également reconnu l'Algérie, la Tunisie et la Libye comme pays d'origine du sloughi[16].

Description[modifier | modifier le code]

Les caractéristiques décrites dans le standard permettent d'évaluer rapidement la qualité d'un sujet : les proportions carrées, la longueur des pattes, la queue légèrement retroussée, la longueur du museau, la profondeur de la poitrine, le regard nostalgique, le poil toujours court, etc. Vitesse moyenne : environ 55 km/h sur 300 mètres.

Histoire[modifier | modifier le code]

Chez les tribus berbères, peuples autochtones d'Afrique du Nord, le lévrier ou "uṣkay" (en tifinagh ⵓⵚⴽⴰⵢ) est le chien de chasse par excellence, contrairement à l'aïdi atlasien réservé à la garde. S'il est clair que les Touarègues utilisent le terme pour se référer au lévrier africain ("oska" en touarègue), on pense que chez l'ensemble des autres tribus berbères du Nord, et notamment au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Lybie le terme désigne le sloughi[14]. En effet la présence de lévriers à poils courts en Afrique du Nord est antérieure aux invasions arabes comme en témoigne plusieurs mosaïques et pierres gravées d'origine romaines, au musée Bardo à Tunis ainsi que la présence d'animaux à la silhouette fortement identique dans l'art rupestre du Sahara.

Les archéologues ont en effet découvert dans de très anciennes peintures rupestres du Tassili n'Ajjer la représentation de chien de type lévrier, qui pourraient être considérées comme celles de l'ancêtre du sloughi[17]. La Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures notifie que dans l'art rupestre de Tunisie, dans l'Ousselat, sont représentés divers animaux domestiques tels que des bovins, des chèvres et des moutons, tous gardés par un chien domestique là encore identifié comme étant le sloughi[18]. En 1998, les chercheurs Michel Capdérou et François Soleihavoup déclarent à propos de l'art rupestre des stations de Lahsi et Oued Dermel dans l'Atlas saharien, que les chiens qui y figurent sont « si bien dessinés qu'on reconnaît sans peine, avec leur queue caractéristique, longue et relevée en arc, les "sloughis" ou lévriers du Sahara. »[19].

Tout ceci mène à penser que le sloughi n'a pas été amené directement par les tribus arabes, dont les lévriers étaient proches du lévrier persan[14] dont le nom "sluki" a donné celui du "slugi" en arabe maghrébin. Il reste cependant possible que le lévrier représenté soit l'azawakh ou un autre lévrier qui par le biais de la sélection ou de croisements aurait donné naissance au sloughi[13],[14]. Le lévrier en question pourrait venir du Proche Orient, sachant qu'au 17ème siècle avant J.C. des lévriers à oreilles tombantes on été possiblement introduit en Egypte depuis la Palestine et ont cohabité avec ceux déjà présents en Egypte et décrit comme ayant des oreilles droites[14]. Le sloughi reste cependant une race distincte des lévriers d'Asie puisqu'au mieux plusieurs siècles de sélection les séparent.

Pour les tribus arabes, qui se sont progressivement installées en Afrique du Nord, le chien ordinaire est considéré comme impur et négligeable, et est appelé simplement "kelb", tandis que le Sloughi, un peu comme le Saluki plus à l'est, est accepté en contact étroit avec les humains et est appelé "El Hor" (noble ou pur) en arabe[20]. Un vieux dicton Algérien dit d'ailleurs : "Là où il y a un Sloughi et un dattier, les Arabes se sont installés." Il reste cependant difficile d'établir si ce dicton arabes fait référence au saluki ou lévrier persan, ou au sloughi Nord Africain. Il est à noter par ailleurs que le nom utilisé en arabe maghrébin vient directement du nom arabe importé par ces tribus du Moyen Orient, ce qui ne prouve en rien une parenté entre les deux espèces, car il peut simplement s'agir d'une assimilation faite, les deux espèces étant proches physiquement.

Rassemblement de chefs arabes avec des sloughis

De nos jours, du fait de réglementations sévères concernant la chasse et l'extinction des espèces dans les déserts et autres milieux, plusieurs de ces chiens sont destinés par leurs maîtres aux concours canins ou aux courses de chiens. Même si cette race a été précisément sélectionnée pendant des siècles pour la chasse dans le désert et les montagnes de l'Atlas par ses habitants autochtones, ceci n'en fait pas un moins bon compagnon pour autant, mais ces animaux nécessitent un plus grand nombre d'heures consacrées à l'exercice physique[20],[21],[22].

En Europe[modifier | modifier le code]

Les Première et Seconde Guerres mondiales ont mis une fin tragique à 50 ans d’élevage des sloughis en France, en Hollande, en Belgique et en Allemagne. Ces lignées, que l’on préservait avec grand soin, descendaient principalement de sloughis importés d’Algérie, de la Tripolitaine (Tunisie et Libye), et de quelques individus venant du Maroc. Elles sont de nos jours éteintes. À la suite de quelques portées nées en France dans les années 1950 et de la renaissance de l’élevage occidental de cette race au début des années 1970, la population de sloughi s’est étoffée. Quelque 30-40 ans ont passé et il semble qu’il soit temps maintenant d’évaluer l’influence qu’ont eu les mâles et les femelles fondateurs de cette époque sur la population actuelle des sloughis élevés en Occident.

Une base de données très complète sur cette race a été mise en place pour ce projet par Peter van Arkel, qui totalise 4 105 sloughis et remonte jusqu’au début de l’année 1900. 1 562 sloughis nés entre 1993 et 2003 ont été sélectionnés pour cette étude. Les lignées qui se sont éteintes n’ont eu aucune incidence sur l’élevage actuel du sloughi. Seuls des chiens qui ont aujourd’hui encore des descendants ont été choisis et l’on a calculé l’influence qu’ils ont eu sur l’élevage actuel. Le critère appliqué pour qu’un chien soit considéré comme fondateur a été un apport génétique de 50 %.

Caractère[modifier | modifier le code]

Les principales qualités du sloughi, selon les éleveurs, sont l'instinct de chasseur, le courage, la rapidité, l'endurance et l'intelligence.

Selon un dicton arabe : « quand un Sloughi voit une gazelle qui arrache un brin d'herbe, il se retrouve à sa hauteur avant qu'elle ait fini de la mâcher. »[23]

Performances physiques[modifier | modifier le code]

Le sloughi chasse des animaux sauvages très rapides, tels que la petite gazelle dorcas, le loup et le lièvre.

Soins et santé[modifier | modifier le code]

Le sloughi est en grande partie inchangé depuis les temps anciens, et conserve donc une robuste santé génétique. Seules quelques affections génétiques ont été notées dans la race, en particulier l'atrophie progressive de la rétine (PRA). Heureusement, le sloughi est l'une des races chez qui cette affection peut être testée avec un petit échantillon de sang, et les éleveurs travaillent actuellement à éliminer PRA du patrimoine génétique. Comme tous les lévriers, le sloughi est très sensible à l'anesthésie, et peut être sensible aux vaccins, vermifuges et autres médicaments, de sorte que ces traitements de routine devraient être espacés au lieu d'être donnés tous à la fois. Sinon, la race tend à profiter d'une excellente santé dans la vieillesse.

Arts[modifier | modifier le code]

Départ pour la chasse d'Eugène Fromentin (1857)

Le peintre et écrivain Eugène Fromentin a peint des sloughis dans plusieurs de ses œuvres :

Une plaisanterie de Jean-Léon Gérôme (1882)

Jean-Léon Gérôme a peint des sloughis dans ses œuvres intitulées Une plaisanterie. Arnaute fumant au nez d'un chien (collection privée[25]) et Dans le désert (Walters Art Museum).

Sport[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le sloughi du Maroc, ecologie.ma (2012)
  2. Stratégie nationale pour la conservation et l’utilisation de la diversité biologique, Secrétariat d’Etat chargé de l’Environnement, Royaume du Maroc (2004)
  3. Le sloughi, une race canine qui revient de loin, lematin.ma (2009)
  4. Rassemblement de sloughis et de faucons pour le festival des chasses traditionnelles, Medias24 (2013)
  5. Judging The Sloughi, The American Sloughi Association (2016)
  6. Live weight and some morphological characteristics of Turkish Tazi (Sighthound) raised in Province of Konya in Turkey Introduction, Yilmaz et al., J. Livestock Sci. 3, 98-103 (2012)
  7. Morphometric study of red blood cells in sloughi and german shepherd dogs, N. ADILI et al, Bulgarian Journal of Veterinary Medicine, 20, No 2, 125–130 (2017)
  8. Understanding the sloughi, Dr M.-Dominique de Caprona, Sighthound Review (2017)
  9. The Sloughi – Slougui – Arabian Greyhound, Susan Bamford, Journal of the International Society for Preservation of Primitive Aboriginal Dogs (2011)
  10. « Le Sloughi (Lévrier arabe), chien racé et élégant », sur Blog « Jardiner avec Binette & Jardin » sur Le Monde, (consulté le ).
  11. « SLOUGHI », sur fci.be (consulté le ).
  12. Official UKC Breed Standard, Sloughi, January 1, 2009 https://www.ukcdogs.com/docs/breeds/sloughi.pdf
  13. a b et c G. Espérandieu, G. Coppé, E. B et S. Chaker, « Chien », Encyclopédie berbère, no 13,‎ , p. 1919–1924 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2236, lire en ligne, consulté le )
  14. a b c d et e « Histoire des Sloughis », sur sloughi.tripod.com (consulté le )
  15. http://www.fci.be/Nomenclature/Standards/188g10-fr.pdf
  16. FÉDÉRATION CYNOLOGIQUE INTERNATIONALE (AISBL), Procès-verbal de la réunion de la Commission des courses de lévriers, 4 septembre 2009 http://cnulev.free.fr/fci-cdl-2009-1.pdf
  17. F. Seoleilhavoup, Nouveaux abris à peintures dans les Tassilis du Nord (Sahara algérien), AARS - Actes 1994 - No 2 https://aars.fr/introuvables/soleilhavoup_%201995.pdf
  18. Anna Lindh Euro-Mediterranean Foundation for the Dialogue Between Cultures, "The Rock Art of Jebel Ouesslat", Jlioula, Tunsia. May, 2008. http://faculty.wwu.edu/~zaferan/Ithaca%20Curriculum/agriculture/4.3%20Community%20Profile%20-%20Jlioula,%20Tunisia.pdf
  19. François Soleilhavoup et Michel Capdérou, « Deux stations rupestres de l'Atlas saharien : Lahsi et Oued Dermel. Une association originale de l'homme et du bélier », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 94, no 4,‎ , p. 609–618 (DOI 10.3406/bspf.1997.10729, lire en ligne, consulté le )
  20. a et b Susan Bamford, « The Sloughi - Slougui - Arabian Greyhound », Primitive and Aboriginal Dog Society, vol. 28,‎ , p. 4–23 (lire en ligne)
  21. Stephanie Gibeault, « The Sloughi is a Cherished Dog of North Africa – American Kennel Club », sur American Kennel Club, (consulté le )
  22. Amy Fernandez, « The Sloughi – An Ancient Hound Whose DNA Predates Christ », sur Canine Chronicle, (consulté le )
  23. Le grand livre des chiens de race - Éd. De Vecchi de V. Rossi
  24. Les orientalistes vol. 6, Eugène Fromentin de James Thompson et Barbara Wright - ACR Éditions
  25. « Jean-Léon Gérôme (French, 1850-1913) , Une plaisanterie (Arnaute fumant au nez d'un chien/Un lévrier qui n'aime pas le tabac) », sur christies.com (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eugène Daumas, « Le lévrier du Sahara (sloughi) », Revue de l'orient, t. 13,‎ (lire en ligne)
  • (en) Amy Fernandez, « The Sloughi », Canine Chronicle,‎ (lire en ligne)
  • (en) Dominique Crapon de Caprona, « The Linguistic, Logical and Biological Flaws of the “Saluqi” Story », Sighthound Review,‎ (lire en ligne)
  • Xavier Przezdziecki, Le Destin des lévriers, 1984, (ISBN 2-904304-04-5)
  • (en) M.-D Crapon de Caprona, Sloughi, 2004, Kennel Club books
  • (en) M.-D Crapon de Caprona, The Sloughi 1852-1952, 2008, Signature Printing.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]