Dehorter (contre-torpilleur)

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Dehorter
illustration de Dehorter (contre-torpilleur)
Le navire jumeau Bouclier en route

Type contre-torpilleur
Classe classe Bouclier
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Constructeur Chantiers de Penhoët, Saint-Nazaire Drapeau de la France France
Quille posée 28 novembre 1910
Lancement 18 avril 1912
Commission décembre 1912
Statut radié le 15 février 1933
Équipage
Équipage 80 à 83
Caractéristiques techniques
Longueur 72,3 à 78,3 m
Maître-bau 7,6 à 8 m
Tirant d'eau 2,9 à 3,3 m
Déplacement 720 à 756 tonnes
Propulsion
Puissance 13000 ch (9694 kW)
Vitesse 30 noeuds (56 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement
Rayon d'action 1200 à 1600 milles marins (2200 à 3000 km) à 12 à 14 nœuds (22 à 26 km/h)
Pavillon France

Le Dehorter était l’un des douze contre-torpilleurs de classe Bouclier construits pour la marine française dans la première décennie du XXe siècle.

Conception[modifier | modifier le code]

La classe Bouclier a été conçue selon une spécification très générale et les navires différaient considérablement les uns des autres de diverses manières[1]. Ils avaient une longueur totale de 74 à 78,3 mètres, une largeur de 7,6 à 8 mètres et un tirant d'eau de 2,9 à 3,1 mètres. Conçus pour déplacer 800 tonnes métriques, ils avaient un déplacement de 720 à 756 t à charge normale. Leur équipage comptait entre 80 et 83 hommes[1].

Les navires étaient propulsés par une paire de turbines à vapeur Parsons, chacune entraînant un arbre d'hélice utilisant la vapeur fournie par quatre chaudières à tubes d'eau. Les moteurs ont été conçus pour produire 13 000 chevaux (9 700 kW), ce qui était destiné à donner aux navires une vitesse de 30 nœuds (56 km/h), mais le Dehorter n’a atteint que 29,3 nœuds (54,3 km/h) lors de ses essais en mer. Les navires transportaient suffisamment de mazout pour leur donner une autonomie de 1 200 à 1 400 milles marins (2 222 à 2 593 km) à une vitesse de croisière de 12 à 14 nœuds (22 à 26 km/h)[2].

L’armement principal des navires de la classe Bouclier se composait de deux canons de 100 millimètres modèle 1893 dans des affûts simples, un à l’avant et un à l’arrière des superstructures, et de quatre canons de 65 millimètres modèle 1902 répartis au milieu du navire. Ils étaient également équipés de deux affûts jumeaux pour des tubes lance-torpilles de 450 millimètres au milieu du navire[1].

Pendant la Première Guerre mondiale, un canon antiaérien de 45 millimètres ou 75 millimètres, deux mitrailleuses de 8 millimètres et huit ou dix grenades anti-sous-marines de type Guiraud ont été ajoutés aux navires. Le poids supplémentaire a gravement surchargé les navires et a réduit leur vitesse opérationnelle à environ 26 nœuds (48 km/h)[1].

Carrière[modifier | modifier le code]

Commandé le 9 juin 1910 aux Chantiers de Penhoët, le Dehorter est construit au chantier naval de Saint-Nazaire[3]. La pose de la quille a lieu le 28 novembre 1910[4], le lancement le 18 avril 1912[3]. Ses essais ont lieu le 18 septembre 1912. Armé pour essais à Cherbourg en octobre 1912[4], le Dehorter est mis en service en décembre 1912[5]. Le navire a été achevé l’année suivante[3]. Il est nommé en l’honneur du lieutenant de vaisseau Pierre Charles Henri Dehorter. Commandant la compagnie de débarquement du cuirassé Triomphante, celui-ci est tué à Tamsui le 16 octobre 1884[6].

Le Dehorter est désigné torpilleur d’escadre le 14 mars 1913[6]. Il est affecté à la 1ère escadre de torpilleurs de Toulon le 28 août 1913[4]. En août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, le Dehorter est le chef de division du Groupe de sous-marins et torpilleurs de la 1ère Armée navale[7] en Méditerranée[5],[6]. Il passe les deux premiers mois de la guerre (août et septembre) à patrouiller et à escorter des sous-marins en mer Adriatique, vers Malte et Bizerte[5],[6].

Le 15 avril 1916, il est affecté à la 2e flottille de contre-torpilleurs de l’armée navale. Le , il participe au débarquement d’Athènes. Avec le MirabeauSalamine), le contre-torpilleur Mécanicien principal Lestin et la canonnière RailleusePhalère), il est désigné pour soutenir les troupes par leur feu de son artillerie[6]. Le 29 novembre 1917, il entre en abordage avec le Maria Michalinos[4]. Le , il est affecté à la 6ème escadrille de contre-torpilleurs de l’armée navale à Moúdros[6].

Ayant survécu à la guerre, le Dehorter sert pour des expérimentations à Brest. Le 2 avril 1926, les chaudières 3 et 4 sont débarquées et le Dehorter est équipé d'un appareil anti-roulis Schneider-Fieux (l'appareil sera présenté au salon nautique le 8 décembre 1928)[4]. Mis en réserve en 1930, le Dehorter est condamné trois ans plus tard[4], en 1933. Il est désarmé et radié le 15 février 1933[5],[6] et mis en vente à Brest en octobre 1933. Vendu à Marret et Glotz, de Paris[4], il est pris en remorque vers Nantes par le remorqueur civil Docteur Roux. Mais à l’embouchure de la Loire, il subit un nouvel abordage avec le paquebot Jamaïque et coule[5],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Smigielski, p. 203
  2. Couhat, pp. 101, 104
  3. a b et c Couhat, p. 104
  4. a b c d e f et g « contre-torpilleur dit DEHORTER », sur POP : la plateforme ouverte du patrimoine (consulté le ).
  5. a b c d et e Capitaine Patrick, « DEHORTER (1912/1933) », sur Marines de Guerre et Poste Navale (consulté le ).
  6. a b c d e f g et h Ar Brav, « DEHORTER - Contre-torpilleur », sur Forum PAGES 14-18, (consulté le ).
  7. Prévoteaux, tome I, p. 30

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Jean Labayle Couhat, French Warships of World War I, London, Ian Allan, (ISBN 0-7110-0445-5).
  • (en) Zvonimir Freivogel, The Great War in the Adriatic Sea 1914-1918, Zagreb, Despot Infinitus, (ISBN 978-953-8218-40-8).
  • (en) John Jordan et Philippe Caresse, French Armoured Cruisers 1887-1932, Barnsley, UK, Seaforth Publishing, (ISBN 978-1-5267-4118-9).
  • Gérard Prévoteaux, La marine française dans la Grande guerre : les combattants oubliés : Tome I 1914–1915, vol. 23, Le Vigen, France, Éditions Lela presse, (ISBN 978-2-37468-000-2).
  • Gérard Prévoteaux, La marine française dans la Grande guerre: les combattants oubliés: Tome II 1916–1918, vol. 27, Le Vigen, France, Éditions Lela presse, (ISBN 978-2-37468-001-9).
  • (en) Stephen S. Roberts, French Warships in the Age of Steam 1859-1914: Design, Construction, Careers and Fates, Barnsley, UK, Seaforth Publishing, (ISBN 978-1-5267-4533-0).
  • (en) Randal Gray, Conway's All the World's Fighting Ships 1906-1921, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, (ISBN 0-87021-907-3), p. 190-220.

Liens externes[modifier | modifier le code]